UN PEU DE LOGIQUE S. V. P.
Par le Commissaire
Tout semble si étrange, si merveilleux dans la vie de Jésus et, cependant, tout est si naturel quand on se rappelle son origine et sa mission. À douze ans nous le voyons étonner les docteurs de la loi, les savants juifs, par sa science et son entendement des choses de Dieu.
À douze ans — c’est un âge bien tendre encore — le but de sa vie se précise à ses yeux, il s’oublie lui-même et s’absorbe tout entier dans «les affaires» de son père.
– Celui qui plus tard étonnait le monde par ses miracles et ses prodiges,
– Celui qui enseignait les foules avec autorité,
– Celui qui donnait au monde le spectacle unique d’une vie absolument pure et sans péché,
Christ le Rédempteur du monde ne demandait rien de ses disciples qu’il ne fût pas prêt à faire ou donner Lui-même le tout premier.
Et c’est Lui, notre divin modèle, qui a énoncé ce principe absolu d’une vie bénie, utile et heureuse: «Recherchez avant tout le Royaume des cieux et la Justice; et toutes autres choses vous seront données par dessus.»
Et c’est Lui, notre Dieu, qui pour nous encourager à le suivre sur ce chemin royal de la foi et de l’abandon, nous donnait cette autre promesse: «Considérez les lis des champs: ils ne filent ni ne moissonnent, et cependant, je vous le dis, Salomon même dans toute sa gloire ne fut pas vêtu comme l’un d’eux.»
Et cependant, triste constatation, COMBIEN PEU DE SES DISCIPLES, AUJOURD’HUI, OSANT PRENDRE SES PROMESSES AU MOT, se débarrassent des mille et un soucis de la vie, et placent en première ligne «les affaires de mon Père».
Ne serait-ce pas dans ce manque de foi et d’obéissance, que réside la cause de tant d’anxiétés, la raison de tant d’inconséquences, ce quelque chose enfin qui neutralise les efforts du Christianisme moderne, l’affaiblit et le condamne presque à l’impuissance?
Pourquoi chercher ailleurs le pourquoi du problème?
N’est-il pas tout entier dans cet état morbide?
Les promesses de Dieu sont vraies et véritables; à l’encontre de celles des hommes elles ne trompent jamais l’âme qui met en elles toute sa confiance, tout son espoir. Mais:
NUL N’Y A DROIT QUI N’EST PAS PRÊT À PLACER
DIEU ET LES AFFAIRES DE SON ROYAUME EN PREMIÈRE LIGNE
La logique des choses de l’âme est aussi inexorable qu’elle est sublime! — et n’est-ce pas là ce qui en fait le charme et l’unique beauté?
Peut-être se trouvera-t-il au nombre de mes lecteurs quelque âme en détresse, quelque frère ou sœur pour qui la religion est un fardeau plutôt qu’une aide, une âme qui n’a jamais réalisé pleinement la joie, la paix et le bonheur de la vocation céleste.
À cette âme, à ce frère, à cette sœur, une question, je vous prie:
– Avez-vous jamais placé les affaires de Dieu en première ligne?
– Quelle place occupent-elles dans votre vie privée?
– N’y aurait-il pas quelque créature humaine sur le trône de votre cœur, un mari, une femme, une mère, un enfant ou quelque autre personne peut-être?
Réfléchissez, car s’il en est ainsi vous ne pouvez pas vous attendre à l’accomplissement des promesses divines:
Dieu ne se donne tout entier
qu’aux âmes qui se livrent à Lui tout entières.
Quelle place les affaires de Dieu occupent-elles dans vos affaires?
Les bases de votre commerce, de votre industrie sont-elles en harmonie avec ses commandements?
Agissez-vous en toutes choses selon le «Tu aimeras ton prochain comme toi-même?»
Serviteurs, quels services rendez-vous à vos maîtres?
Maîtres, comment traitez-vous vos serviteurs?
Réfléchissez, je vous prie, et si vous découvrez que vos affaires ne sont pas ce qu’elles doivent être, dites-vous bien que Dieu ne peut pas les bénir et que, quelle que soit votre profession de foi, vous êtes en danger de perdre votre âme.
Quelqu’un est-il peut-être tenté, dans la multiplicité et la fièvre des affaires, de placer Dieu à l’arrière-plan: souvenez-vous que c’est une erreur fatale:
Toute activité qui exclut Dieu de la place qu’il doit légitimement
occuper dans nos vies est une activité malsaine, nuisible.
Revenons donc en toute simplicité à cet abandon à la Providence divine, si riche en fruits spirituels; plaçons Dieu en première ligne, traitons-le généreusement et nous ne tarderons pas à nous réjouir de l’avoir fait.
Sachons nous oublier, sacrifier bien des plaisirs légitimes en soi afin de consacrer à la méditation, à la prière, à l’examen de nous-même des heures qui seront comme tout autant d’anneaux d’or qui nous lient aux promesses divines et nous les ferons réaliser pleinement.
Perdons notre vie propre, sachant que nous retrouverons au centuple tout ce que nous avons abandonné sur l’autel du Christ.
En avant 1904 07 23
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