LE DIEU DE JACOB
(Suite)
II. En second lieu, «le Dieu de Jacob», dans sa sagesse infinie, décida de faire passer son serviteur par une certaine discipline et le soutint merveilleusement pendant ce temps.
Quand Dieu prend en mains les rênes de notre vie, Il commence par nous mettre sous une discipline, pour pouvoir accomplir Ses desseins.
Il plaça Jacob chez Laban pendant 40 ans — c’est là, paraît-il, le chiffre résultant des meilleurs calculs chronologiques actuels. Mais qui était Laban et qu’était-il?
«Une bonne personne», comme on dit de nos jours?
Oh! non, point du tout.
C’était un homme rusé, dur, méchant, égoïste, un homme du monde, qui connaissait le parti qu’on peut tirer d’un serviteur jeune, vigoureux, travailleur et honnête, comme beaucoup de négociants de nos jours. Mais, tous les engagements étant dûment remplis, Laban, comme nous allons le voir, aurait renvoyé Jacob au bout de 40 ans sans un sou en poche!
Tel était l’homme dont Dieu se servit pour éduquer et discipliner Jacob.
Si Dieu l’eût mis chez un homme bon et raisonnable, c’eut été sa ruine irrémédiable, pour autant que nous pouvons en juger. Je crois qu’en général nous surestimons l’influence des «bonnes personnes».
En somme, que peuvent-elles faire pour nous?
Les gens difficiles à vivre nous font beaucoup plus de bien que les autres, voilà ce dont je voudrais vous persuader.
Prenez par exemple un jeune homme très égoïste.
Supposons qu’on le place auprès de quelqu’un de très désintéressé, qu’arrivera-t-il? Il profitera naturellement de la générosité de son partenaire et deviendra d’autant plus égoïste.
Mettez-le au contraire dans la compagnie d’un individu dix fois plus égoïste que lui-même, en sorte qu’il ait à s’effacer vingt fois par jour devant l’égoïsme de l’autre; il commencera à réfléchir et à trouver que l’égoïsme est quelque chose de très mauvais et de très désagréable.
Ainsi nous sommes formés, éduqués, disciplinés, bénis, non par les «bonnes personnes» — au milieu desquelles vous allez du reste passer l’éternité, soyez sans inquiétude — mais par les autres.
Estimez-vous heureux de vivre avec des personnes difficiles, ici-bas, si Dieu le trouve bon pour vous.
Un militaire me racontait l’autre jour comment Dieu lui avait appris à se dominer.
Il avait tous les jours affaire à un officier qui exerçait sa patience au suprême degré, aussi, en se rendant auprès de lui, il priait tout le long du chemin: «ô mon Dieu, aide-moi, aide-moi!» Et Dieu l’aida de sorte qu’en butte à ces vexations continuelles il apprit à se posséder.
Il est triste de voir que les gens ne veulent vivre et frayer qu’avec de «bonnes personnes». Les maîtres ne cherchent que des «bons» caractères et les serviteurs que des «bons» maîtres. Je connais même des serviteurs de Christ qui ne veulent que «d’excellents» associés et co-ouvriers.
Ô hommes, ce n’est pas ce dont vous avez besoin; il vous faut quelqu’un qui ait les défauts qui sont les plus propres à corriger les vôtres, à vous rendre meilleurs; voilà ce qu’il faut demander à Dieu de vous donner.
Voyons à présent ce que Jacob devint chez Laban.
Rappelez-vous que les quarante ans qu’il y fut finirent par une nuit glorieuse passée en communion avec Dieu. D’abord, Dieu fut avec Jacob pendant toutes les années que dura cette discipline.
Au chap. XXXI, v. 5, il dit à ses femmes: «Le Dieu de mon père a été avec moi».
Au v. 27 du chapitre précédent, «Laban dit à Jacob: Je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, reste; car j’ai fait l’expérience que l’Éternel m’a béni à cause de toi.»
Et au XXXI v. 42 Jacob dit à Laban: «Si le Dieu de mon père, le Dieu d’Isaac n’eût été avec moi, tu m’aurais certainement renvoyé à vide.»
Il vaut assurément mieux vivre chez le pire des Labans, avec Dieu sur terre, qu’avec un ange sans Sa présence.
Ensuite nous voyons qu’il ne fut pas permis à Laban de faire du mal à Jacob.
«Votre père, m’a trompé et m’a changé dix fois de salaire, mais Dieu ne lui a pas permis de me faire du mal», dit Jacob à ses femmes au v. 7.
Au v. 24 nous lisons «Et Dieu apparut à Laban le syrien, la nuit, dans un rêve et lui dit: Prends garde de ne parler à Jacob ni en bien ni en mal»
Au v. 29 Laban dit: «Il est en mon pouvoir de te faire du mal, mais Dieu...»
La seule personne au monde qui ne puisse vous faire de mal, c’est votre Laban;
retournez donc auprès de lui et remerciez Dieu de vous l’avoir donné!
Nous ne pourrions vous donner la même garantie à l’égard de personne d’autre. DIEU EST AVEC NOUS CHEZ LABAN et se met entre-deux quand il menace de nous faire du mal.
Vous êtes en sécurité chez Laban et si vous en avez plus d’un, tenez-vous pour un homme privilégié.
Troisièmement, Jacob ne partit de chez Laban que quand Dieu, lui eut dit: «Pars».
«Et Dieu, dit à Jacob: Retourne au pays de tes pères et vers ta parenté et je serai avec toi.»
Bien des amis viennent chez moi me consulter sur toutes sortes de choses et je suis très heureux de les aider, mais un conseil que je ne leur donne jamais, c’est de s’enfuir de chez leur Laban. Je ne veux faire ce tort à personne.
Quand ce sera le moment de le quitter, Dieu vous le montrera et alors vous ne laisserez pas Dieu en arrière. Dieu qui se sera tenu près de vous pendant ce temps de la discipline, vous accompagnera aussi dans une position plus facile. Mais suivez l’exemple de Jacob, ne quittez pas Laban sans que Dieu vous ait dit: Pars et je serai avec toi!
(À suivre)
En avant 1910 02 19
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