Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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VOILÀ L’IDÉAL!


Lideal

Vous serez d’accord avec moi, vous tous qui jetterez, ne fût-ce qu’un regard, sur la gravure ci-contre pour convenir qu’elle éveille immédiatement en nos esprits la pensée d’un exquis intérieur, vie de famille idéale où règnent l’amour, la paix, la joie pure où — pour tout dire en un mot — ON SE SENT HEUREUX DE VIVRE!

La belle et pure physionomie de la jeune femme, aussi bien que l’attitude du père interrompant un moment son travail de jardinage pour donner à sa fillette le coutumier baiser du soir, toute cette scène charmante est empreinte d’un je ne sais quoi de calme et de reposant qui vous bénit. Quelqu’un à qui je montrais l’autre jour cette gravure s’est écrié: «Voilà l’idéal! Une maisonnette entourée d'un jardinet pour chaque famille d’ouvriers!»

Ah! certes! nous souhaitons du fond du cœur qu’un toujours plus grand nombre de travailleurs puissent ainsi réaliser la vie «chez eux» avec tout ce qu’elle implique de conséquences heureuses pour tous — conséquences sociales aussi bien qu’individuelles! Quel trésor de santé physique et morale serait ainsi accumulé pour le plus grand bien de la famille et de la société.

Malheureusement, il y a là tout un problème et des raisons diverses d’ordre économique, qui rendent la chose malaisée pour tous, en tous cas dans les grands centres.

Mais, j’aime pourtant cette exclamation: «Voilà l’idéal!»

Ce fut le cri de mon cœur dans un autre sens, la première fois que je vis cette scène touchante. Oui! Voilà! l’idéal! m’étais-je écriée, moi aussi, en contemplant cet exquis tableau d’un intérieur modeste, mais où règne l’amour. Tout le monde ne peut pas avoir peut-être une maisonnette entourée d’un jardinet, mais:


Tout le monde peut avoir un intérieur paisible

où l’on respire l’amour.


Oh! j’entends bien l’objection! Ce sont là, me dira-t-on, rêves d’artistes, de cœurs épris de sublime, mais qui ne connaissent rien aux réalités de la vie. Vous vivez dans un monde imaginaire. Regardez donc autour de vous!

Oui, la réalité est souvent différente, j’en conviens; je dirai plus, elle est, parfois, tragique et douloureuse, la réalité!

Je sais tout cela, et tandis que mes yeux se reposaient avec bonheur sur ce délicieux tableau, ma pensée mettait immédiatement en parallèle d’autres scènes non moins réelles.

Je revoyais ces tristes demeures des bas-fonds de nos grandes villes. Des enfants en haillons ou demi-nus, pleurant devant un buffet vide, grelottant de froid à côté du foyer sans feu; la mère, épuisée par l’excès de travail et les privations, succombant devant le fardeau trop lourd, puisqu’il aurait dû être porté par deux!

Oui, tout cela défilait devant mes yeux. Mais, ce qui me brisait le cœur, c’était la cause de tout ce douloureux état de choses:

yxyx Neuf fois sur dix, lorsqu’on s’informait on finissait par apprendre que le mari avait commencé à boire, que, peu à peu, l’argent avait pris le chemin du marchand de vin du coin et que, las d’entendre les récriminations de sa femme, les pleurs des enfants affamés ou les réclamations du propriétaire menaçant de lui donner congé, il avait trouvé plus facile d’abandonner femme et enfants à leur triste sort, sans oublier toutefois d’emporter ou de vendre, au préalable, tout ce qui pouvait avoir quelque valeur dans la maison.


Ce n’est pas là un tableau noirci à dessein pour les besoins de la cause. Presque tout le monde pourrait trouver un ou plusieurs exemples de ce que j’avance.

Bien, direz-vous, et alors, que devient votre affirmation de tout à l’heure:


TOUT LE MONDE PEUT AVOIR UN INTÉRIEUR PAISIBLE, OÙ RÈGNE L’AMOUR!


Où est-il, votre tableau enchanteur et chimérique?

Ce mari s’occupant de jardinage après le repas du soir, tandis que la mère de famille met les enfants au lit?

Il existe, béni soit Dieu, cet intérieur idéal, pas seulement en théorie, pas seulement dans l’imagination de quelque rêveur, mais dans la réalité, et cela en raison même de ce que nous disions plus haut.

Supprimez la cause de l’état de choses anormal dépeint précédemment, et du même coup vous supprimez cet état de choses lui-même.

Le principe est si clair et si simple, qu’il semble puéril de l’énoncer. Partout où il y a un intérieur qui n’est pas ce qu’il doit être, il y a quelqu’un qui manque à son devoir, et tout naturellement le déséquilibre s’ensuit.

Amenez ce quelqu’un à faire son devoir,

à obéir à sa conscience,

à vivre selon Dieu, ce qui est une autre manière de dire la même chose,

et immédiatement l’équilibre se trouve rétabli comme par enchantement, l’harmonie règne désormais, l’amour et la paix résident au foyer.

C’est là un principe indiscutable.

Il s’impose non seulement à tout esprit réfléchi et capable de raisonner, mais il a été vérifié des centaines et des milliers de fois.

Tout autour du monde, partout où l’Armée du Salut travaille, elle a eu la joie de voir des intérieurs ainsi transformés par la puissance de Dieu, qui était venu habiter dans le cœur du membre de la famille, cause du désordre antérieur.

Nous pourrions en citer des exemples dans ce pays même, et puisque nous fêtons aujourd’hui le 28e anniversaire de l'En Avant, nous sommes heureux de dire en passant que c’est — entre beaucoup d’autres — un des résultats les plus réjouissants du travail de nos dévoués vendeurs dans les cafés.

Le nombre est grand de ceux qui pourraient se lever et dire: «Je dois à cet homme ou à cette femme, qui m’a offert l’En Avant dans tel café, la régénération de mon foyer. C'est lui qui, le premier, m’a dit:

«IL Y A ESPOIR POUR VOUS! Il existe un Dieu qui libère de l’esclavage du mal, qui rend vainqueur de toute passion. Grâce à ce vaillant qui, par amour pour mon âme, a osé affronter les railleries — même les miennes — je suis un homme libre! Qu’il soit à jamais béni pour la paix et la joie qu’il a ramenées dans mon intérieur.

Par lui, mes enfants ont retrouvé un père, et ma femme un époux.

Que ne l’ai-je rencontré plus tôt ce vendeur d'En Avant

Et voilà ce qui explique que, le front dans la lumière et le cœur brûlant d'amour, le salutiste poursuit, sans jamais se lasser, cet apostolat sublime et si mal compris qu’est la vente de l’En Avant dans les cafés.

En avant 1910 04 02




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