Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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JOURNAL D’UN COLPORTEUR

IMPRESSIONS PERSONNELLES EN COURS DE ROUTE


Après un silence momentané, je me remets à l’œuvre pour faire part à mon vieil ami l’En Avant de mes impressions personnelles.

Lamastre.

En tournée, j’étais venu trop près de Lamastre pour ne pas aller dire bonjour aux Camarades de ce poste: ce fut le samedi soir dans la nuit, que j’arrivai chez les Enseignes Fromentin, où j’étais sûr de recevoir l’hospitalité, car l’Enseigne est un de mes meilleurs amis.

Sa digne compagne, une Belge, l’aide admirablement dans son œuvre pour la plus grande gloire de Dieu; leurs deux enfants sont aussi charmants que leurs parents, ne dit-on pas tel père, tel fils?

Je reste à Lamastre pour la réunion du dimanche matin et j’ai beaucoup de plaisir à serrer la main à ces fidèles salutistes, car à Lamastre les camarades sont bien salutistes. Ils ont raison, car dans notre Armée nous avons des occasions inappréciables de travailler pour le Royaume de Dieu.


Sur la grande route.

Prenant la direction de la Haute-Drôme (j'appelle ce coin Haute-Drôme car on monte pour y aller), avant Saillens et après, pendant 16 kilomètres j’ai la pluie de sorte que je suis obligé d’arranger mon parapluie, pour me préserver, je le fixe par la queue à un de mes deux sacs et le maintien en équilibre avec ma tête, et ainsi je pédale contre le vent et la pluie, car Monsieur le Vent et Madame la Pluie me font quelquefois la guerre, mais Monsieur le Vent m’en veut davantage.

Après ces 16 kilomètres! Boum, c’est ma roue de devant qui éclate; que faire, car la balafre est sérieuse; j’enlève donc mon sac de devant pour le prendre sur le dos et conduis ainsi ma bécane à la main.

Arrivé à Bonnet je vais loger chez les braves camarades Brun, dont la maman est Sergente. J’ai conservé d’eux un excellent souvenir en raison de l’aide qu’ils m’avaient apportée durant mon séjour au Poste de Die. Je fus reçu par ces amis et camarades on ne peut mieux: le soir nous avons une excellente réunion, en suite c’est un bon lit qui m’attend, mais vu la rincée du jour je ne dormis pas. Néanmoins j’étais heureux, car tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, tout, oui, tout; quand on ne dort pas on peut faire des plans pour l’avenir.

Je me disais même que ce fut sans doute pendant les veilles de la nuit que David a dû composer plusieurs de ses magnifiques Psaumes. Pendant la rincée du jour j’avais pensé au berger qui chantait quand il pleuvait, et quand on lui demandait le pourquoi de sa bizarrerie, il répondait que après la pluie viendrait le beau temps, et que par avance il saluait le radieux soleil futur par ses chants joyeux.

Je me disais aussi que s'il existe des personnes qui ont le droit d’être joyeuses, c’est bien nous, salutistes, car la religion de la joie est la religion de la jeunesse, et la jeunesse est l’avenir de notre beau pays de France.

Je fis la vente et la prière dans une famille de sympathiques catholiques.


Die.

Dans les environs de Die je trouvai une pauvre femme catholique qui après avoir prié me me dit, quand je prenais congé d’elle: «Ah, Monsieur, j’ai tant besoin de regarder au Dieu que vous avez prié!» Elle m’acheta un livre qui peut faire beaucoup de bien à son pauvre cœur meurtri, car cette pauvre amie traverse un sombre tunnel. Le récit de son histoire m’étreignait le cœur et j’avais la gorge serrée par les larmes. Que de douleurs dans ce pauvre monde; puissions-nous être pour tous les affligés des anges consolateurs!

S. Blanc.

En avant 1910 04 23



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