LES MANIFESTATIONS DE DIEU D’UN DE NOS OFFICIERS-LOCAUX
Parmi les faits qui ont stimulé mon zèle pour servir le Seigneur, deux sont particulièrement frappants.
Voici le premier:
Un soir, une femme en pleurs entra dans mon bureau en disant: «Je vous en prie, Directeur, aidez-moi: mon mari veut me quitter; il fait sa malle et veut m’abandonner avec ses enfants» Je lui pose quelques questions et lui dis ensuite: «Venez ici avec votre mari, dites-lui que je l’appelle.»
Ils vinrent aussitôt, et après une conversation sérieuse avec eux, ces gens s’embrassèrent en ma présence et firent la paix. Ils en furent si réjouis que, huit jours après, ils vinrent me trouver à ma maison pour m’offrir, malgré moi, une statuette qui était le symbole de leur réconciliation, en me disant qu’ils étaient plus heureux qu’auparavant.
Je profitai de l’occasion pour leur parler de l’amour de Dieu, leur lire une portion de la Parole de Dieu, et prier avec eux. Je fis présent au mari d’un Nouveau-Testament, qui devint un vrai trésor pour mon protégé, et dont il ne pouvait se séparer. Selon les témoignages divers recueillis sur cet homme, il devint un chrétien sincère.
Voici maintenant le second fait:
Je fus mis un jour en contact avec un ivrogne brutal. Je lui racontai des histoires de la Bible. Au bout de huit jours, cet homme me dit:
«Je suis si content depuis que vous m’avez parlé de Dieu, que je ne bois plus de genièvre; je suis devenu patient et tout me semble plus beau Avant, quand ma petite pleurait pendant la nuit, il me montait une colère qui me mettait hors de moi-même; je menaçais de tuer mon enfant contre la muraille. Maintenant, quand elle pleure, c’est moi qui me lève, la prends dans mes bras, et la promène autour de la chambre. Au lieu de me fâcher après elle, je la caresse et je l’embrasse»
Cet homme signa la tempérance, suivit l’école du dimanche, et devint un chrétien sincère.
En ce temps-là, j’étais un membre de l’Église protestante: j’avais rencontré Dieu par la foi et saisi sa grâce; mais je ne marchais pas sans broncher. Je ne connaissais pas encore la signification de ce passage: «Si quelqu’un veut être mon disciple, il faut qu’il renonce à soi même».
Je criais à Dieu pour qu’il m’aidât à Le servir.
Dans sa bonté, Il m’éclaira sur mon état spirituel, et en même temps me fortifia pour résister aux promesses et embûches du diable. Car les gérants de l’usine où je travaillais voulurent m’empêcher de parler de Dieu aux ouvriers, et me promirent une meilleure position si je voulais me conformer à leurs désirs. Je résistai toujours avec force et préférai travailler de nouveau, être pauvre s’il le fallait, que de perdre mon âme en désobéissant à Dieu.
Je décidai alors de me rapprocher des lieux où je pourrais travailler sans crainte à mon salut et à celui des miens. Je me lançai vaillamment dans l’œuvre missionnaire. Après avoir assisté le matin au culte au temple, l’après-midi je présidais très souvent des réunions dans les villages voisins. En même temps, il y avait des réunions pour enfants et grandes personnes chez moi.
Pendant que je travaillais ainsi au salut des miens et des étrangers, le Seigneur augmentait ma foi et m’éclairait toujours davantage.
Ma vie fut aussi préservée miraculeusement plusieurs fois, lorsque la mort semblait inévitable. Le Seigneur ne me laissait jamais longtemps sans me montrer qu’il avait soin de moi et des miens.
Il m’avait donné la conviction profonde:
– que LE PRIX D’UNE ÂME EST DE BEAUCOUP SUPÉRIEUR À TOUT BIEN TERRESTRE;
– que le plus grand capital qu’on peut laisser à un enfant, c’est son salut,
– et que je ne pouvais prétendre aimer mon prochain comme moi-même, si je ne m’occupais du salut de son âme.
* * *
Malgré tout cela, je ne pouvais pas encore dire que j’étais vainqueur de tout péché, et pourtant je sentais que ma responsabilité était grande sur ce point vis-à-vis des inconvertis.
Yxyx Je ne connais pas d’angoisse morale plus grande que celle d’une âme éclairée qui voudrait obéir à Dieu, qui l’aime et qui, malgré ses efforts et ses luttes, succombe encore au péché et sent peser en elle la condamnation.
J’ai connu des moments douloureux, où les larmes inondaient mon visage, où il me semblait que par mes péchés j’allais de nouveau crucifier Celui pour qui j’étais prêt à me faire brûler vif, car je connaissais sa bonté.
Je rends maintenant grâce à Dieu de ce qu’il m’a montré dans sa Parole et par les faits que ce qu’il ordonne à ses enfants, Il leur donne la force de le faire. S’il nous dit:
«Celui qui vit dans le péché est du diable; car le diable pèche dès le commencement. Or, le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable. Quiconque est né de Dieu ne pèche point, parce que la semence de Dieu demeure en lui; et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu.» (1 Jean, chap. III, v. 8-9.)
Or, pendant que je soupirais après l’affranchissement du péché, la promesse que le Seigneur m’avait faite, Il arrangeait les choses pour la réalisation de ses desseins à mon égard, je veux parler de ma rencontre avec l’Armée du Salut.
Une quinzaine de jours après avoir reçu ladite promesse, voici que l’Armée du Salut, qui m’était inconnue, fit soudain son apparition chez nous. Quoique je croyais alors que la forme du culte en usage dans l’Église dont j’étais membre était la plus conforme aux enseignements du Christ et des Apôtres, je me rendis, après rapport de mes enfants, à la réunion des Salutistes, un dimanche soir.
J’écoutai et observai tout: prière, chants, témoignages et allocutions. J'acquis de suite la conviction profonde que ces gens étaient remplis de l’Esprit apostolique, et qu’ils obéissaient à l’ordre donné:
«Allez donc dans les carrefours et le long chemin, et invitez tous ceux que vous trouverez.» (Math. XXII, 9.)
Je les vis cherchant les pécheurs jusque dans les cafés, et partout où il y avait du bien à faire. Je les reconnus aussi par cette marque donnée par le Sauveur:
«Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.» (Math. X, 16) en les voyant poursuivis par des gens remplis de haine qui, non contents de les empêcher de parler dans les réunions, leur jetaient des pierres, les frappaient et brisaient leur mobilier. Je vis enfin le sceau qui devait marquer tout disciple du Maître:
«Vous serez haïs de tous à cause de mon nom.»
Tr. Vanderkam.
(À suivre)
En avant 1910 04 23
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