Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’HEURE DE LA DÉCISION


Elle sonne plus tôt ou plus tard, mais toujours le moment se présente où l’on doit faire choix, l’heure décisive où, à un tournant de route, l’occasion nous est offerte de faire acte de volonté et de nous engager pour jamais sur le chemin de la vie ou sur celui de la mort.

Sans doute ce n’est point sous cet aspect terrifiant que la tentation se présente, et le subtil séducteur qui se place sur votre chemin sait se faire agréer. Au besoin, il se déguise en ange de lumière, et si celui qu’il a le dessein de corrompre a des aspirations pures et élevées, il saura même lui parler le langage qui convient.

Il visera surtout la jeunesse, par nature irréfléchie et confiante, et prompte aux décisions fatales. Aussi ne saurait-on trop prémunir les jeunes contre les pièges qui les guettent à chaque pas, contre les ruses de l’ennemi.


Il me souvient d’un fait entre mille.

C’était une enfant de nos faubourgs de Paris, attirée aux réunions de la Jeune Armée, il y a quelque vingt-cinq ans. Elle aimait nos réunions joyeuses et son âme, ardente et sollicitée pour le bien, avait répondu avec joie aux appels du Sauveur, et notre fillette commençait à s’exercer sur ce chemin nouveau. Mais elle manqua d’encouragement et d’aide spirituelle dans sa famille et il se trouva... oh! la pire des besognes! — et si je connaissais cette femme comme j’aimerais lui faire toucher du doigt l’infamie de sa conduite — il se trouva une femme — méritait elle ce nom? — pour oser porter une main sacrilège sur cette œuvre divine.


SUPPÔT DE SATAN, ELLE IMAGINA DE DÉTOURNER CETTE FILLETTE qui, pourtant, ne la regardait en aucune manière, n’étant sa parente à aucun degré — elle imagina, dis-je, de la détourner à tout prix des réunions salutistes et ne trouva rien de mieux que de la convier à boire dans quelque bouge du quartier.

Elle l’y attira, elle et ses camarades, par des gâteaux, des sucreries, des friandises; fit tant et tant et si bien qu’elle finit par vaincre les résistances de l'enfant et, ce qui pis est, elle lui fit contracter, avec le goût de la boisson, quantités d’autres mauvaises habitudes morales.

L’enfant grandit et devint une déclassée qui conserva pourtant son fonds de bonté native, hélas dévoyée à sa source.

Le jour où j’eus l’occasion de connaître ce détail de la vie de cette personne, mon âme bondit d’indignation. Eh quoi! c’était là l’œuvre de cette femme insensée! Cette vie brisée, détruite en son berceau. Cette enfant, qui eût été non seulement conservée pure et préservée du mal, mais fut devenue une femme de Dieu, un champion dans la lutte contre le mal, qui en eût arraché peut-être des centaines à la mort, cette vie a été gâtée par l’acte criminel — peut être inconscient, mais criminel quand même — de cette femme indigne!

N’y a-t-il pas là de quoi faire frémir et faire naître dans le cœur de tous ceux qui comprennent quelque chose à la question, une sainte ambition de faire la contrepartie et de sauver l’enfance à tout prix des dangers qui la guettent à chaque pas?


Lecteur de ces lignes, quelle est ta part de responsabilité dans cette question?

Les jeunes qui t’entourent trouvent-ils en toi un auxiliaire, quelqu’un qui leur montre un exemple salutaire un réconfort, un encouragement à bien faire.

Leur rends-tu le devoir plus facile; apprennent-ils à tes côtés à le considérer comme plus saint, plus grand, plus noble?

Resteras-tu dans leur mémoire comme un souvenir précieux de vertu à imiter, ou bien devront-ils plus tard, en songeant à toi et à l’influence néfaste que tu as exercée sur leur vie brisée par ta faute, te maudire?


* * *


Et vous, jeunes garçons et jeunes filles en âge de me comprendre, repoussez hardiment tous ceux qui vous proposeront une action que vous savez n’être pas bonne. Ne vous laissez pas arrêter par des objections sans valeur. «Viens», te dira ton camarade, «un seul verre, rien qu’un seul, cela ne peut te faire aucun mal.


Résiste!

Un autre viendra et te présentera un livre défendu, ne te laisses pas séduire,

Résiste!

Et ainsi de suite tout le long de la route. Si tu dis

Non

une fois, il te sera plus facile de le dire une seconder.

«Que votre non soit non et que votre oui soit oui», dit Jésus; sache toujours dire NON

résolument à toutes les offres du démon et

OUI

à ta conscience qui te sollicitera d’autre part à bien agir.

Prends bien soin de ne pas maltraiter ta conscience, c’est l’amie la plus fidèle que tu possèdes, celle qui ne ment jamais et demeure la boussole sur qui l’on peut toujours compter pour vous diriger dans le sentier de Dieu!

Mais j’entends ton objection.

Résister, c’est facile à dire. Je ne demande pas mieux que de résister, mais je ne peux pas. Sans doute tu es faible, mais la lutte fortifie à condition que tu n’oublies pas dans le combat d’implorer le secours de Celui qui a dit: «Invoque-moi au jour de la détresse!» IL EST LE DIEU FORT qui te rendra, toi aussi, fort dans la lutte et capable de résister victorieusement au mal.

Et toi, lecteur plus âgé, qui n’a pas jusqu’ici su résister à la tentation, fais en aujourd’hui l’expérience.


Deux chemins sont devant toi:

celui de la mort et celui de la vie.


Fuis le premier par la force du Dieu Tout-Puissant, entre résolument dans le second, et puise dans la prière et la communion personnelle avec Dieu la force voulue pour y marcher jour après jour jusque dans l’Éternité.

En avant 1910 03 19



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