DÉCLARATIONS À MÉDITER
Voici l’une des plus terribles formes de l’hérédité et combien répandue, hélas! Rien n’est comparable dans ses effets nuisibles sur la descendance à l’alcoolisme des parents. La chose est de notoriété publique.
L’alcoolisme lui-même est souvent héréditaire et lorsqu’on interroge avec soin les malades alcooliques, on apprend bien souvent que leurs parents étaient déjà buveurs.
Le fait est du reste connu pour d’autres passions telles que le libertinage ou le goût du jeu.
Dans certains cas, il semble, dans les premières années, que l’enfant d’alcoolique est particulièrement bien doué; après avoir donné l’illusion d’un esprit vif, d’une intelligence ouverte, après avoir tenu le premier rang de sa classe, le pauvre enfant trompe peu à peu et de plus en plus les espérances qu’on fondait sur lui.
Son caractère se modifie insensiblement, il devient léger, distrait, emporté, voire même hargneux.
On voit des descendants d’alcooliques manquer de sens moral, et aboutir même au crime à un âge si tendre, que la justice hésite à leur appliquer les pénalités prescrites par la loi. Le nombre croissant des criminels adolescents ou même enfants, qu’on constate à la lecture des journaux, paraît bien résulter, d’après les statistiques, du nombre croissant des alcooliques, non pas seulement parce que l’alcool pousse l’alcoolique au crime, mais aussi, et surtout, parce que l’alcoolique engendre des dégénérés.
Pour supprimer les effets, il faut supprimer la cause.
Le buveur est un malade qu'il faut guérir en le sauvant de lui-même. Le problème de l’hérédité est en effet social et moral au premier chef.
L’individu doit vivre en se rappelant que toutes ses actions ont leur contrecoup sur ses semblables et sur sa propre descendance.
Celui qui, par des excès, ruine son corps, porte atteinte à ses propres enfants. Nul n’a le droit de dire:
«Mes parents ne se sont pas gênés pour moi, je n’ai pas à me gêner pour mes enfants, et je veux vivre à ma guise.»
Cet égoïsme est criminel et monstrueux de toutes manières et la science le condamne ainsi que le fait la conscience. Voilà, n’est-il pas vrai, de quoi faire réfléchir ceux qui veulent s’en donner la peine.
Dr Taillens.
En avant 1910 04 16
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