Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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JOURNAL D'UN COLPORTEUR

IMPRESSIONS PERSONNELLES EN COURS DE ROUTE


Valence

À Valence, j’ai retrouvé le brave ami M. Séruscla qui nous avait par mon invitation présidé dans la vieille salle des Barandons une magnifique réunion de salut. M. Sérusclat est un homme dont Dieu s’est servi pour bénir bien des âmes dans ses travaux d’Évangélisation, il a conservé son amour pour la cause de Dieu et est venu aider les officiers de Valence dans quelque réunion.

J’ai été voir ce vieux vétéran le papa Tracol; ce brave ami depuis que l’Armée est à Valence, a beaucoup fait pour l’œuvre; avec sa sœur, il est maintenant âgé et malade, mais bien sauvé, jusqu’au beau jour, où il ira rejoindre dans le ciel le camarade Ponton, qui quoique mort comme Abel parle encore, par le noble exemple qu’il a laissé aux salulutistes qui l’ont connu.

Une autre fidèle camarade de Valence, Mme Ruel est aussi peu bien dans sa santé, mais toujours alléluia.


Livron

Près de Livron, j’ai vu la famille Vignal aussi aimable que jadis, Mme Vignal n’a plus son mari qui est allé habiter avec les anges. M. Vignal fils me conduisit chez les amis Rafin qui me reçurent chez eux comme si j’avais été un membre de la famille, et même peut être mieux, je passai la nuit chez eux, et ils me prodiguèrent leurs meilleurs soins.

Pendant une autre tournée à Livron, conduit par un domestique de nos amis la famille Combes, j’allai à l’asile des vieillards. J’y fus reçu par ces dames qui aiment beaucoup l’Armée. Je leur fis la vente et fus retenu à dîner, mais vu mon travail, je dus décimer cette offre en les remerciant beaucoup de leur chaude hospitalité et de leur aimable attention.


Beaumont

Dans ce village, j'ai vu entre autres les amis Bérard ayant toujours le noble désir de vivre pour Dieu. Si j’avais été un aveugle et qu’on m’ait conduit chez ces amis sans le savoir, en entendant Mme Bérard, j’aurais pu me méprendre et croire que c’était l’Adjudante Blachier qui me parlait car elles ont le même ton de voix, c’est vrai qu’elles sont toutes les deux des Ollières.


Crest

Arrivé à Crest je m'en vais chez les camarades Minard où je laisse ma bicyclette; les Mlles Minard ont grandi depuis le Mas-de-la-Ville, car je les avais connus dans ce bon vieux Mas du Salut alors que le bienheureux papa Peyron avait une œuvre sociale. Oh souvenir de ces anciens jours ou un magnifique réveil eût lieu parmi ces hommes déclassés! J’eus donc beaucoup de plaisir à revoir Mme Minard et ses demoiselles, elles me montrèrent la photographie du frère qui est Lieutenant dans l’Armée Française.

Je trouvai au lit notre amie Mme Beauchon, un moment d’entretien, la vente, la prière et En Avant plus loin.

Notre camarade Louise Baral n’avait pas trop besoin d’articles de librairie mais comme c’était pour une œuvre excellente, elle se fit un devoir de m’acheter. Tous les lecteurs de l’En Avant chez qui je passe devraient avoir les mêmes sentiments; que tous fassent une provision de bons sentiments, et vous et moi nous serons heureux de l’arrangement; vous en serez heureux et bénis, car les livres que vous m’acheterez vous feront du bien; j’en serai heureux, car il y a tant de joie à vendre pour la gloire de Dieu et l’avancement de la guerre.

Chez M. Faure, pasteur, je suis reçu très gentiment, j’y fais la vente, j’y trouve Mme Faure, la mère du pasteur, qui aimerait que je sois colporteur en Saone-et-Loire, là où elle habite, car dit-elle, il y a beaucoup à faire. M. Faure m’a promis de me donner l’adresse de ses paroissiens, car il désire que j'aille les voir: voilà de la bonne fraternité.

Mlle Faure me conduit chez les amis: M. et Mme Benoît, que j’avais connus aux Braves, chez les amis Chauvine, près des Barandons: les amis sont contents de me revoir et moi je suis ravi de les retrouver. J’ai vu aussi la camarade E. Rissoan, qui accomplit dignement son œuvre d’amour auprès des malades.


Aoûste

Ici je retrouve la camarade Achard, la repasseuse salutiste et qui est salutiste pur sang, elle croit que le réveil viendra, grâce à l’Armée du Salut, je suis d'accord avec elle.

À Aoûste, j’ai un sérieux entretien avec un homme qui se dit incrédule et avant de le quitter je prie avec lui.

J’allai voir le curé et eus avec lui un bon entretien sur la prière; je lui dis que nous salutistes nous faisions comme Daniel, que nous prions trois fois par jour et que nous essayons de réaliser ces paroles de Paul:

«Priez sans cesse.» M. le curé me dit quelque chose qui est très juste.


«L’HOMME QUI NE PRIE PAS EST VAINCU D’AVANCE».


Je pris congé de l’aimable curé pour continuer ma tournée.

Une jeune catholique à qui je racontai comme son curé m’avait reçu, en fut enchantée.

M. Faure, drapier, m’acheta, mais regrettait que sa femme ne fut pas là, car peut-être m’aurait-elle acheté quelque chose elle aussi: elle ne perd rien pour attendre; je veux dire que je ne manquerai pas la première occasion venue, et les salutistes savent profiter des occasions.


La Scie d’Aoûst

Je m’arrête là, chez les camarades Paturel, je trouvai notre chère camarade la maman Paturel dans son lit et peu bien dans sa santé, mais admirablement sauvée. Le papa Paturel est joyeux malgré tout, car le Seigneur le soutient. Le fils et la belle-fille sont pleins d’égards pour leur digne maman; ils ont bien raison, tous les enfants devraient soigner leurs parents comme le font les jeunes amis Paturel.


Blacon

Le premier jour que j'arrêtai dans cet endroit, j'allai loger chez les amis Cherfils, car le Capitaine Thénet m'avait dit qu'ils mettaient une chambre à la disposition des Officiers. Ces aimables amis me reçurent on ne peut mieux et je logeai dans une chambre charmante, ornée par les doigts exercés d’une petite fée, qu'est Mlle Cherfils. Elle avait décoré cet appartement avant de partir pour Béziers, où elle est garde-malade: voilà encore une noble vocation qu’a suscité l’Armée du Salut, car la vie d’amour des salutistes, a excité Mlle Cherfiis, à vivre elle aussi une vie d’amour pour ceux qui souffrent.

De chez ces amis, je partis en tournée de vente et la nuit suivant j'allai loger chez les Sergents Madras. ; le Sergent est un vieux guerrier que je connais depuis environ vingt ans; j’avais fait sa connaissance à cette époque, lors d’une tournée de colportage que j'avais entreprise avant de partir au service militaire en Algérie, depuis j’avais gardé un doux souvenir du sergent, son salutisme, son amour des âmes m’avaient béni: le Sergent est resté le même, et si le Colonel Peyron chantait: «Oh cher vieux drapeau, on te portera jusqu’au sur mon tombeau», il peut le chanter aussi.

En avant 1910 02 19



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