UNE INCURSION DANS LE MONDE DES ENFANTS
À PARIS AVEC LE LIEUTENANT-COLONEL ROUSSEL
Le monde des enfants! Quel thème à méditation! Quel sujet fertile et toujours inépuisable! Le monde des enfants, et spécialement des «tous petits», c’est le monde en miniature, c’est l’humanité de demain.
L’âme de l’enfant, c’est l’âme humaine avec toutes ses manifestations variées et intéressantes, mais d’autant plus captivante que c’est le terrain vierge, le sol neuf, la «page blanche» comme disait le Colonel, sur laquelle IL DÉPEND DES PARENTS d’abord et des éducateurs plus tard, d’inscrire ce qui est bon et seulement ce qui est bon afin de ne pas avoir à effacer plus tard ou à déplorer de ne pouvoir effacer!
Oui, c’est dans le monde des enfants que le Colonel nous a introduits et, de telle manière, que ceux qui ont eu le privilège de l’entendre n’oublieront jamais de leur vie ses conseils si précieux et reposant sur une expérience vécue.
Beaucoup ont compris comme jamais auparavant leur responsabilité vis-à-vis de toute âme d’enfant placée sur leur chemin. Leur horizon s’élargissait, une lumière toute nouvelle brillait soudain devant leurs yeux et sérieuses et profondes étaient les réflexions de tous. Car — et ce ne fut pas là le moindre des avantages de cette visite du Lieutenant Colonel Roussel — ces diverses réunions ont eu le précieux résultat d’amener chacun à réfléchir, à creuser, à sonder cet important problème qu’est celui de l’Éducation de l’Enfance. Je n’en veux pour preuve que les questions multiples qui m’ont été posées à l’issue de plusieurs de ces conférences sur tel ou tel côté du sujet. N’est-ce pas le plus bel éloge que l’on puisse en faire?
Amener ses auditeurs à réfléchir, à tourner et retourner le sujet dans son esprit alors qu’on est déjà parti semer ailleurs l’idée bonne! C’est un résultat précieux, d’autant plus précieux qu’il est le point de départ de beaucoup d’autres.
Que de regrets ont amené ces réflexions salutaires, mais aussi que de résolutions viriles prises par ceux qui avaient peut-être considéré l’enfant comme quantité négligeable, comme au-dessous de leur valeur» et ont soudain découvert leur erreur.
Le proverbe: «Il vaut mieux prévenir que guérir» leur est subitement apparu dans toute sa tragique vérité, et ils n’oublieront jamais l’ivrogne dont la jambe ne repoussera plus ou les enfants condamnés à une vie misérable par l’inconduite de leur père. Ah! s’ils avaient su! comme ils auraient agi différemment! Mais, maintenant, ils savent et ils mettront tous leurs soins, tout leur cœur, toute leur âme, à s’occuper de ces petits, AVANT QUE LE PÉCHÉ N’AIT PRODUIT SES RAVAGES en eux, avant qu’ils n’en soient les esclaves.
Oui, voilà ce qu’on lisait sur bien des visages au cours des réunions tenues à Paris par le Colonel Roussel.
S’occuper des enfants! Mais comment?
C’est tout un art, mais un art que le Colonel a su rendre accessible à tous.
Mais avant d’aborder la question de méthode, disons deux mots de la façon originale dont le Colonel s’y est pris pour bien faire comprendre à tous l’absolue nécessité et la grande valeur de l’éducation morale à donner au jeune enfant.
Il entre dans le plan de Dieu qu’il en soit ainsi; la meilleure des preuves, c’est que l’enfant n’est adulte qu’à partir de vingt ans — il a besoin de vingt longues années de préparation à la vie — tandis qu’il suffit à l’animal de quelques heures, de quelques semaines, quelques mois, quelques années au plus, suivant les espèces!
Observation digne de remarque: plus l’animal est élevé dans l’échelle des êtres, plus son éducation demande de temps. Or, si l’enfant a besoin d’une aussi longue préparation à la vie — si Dieu l’a décidé ainsi, c’est que
– seul, l’enfant doit recevoir une éducation morale:
– seul, il a un caractère à développer;
– seul, il a une conscience dont il faut faire l'éducation avec soin.
Comment et quand?
Autre problème, car, là encore, les erreurs abondent. Il faut commencer aussitôt que possible, dès que l’enfant commence à comprendre ce que vous lui dites. Dès deux ans, avant même, il est possible de déposer dans le cœur du bébé les principes divins qui s’y développeront plus tard; il est possible de les intéresser à Jésus et de Le leur faire aimer.
La méthode?
Celle de l’amour, de la tendresse.
Le Colonel a flétri comme il convenait l’éducation qui repose sur la crainte — sur un mobile extérieur — et n’a pas eu de peine à en montrer les désastreuses conséquences.
L’enseignement, sous forme d’histoires mises à sa portée et qui se graveront dans son cœur et dans son imagination — l’enfant n’est-il pas avant tout un être de sentiment et d’imagination?
Un autre principe fondamental de la méthode:
L’EXEMPLE, L’EXEMPLE D’UNE VIE QUI NE VIENT PAS DÉMENTIR LE PRÉCEPTE.
Mais qui donnera cette éducation à l’enfant à un âge aussi tendre?
Le papa, la maman qui ont tout accès sur ces jeune» cœurs! Nul de ceux qui ont vu le Colonel avec un bébé dans les bras lui parlant de Jésus, n’a douté de la possibilité d’être accessible à l’esprit de l’enfant de cette manière, surtout si celui qui vous parle est — non, le monsieur inconnu — si bon soit-il — mais le papa aimé et familier!
Tout cela s’adressait dans la conférence aux parents et éducateurs – jeunes et vieux — à tous ceux à qui Dieu a confié la mission sainte de diriger dans la vie une âme d’enfant.
Mais le Colonel s’est occupé aussi des petits, ce qui était sous une autre forme faire l’éducation des grands qui lui en sont très reconnaissants.
Si notre visiteur a laissé dans le cœur et l’esprit des enfants un souvenir profond, les adultes y ont trouvé une mine inépuisable, un filon qu’il comptent exploiter. L’avenir, avec ses résultats bénis, du travail parmi la Jeune Armée — prouvera mieux que des paroles quelles empreintes ineffaçables, les leçons du Colonel ont laissées dans nos cœurs à tous.
Un nouvel horizon s’est ouvert, croyons-nous pouvoir dire — devant chaque Officier et Camarade — ils ont compris que si les difficultés sont grandes dans notre pays – et il ne sert de rien de se le dissimuler — pourtant la tâche leur paraît tout autre aujourd’hui. L’espoir de la réussite — la foi dans le succès, gage de la victoire, a lui sur leur sentier. —
Chez ceux qui l'avaient déjà, elle est devenue plus ferme, plus ardente, plus contagieuse.
Les autres ont vu leurs doutes s’évanouir et tous d’un même cœur et d’une même âme sont prêts pour la plus noble des tâches. Donner Jésus à la jeunesse de notre France
Nous saluons par avance, le jour radieux où nous verrons dans notre cher pays une Jeune Armée bien organisée portant bien haut l’étendard du salut, c’est-à- dire, celui d’une vie de bonté, de pureté, de vérité vécue à la maison et à l’école, avec leurs frères et sœurs, leurs parents et leurs camarades par nos petits soldats! Vive la Jeune Armée française!
Une amie des enfants.
En avant 1910 03 19
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