Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UNE COLONIE D’ATHÉES

(Suite et fin)


Le lendemain, la curiosité attira une centaine de parents et d’enfants. Nous, les huit incrédules de profession, nous étions complètement déroutés. Pour ma part, n’ayant jamais assisté à une École du dimanche, j’ignorais ce qu’on pourrait me demander de faire.

Il faut commencer par la prière, dit quelqu’un. Qui sait prier ici?

Je sais réciter «Notre Père», répondit Sam. Je l’ai appris sur les genoux de ma mère, ajouta-t-il non sans un peu d’émotion.

Mes compagnons, pour aujourd’hui je présiderai, mais pour dimanche prochain, il faudra que quelqu’un de vous se prépare à diriger notre culte.

Là-dessus, il monta à la tribune et joignit les mains. Cette attitude était nouvelle pour lui. Il allait invoquer ce Dieu dont il disait que nous ne pouvions rien savoir sur lui, et à qui nous n’avions par conséquent rien à demander. Il avait la figure pâle et sa voix tremblait. Personne n’aurait osé rire, et, quant à moi, j’étais frappé de l'expression de noblesse que le sentiment de la présence du Très-Haut communiquait à ce pâle visage.

Après avoir prié, il ouvrit la Bible. Il semblait qu’il allait s’évanouir. Involontairement, je me plaçai devant lui. Il me mit le volume dans les mains, en disant:

«Je ne me sens pas bien, je retourne à la maison; si ça va mieux, je reviendrai. Pour le moment, lis, toi! J’ouvris la Bible au hasard, et lus le troisième chapitre de Saint-Jean.

Ces paroles, toutes nouvelles pour moi, firent une vive impression sur mon âme, et le souvenir de mon ami tout sens dessus dessous me revenant, je fondis en larmes. D’autres continuèrent la lecture, et l’un des huit termina le chapitre.

À cet étrange spectacle, l’émotion gagna toute l’assemblée.

Cela ramenait à l’esprit de quelques-uns les coutumes religieuses de la vieille patrie, et ils se revoyaient à l’église dans leur enfance, alors que leur bonne mère implorait sur eux la bénédiction de Dieu.

Enfin, l’un d’eux, qui avait essuyé les tempêtes de la vie, confessa ses péchés en pleurant, et déclara qu’il voulait rentrer dans le bon chemin.

Deux autres suivirent son exemple, et la réunion se termina par d’ardentes prières. Je me hâtai d’aller retrouver mon ami; il ne me reconnut plus. Une fièvre cérébrale l’avait saisi. Dans son délire, il levait les mains au ciel et implorait le secours de Dieu. Nuit et jour nous veillions à son chevet.

Un dimanche matin, il revint à lui et me dit:

«Pardonne-moi, Herbert, je t'ai induit en erreur. Prie le Seigneur Jésus, prie pour moi, qui ai si longtemps résisté à ses appels. Je vais mourir, Herbert. Veuille dire à nos compagnons qu’avant de quitter ce monde, j’ai rendu témoignage au Christ, et que je me suis confié en Lui pour être sauvé».

Ce furent ses dernières paroles. Mais sa mort fut une semence de vie. Sur sa tombe ouverte, nous sept, nous abjurâmes notre incrédulité. Aujourd'hui, notre ville compte une population de 40 000 âmes, et les tours blanches de sept lieux de culte s’élancent vers le ciel, en témoignage de notre foi dans la vie éternelle.

En avant 1910 04 30



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