EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN FLÉAU NATIONAL: L’ABSINTHE 

Qu’est-ce que l’absinthe, dont chacun entend parler, que beaucoup, hélas! consomment journellement et qu’en réalité ceux qui en meurent ne connaissent pas?

L’absinthe est un produit composé d’une série d’essences dont la principale est l’absinthe et qui comprend accessoirement l’anis, l’hysope, la mélisse, l’angélique, le fenouil, la badiane, la coriandre.

Toutes ces essences sont diluées dans l’alcool.

La première produit l’épilepsie, les autres sont des stupéfiants.

Le docteur Lalou a fait des expériences sur des chiens, et, avec de très faibles doses, il a produit d’effroyables crises d’épilepsie suivies d’inertie et de coma. Les petits des chiens soumis régulièrement à l’influence de l’absinthe ne vivent pas plus de quelques semaines.

Tout ce qui précède suffit pour que les parents se fassent un devoir d’instruire leurs enfants des dangers de ce terrible poison, et veillent sur le jeune homme soumis à de fréquentes tentations. Qu’ils lisent et fassent lire nos almanachs dans leur entourage. Pour bien faire comprendre à nos lecteurs les motifs péremptoires qu’ils ont de ne pas boire d’absinthe, citons encore quelques extraits du rapport présenté en 1907 à la Société nationale d’Agriculture par M. Cheysson, le président de la Ligue nationale:

«Parmi les liqueurs qui contribuent à répandre l’alcoolisme dans notre pays, nulle n’exerce des ravages aussi funestes que l’absinthe. Plus rapidement qu’aucune autre, elle a raison de ses victimes qu’elle frappe surtout au cerveau, en infligeant des tares héréditaires à leur innocente et malheureuse postérité.

La consommation de l’absinthe est en progression rapide, comme en fait foi le tableau suivant, emprunté aux sources officielles:

En 1884. . 4.933.500 litres.

En 1894. . 12.507.800

En 1904. . 20.702.290

En vingt ans, la consommation a plus que quadruplé. Elle dépasse celle de tous les autres pays réunis: triste supériorité, et pleine de menaces pour l’avenir, si nous n’avisons pas au plus tôt!

Quoique moins atteints que nous, les peuples voisins prennent sagement leurs précautions contre la «fée verte».

La Belgique, la Suisse viennent de prohiber la vente de l’absinthe. Comment notre pays, qui en souffre plus qu’aucun autre, hésiterait-il à les imiter?

(Almanach «L’Étoile Bleue»)

En avant 1910 02 26