BOISSONS ALCOOLIQUES ET CHRISTIANISME
DE LA VALEUR DE L’ABSTINENCE COMME AUXILIAIRE DU CHRISTIANISME AGRESSIF
Par Madame Booth
Avant d’entrer directement dans mon sujet, je désire faire quelques remarques préliminaires.
Premièrement, il serait peut-être bon d’expliquer ce que nous entendons par «christianisme agressif».
C’est l’intervention des chrétiens dans les pensées et les actions des gens du monde, intervention que la Bible nous montre comme nécessaire pour assurer leur salut présent et éternel.
Nous, chrétiens, nous voyons de tous côtés autour de nous des hommes et des femmes sous l’influence d’idées fausses, adonnés à des plaisirs égoïstes, à des pratiques coupables, qui asservissent leurs facultés et les empêchent de posséder le vrai bonheur, soit dans cette vie, soit dans l’autre:
Par christianisme agressif, nous entendons des mesures prises pour délivrer nos semblables de ces mauvaises habitudes et de l’esclavage de Satan pour les amener à la liberté, à la puissance et au bonheur de la famille de Dieu.
Bref, c’est une sainte guerre poursuivie sous la direction et par la puissance du Saint-Esprit, afin d’amener les pécheurs des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu.
Secondement, je désire faire re marquer que la nature même du christianisme rend cet effort agressif obligatoire pour tous les chrétiens. Non seulement il y a beaucoup de passages qui imposent ce devoir, mais c’est là un principe fondamental sous-entendu dans toute l’économie de la grâce, que:
TOUS CEUX QUI SONT VÉRITABLEMENT CONVERTIS
DOIVENT S’EMPLOYER ACTIVEMENT AU BIEN DES AUTRES.
Sauver celui qui est perdu, telle semble être, par une inspiration divine, l'impulsion de l'âme de tout véritable enfant de Dieu.
Il y a là comme un instinct sacré, par lequel le disciple se rapproche de son maître et le serviteur de son Seigneur.
Il y a aujourd’hui, je le sais, nombre de chrétiens professants qui n’ont pas ce trait de divine ressemblance, et qui font tant de cas de «la croyance» que l’amour leur semble presque superflu. Et pourtant un apôtre inspiré déclare l’amour supérieur même à la foi; quand même nous aurions une foi à transporter les montagnes, si nous n’avons l’amour, cela ne sert de rien.
Il est du reste évident qu’une foi inactive ne profite à personne, pas plus à celui qui la possède qu’à ceux qui l’entourent; c’est un airain qui résonne, une cymbale qui retentit.
LA FOI QUI PROCÈDE DU SAINT-ESPRIT «AGIT PAR L’AMOUR», et toujours elle engage celui qui la possède à suivre Celui qui faisait le bien partout où il allait et qui commanda tant de fois à ses disciples de sacrifier entièrement leur amour-propre, leur intérêt et leur propre plaisir, si les intérêts de Son règne et le salut de leurs semblables demandaient un pareil sacrifice. En troisième lieu, je dois faire encore cette observation:
L’USAGE DES BOISSONS ENIVRANTES EST, DANS UNE GRANDE MESURE.
LA CAUSE DIRECTE DES INIQUITÉS,
DES CRIMES, DES VICES ET DE LA MISÈRE QUI NOUS ENTOURENT.
Cette vérité, hélas! n'est que trop connue de beaucoup d’entre nous: elle n’a besoin ni de preuve, ni d’illustration; et même, avec quelques nuances, elle est aujourd’hui admise dans presque toutes les classes de la société, jusque parmi les plus grands ennemis de nos principes.
Le temps est passé où les gens honnêtes et pieux avaient d’autres idées sur le véritable effet des spiritueux. La lugubre somme de crimes et de misères que leur consommation a procurée à notre peuple enfin a ouvert les yeux des gens réfléchis et vraiment patriotes sur ce fait évident que, non pas seulement l’abus, mais même l’usage des boissons fortes est une chose mauvaise, une parfaite duperie; c’est le produit de l’art et de la malice de Satan, et tous ceux qui ont le moindre souci de leur bien-être et de celui de leurs semblables doivent, à tout prix, les éviter et les rejeter.
Nous pouvons même ajouter, avec une évidence écrasante, que la boisson est l'alliée naturelle de toute iniquité. Des statistiques incontestables affirment que l’alcool est un stimulant nécessaire pour tramer et perpétrer presque tous les méfaits.
– Le banquier de tripot l’appelle à son aide dans toutes les ruses et les fourberies dont il se sert pour consommer la ruine financière de sa victime.
– Le séducteur a recours à son pouvoir enchanteur pour parvenir à satisfaire sa cruelle sensualité.
– Le voleur lui demande d'affermir son courage et d’endurcir sa conscience par ses enivrâmes vapeurs.
– La prostituée noie dans la coupe empoisonnée tout sentiment de honte, et y puise la force de fouler aux pieds les instincts les plus sacrés et les plus tendres de la femme.
– Le meurtrier est sans force pour frapper le coup fatal, tant que l'infernal stimulant n’a pas engourdi dans son cœur tout sentiment d’humanité.
Bref, les criminels de tout degré et de toute sorte rendent à l’envi ce témoignage: «C’EST PAR LA BOISSON QUE NOUS SOMMES CE QUE NOUS SOMMES;» et tous, missionnaires, visiteuses, chapelains, geôliers, magistrats et juges, répondent: «amen» à ce témoignage.
Sans hésiter, nous affirmons donc que les boissons fortes (et la drogue..., légalisée ou non dans notre 21e siècle – Ajout de la bibliothèque «Regard») sont le principal moyen dont Satan se sert pour retenir sous son joug les masses de ce pays.
Enfin, si ce que nous venons de dire est exact, si les chrétiens ont pour devoir d’attaquer le royaume de Satan, et si la boisson constitue l’une des plus puissantes forces de ce royaume, il s’ensuit donc inévitablement que,
POUR ÊTRE VICTORIEUX DANS UN EFFORT RELIGIEUX AGRESSIF,
LES CHRÉTIENS DOIVENT COMBATTRE LA BOISSON.
(et la drogue..., légalisée ou non dans notre 21e siècle)
Vouloir porter la guerre sur le territoire ennemi sans tenir compte de cette force gigantesque est une imprudence impardonnable, qui entraînera toujours l’insuccès et la défaite.
Assurément, une des raisons de la défaite de l’Église dans presque toutes ses tentatives d’agression a été son ignorance de la force de ce puissant ennemi.
Des rois païens mêmes, chefs de tribus sauvages, ne nous ont-ils pas envoyé ces mots:
«Inutile de nous faire parvenir la Bible,
si en même temps vous nous envoyez des alcools?»
Hélas! que les chrétiens ont été lents à reconnaître la puissance de cette mitrailleuse de l’enfer! Mais, grâce à Dieu, plusieurs d’entre eux ont commencé à l’apprécier, et maintenant ils crient: «Que faire? Comment combattre la boisson? (et la drogue..., légalisée ou non dans notre 21e siècle»
Nous répondons: «Au nom de Christ et de l'humanité, agissez avec la boisson comme avec toute autre abomination inventée par Satan pour le déshonneur de Christ et la ruine des âmes; lavez-vous-en les mains une fois pour toutes, et rendez au monde ce franc et unanime témoignage, que vous considérez la boisson comme l’ennemie de toute justice et comme l’une des filles légitimes de Satan!
Je soutiens qu’il n’y a pour les chrétiens aucun autre moyen d’attaquer la boisson. Tous les autres qui ont été tentés ont échoué.
Le temps est venu pour les chrétiens de dénoncer l’usage des liqueurs fortes comme irréligieux, et immoral; et le Dieu tout puissant donnera un renom éternel à ceux de ses serviteurs qui seront assez droits, assez courageux, assez oublieux d’eux-mêmes pour relever par là le gant à la terre et à l’enfer. «Leur mémoire durera à perpétuité,» et seront considérés comme les plus grands bienfaiteurs de leur race.
À notre avis, la tentative d’allier un usage modéré de la boisson avec une profession de christianisme a échoué d’une manière éclatante et misérable.
Avec raison, on se retourne maintenant vers ses auteurs et on leur pose ces questions:
«Comment ce qui produit tant de crimes et de misères peut-il être une bonne chose? ET SI C’EST UNE CHOSE MAUVAISE, COMMENT PEUT-ON EN USER MODÉRÉMENT?»
Cette question s’impose avec une force irrésistible à ceux qui travaillent au bien spirituel du genre humain. Elle se rencontre à chaque pas. On ne peut l’ignorer plus longtemps; il faut se mesurer avec cet adversaire et le saisir à bras le corps.
En Amérique, l’importance de cette question dans ses rapports avec le christianisme a été si pleinement reconnue, que la plupart des ministres de Christ sont complètement abstinents; et, j’ose le dire, l'instinct religieux des chrétiens dans les deux pays proclame que cette abstinence est logique et digne d'éloges.
Si elle est logique et louable en Amérique, pourquoi ne le serait-elle pas aussi dans tout autre pays?
Dieu nous fasse la grâce qu’il en soit bientôt ainsi dans notre patrie.
En avant 1910 05 07
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