EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

LE VIN ET LES ENFANTS

Jadis, c’était une des premières règles d’éducation de ne jamais donner de vin aux enfants, qui rien étaient pas moins vigoureux et sains; aujourd’hui on en est venu, dans beaucoup d’endroits, à croire que l’eau pure pourrait leur nuire, et à leur donner du vin de très bonne heure, pour en faire des hommes robustes.

Loin de partager cette opinion, je pose en principe que l’habitude de l’eau pendant l’enfance et la jeunesse fortifie l’esprit et le corps pour le reste de la vie, tandis que celle du vin débilite l'un et l'autre..

Qu’est-ce qu’un bon estomac? Assurément c’est celui, qui peut out supporter et tout digérer. Mais il faut pour cela qu’il conserve son irritabilité et sa vigueur naturelle. Or, si on l’habitue de bonne heure à des stimulants comme le vin, il perd son irritabilité naturelle et contracte à tout jamais le besoin d’excitants pour accomplir ses fonctions, c’est-à-dire pour digérer.

De là ces hommes qu’on rencontre si souvent, qui ne supportent ni l’eau, ni la soupe, ni les légumes aqueux, parce qu’ils éprouvent sur le champ des vents, des pesanteurs d'estomac et autres accidents semblables, tandis que l’estomac habitué à l’eau digère et supporte tout: L’expérience journalière en fait foi.

Les estomacs des buveurs d’eau, demeurent excellents jusque dans un âge avancé, au lieu que ceux des buveurs de vin sont d’une extrême faiblesse. Mais l’habitude prématurée du vin n’affaiblit pas seulement l’estomac, elle débilite encore le corps entier. C’était une loi chez tous les peuples anciens, quant ils voulaient avoir des hommes distingués au physique et au moral des héros ou des prophètes, d’interdire le vin aux enfants et aux jeunes gens.

Et certes rien n'est plus propre à ruiner les forces physiques et morales que la surexcitation à laquelle le vin donne constamment lieu pendant l’enfance. De plus l’excitation que le vin détermine chez les enfants accélère outre mesure le travail intérieur et le développement, ce qui ne peut manquer d’exercer la plus funeste influence sur la durée et l’énergie de la vie.

Ajoutons encore que le vin et le régime animal échauffent le sang, communiquent plus de violence au caractère, stimulent les passions et détruisent par conséquent tout ce qui fait le charme de l’enfance. Par là on accroît aussi la prédisposition aux maladies inflammatoires, au croup, aux fièvres cérébrales, etc.

En avant 1910 04 09