Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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À QUI LA FAUTE?

UNE SIMPLE MISE AU POINT


Clocherez-vous

«Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés?»


«C’est la faute à la comète!» disait, lors de l’émotion générale causée par l’inondation de Paris et de sa banlieue, une brave femme qui cherchait, elle aussi, à rendre quelqu’un ou quelque chose responsable de la calamité publique qui dévastait la région parisienne.

Hélas! c’est un travers commun à bien des mortels que ce besoin de s’en prendre à quelqu’un de ce qui peut nous arriver de désagréable.

Que n’en a-t-on pas entendu pendant ces dernières semaines, de ces réflexions déprimantes et parfois si peu justifiées.

«Ah! ce métro!», disait l’un, «il nous en cause des ennuis!»

«Ah! bien oui,» appuyait un autre, «il est joli le progrès. Comme si l’on avait besoin de cela! Nos grands-pères n’en avaient point et ils ont bien vécu sans!»

«Et les ingénieurs!» poursuivait un troisième. «N’auraient-ils pas dû prévoir tout cela? Et la gare des Invalides, et ceci, et cela?

Et les commentaires allaient leur train, chacun s’ingéniant à rendre responsable celui-ci ou celui-là sans être, remarquez-le, compétent pour avoir un avis motivé sur la question dont ils s’occupaient. C’est encore là, en effet, une constatation qui s’impose que:


CE SONT LES PLUS IGNORANTS SUR UN SUJET

QUI EN PARLENT LE PLUS VOLONTIERS.


* * *


Après cette série de critiques établissant des responsabilités matérielles plus ou moins bien établies, une autre note a résonné, celle de la RESPONSABILITÉ MORALE et l’on nous a servi à nouveau le refrain bien connu et qu’il est de mode, pour certains, de rééditer à propos de tout évènement douloureux, de tout désastre public, et l’on est tombé à bras raccourcis sur le Paris impie, le Paris incrédule, le Paris impur, etc., etc.

Sans doute, il y a dans Paris des côtés bien douloureux nul plus que nous ne le constate et en souffre, et de toute l'ardeur de notre âme nous nous appliquons à y apporter le remède et à faire remonter le courant aux victimes qu’il entraîne avec lui.

Nous n’ignorons pas que si nous eûmes à déplorer pendant plusieurs semaines la crue dévastatrice du fleuve, nous avons toujours et sans cesse à déplorer...

.... la crue du vice et de l’immoralité sous toutes ses formes et que L’INONDATION DU MAL EST, HÉLAS! TOUJOURS DE SAISON ET QU'ELLE ÉTEND SES RAVAGES CHAQUE JOUR DAVANTAGE.

Oui, nous savons cela et nous en souffrons.

Mais, hélas! cette constatation douloureuse peut se faire dans tous les grands centres européens, à Londres, à Berlin et jusque dans les bourgs les plus reculés des campagnes qui étaient restées longtemps à l’abri du fléau démoralisateur. Et c'est pourquoi, en entendant et en lisant certains commentaires de la catastrophe dont nos cœurs à tous ont été douloureusement attristés, je ne pouvais m’empêcher de songer aux paroles de Jésus ayant trait à des circonstances semblables et répondant justement à ce même esprit pharisaïque ou tout au moins erroné chez ceux qui avait formulé les objections. Écoutez plutôt:

«En ce même temps, quelques personnes parlèrent à Jésus, des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. Il leur répondit: Croyez-vous que ces Galliléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de la sorte? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.

Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées croyez vous quelles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem? Non, je vous le dis.

Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.»

Quelle mise au point! et faite par Jésus Lui-même!


Dieu ne se trompe jamais sur les apparences, il n’est jamais dupe de l’esprit pharisaïque ou intéressé, Lui qui lit au fond des cœurs et pèse les mobiles les plus secrets des consciences.

Sans doute, nous savons que DIEU PARLE PARFOIS PAR DE TERRIBLES ÉVÈNEMENTS, l’histoire personnelle des individus aussi bien que celle des peuples peut en témoigner, et tous ceux qui sont assez intelligents pour le comprendre ont pu discerner dans leur vie telle circonstance terrible, voire même douloureuse, qui fut pour eux la «leçon nécessaire.»

Oui, Dieu est l’Éducateur par excellence, et s’il est vrai qu’il est amour et qu’il n’afflige pas volontiers les enfants des hommes, il est non moins vrai que ceux-ci par leur résistance et leur rébellion à Sa volonté, l’oblige parfois à sévir à regret, mais par amour.

Il est non moins certain que de très utiles leçons peuvent être tirées de la grande catastrophe qui a sévi sur la région parisienne et ailleurs encore On l’a dit et répété, ici même, et il est facile d’établir l’analogie qui s’impose entre la crue fluviale dont nous avons été victimes et L’INONDATION DU PÉCHÉ QUI MENACE DE NOUS ENGLOUTIR TOUS.

Quiconque sait penser et prend à cœur l’avenir et notre pays, à là un thème fertile en réflexions salutaires et qui doivent nous porter tous à l’action, à l’union de toutes les bonnes volontés, à la mise en commun de toutes les énergies pour repousser le monstre toujours plus menaçant.

Ce serait évidemment là un spectacle réconfortant, mais, est-ce à dire qu’il ne faille pas aller plus loin?

Est-il interdit de se demander en face du problème du mal que nous avons été appelés à sonder tout à nouveau, en face de l’incrédulité grandissante, n’y a pas là une leçon sérieuse à apprendre et même s’il n’est pas possible d’établir des responsabilités?


À qui la faute?


Oui, à qui la faute je ne dis pas de la catastrophe, je dis:


À QUI LA FAUTE DU SPECTACLE DU MAL QUI NOUS DÉSOLE.


Nous sommes de ceux — il est superflu de le dire — nous sommes de ceux qui croient que le mal grandît dans la mesure où l’on repousse Dieu, car Dieu c’est la Source du Bien, Dieu c’est la Force victorieuse du mal, c’est Dieu dans l’homme qui lui donne le triomphe sur ses passions; oui, nous croyons que


LA RECRUDESCENCE DU MAL EST LA CONSÉQUENCE

DU REFUS DE VIVRE AVEC DIEU


je ne dis pas du rejet d’une formule religieuse — je dis de la vie de Dieu dans l’individu. Mais là est justement le nœud de la question.

Nous arrivons au cœur de ce sujet brûlant et douloureux et je pose le problème sur la conscience de mes lecteurs.

D’où vient que le peuple ait rejeté Dieu?

Serait-ce qu’il soit arrivé à la conclusion que servir Dieu c’est-à-dire vivre loin du péché, était contraire à sa raison et à son bon sens?

Serait-ce qu’après l’avoir servi loyalement il aurait été trompé et aurait reconnu que Dieu ne pouvait pas satisfaire les besoins de son cœur et de sa conscience?

Ah! mille fois non! La raison — capitale — fondamentale vous la connaissez aussi bien que moi, c’est qu’on a présenté au peuple, dont le cœur aspirait à la vie, une formule sèche, étroite, sans force; la raison — c’est que LES CHRÉTIENS ONT TRAHI LEUR MAÎTRE, ils n’ont pas reflété l'amour, la Justice, la Pureté et il y avait un abîme entre la vie de l’individu et sa doctrine.

Le grand cœur de Jésus n’a pas palpité dans les relations de ses disciples.

Oui, là est la cause par excellence — l’inconséquence de la vie des chrétiens, qui, tels les contemporains d’Élie, «ont cloché des deux cotés» a été et est chaque jour davantage UNE FABRIQUE D’INCRÉDULES.

On a présenté au peuple un organisme sans âme et n’ayant pas appris à connaître personnellement et par une communion étroite et intime le Dieu «amour et force» le Dieu «pureté et vérité», il s’est trouvé sans force en face du mal dont la puissance est devenue pour eux tyrannique.

Ce n’est pas Jésus Christ que ces gens ont repoussé, ils ne Le connaissent pas. La preuve, je la trouve dans ce cri du cœur d’un ouvrier du Nord qui n’est pas le seul de son espèce, et qui disait à un homme de Dieu — un vrai, celui-là: «

Parlez-nous de Lui, mais sous un autre non»!»

Avez-vous entendu?

Parlez-nous de Lui, mais sous un autre nom!

Ah! quel cri révélateur de tout un état d’âme et du déplorable système qui y a donné naissance. Jésus! Il le voulait cet homme! Son âme aspirait à plus de connaissance de cet être plein d’amour, de tendresse, d’humilité.

Tout dans la vie de Jésus l’attirait. Il avait soif d’en savoir plus long, mais le nom, lui était devenu odieux.

Le nom personnifiait le système, tout un ensemble de pratiques qui ne correspondaient pas à la vie de l’individu qui se disait chrétien et peu à peu il avait pris ces choses en dégoût!

Parlez-nous de Lui mais sous un autre nom!


Lecteur, dans quelle mesure ta vie a-t-elle éloigné quelqu’un de Jésus?


Y a-t-il quelque part dans le monde quelqu’un qui ne peut plus croire à cause de toi?

Quelqu’un chez qui ton inconséquence a tué la foi et qui s’est laissé entraîner après dans le péché, sans boussole pour le guider, à cause de toi?

S’il en est ainsi, arrête-toi pendant qu’il en est temps.

Va confesser à celui-là ton inconséquence.

Mets les choses au point.

Dégage la réputation de Jésus.

Va dire à celui que tu as conduit à l’incrédulité, que tu as été un faux disciple et que ton Maître était tout autre, que tu L’as représenté, que tu L’as trahi, mais que désormais tu vivras pour Lui, par Lui et comme Lui et que tu ne seras plus pour personne une occasion de chute.

À qui la faute?


* * *


Chrétien qui aspire au Réveil dans notre France, là est le secret du Réveil.

À qui la faute, s’il n’y a eu de réveil chez moi, dans ma localité?

Cherchez et vous trouverez!

En avant 1910 02 19



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