L’ACTION DE DIEU DANS LA VIE D’UN JEUNE GARÇON
TÉMOIGNAGE PERSONNEL
Quand j’avais onze ans, je cherchais un jour des joujoux dans la chambre de ma mère. Dans mes recherches je touchai les vêtements de celle-ci. À mon grand étonnement j’entendis le son de pièces de monnaie qui se trouvaient dans ses vêtements. Immédiatement j’éprouvais le désir de contempler ces pièces.
Parmi elles Se trouvait une pièce de cinq centimes qui attira tout particulièrement mon attention. «Si je la gardais pour moi», pensai-je, ma mère ne s’en apercevrait guère, car elle a encore tant de pièces semblables!
Mais la voix de ma conscience me parlait et m’accusait de vol.
Pour la première fois dans ma vie, une véritable lutte s’engagea dans mon cœur, entre le bien et le mal. Cependant, à plusieurs reprises, je mis cette pièce dans ma poche et l’en sortis aussitôt après; finalement elle resta dans mes mains. Peu après, cette même pièce, se «transforma» en une tablette de chocolat chez un confiseur.
Ma conscience m’accusait terriblement. Volontiers j’aurais remis cette pièce à sa place, mais je ne l’avais plus. Alors j’essayais de tranquilliser ma conscience en me promettant de rendre à ma mère ces cinq centimes dès que je les aurai et de demander pardon de la faute commise.
Quelques jours après cet incident je retournai dans cette même chambre; malgré les battements de mon cœur, je cherchai de suite dans toutes les poches pour trouver de l’argent et pour mon propre malheur, je trouvai ce que je voulais, mais cette fois-ci, ce fut une pièce de dix centimes qui resta dans mes mains.
À partir de ce jour, j’étais livré au mal.
La valeur des pièces volées augmentait constamment. Au bout de peu de temps, j’étais tombé si bas que je volai à mon père, tandis qu’il faisait son petit sommeil d’après-dîner, la clef du tiroir qui contenait l’argent et qu’il tenait dans sa poche. Je pris de l’argent et remis la clef dans la poche de mon père sans qu’il s’aperçût de quoi que ce soit.
Les luttes avec ma conscience augmentaient au fur et à mesure que ma force de résistance contre ma passion diminuait. Il m’est impossible de dire combien souvent j’ai concentré toute la force de ma volonté pour résister aux tentations et combien souvent j’ai pleuré sur moi-même, c’est-à-dire sur mes fautes et mes transgressions.
Mes remords de conscience devinrent affreux et insupportables.
Chaque bruit me remplis sait d’effroi. Dans le bruissement des feuilles de la forêt il me semblait entendre les mots: voleur! voleur! et les moineaux sifflaient: «voleur! voleur!» J’avais surtout peur de la police, sans parler de mes parents.
Jour et nuit, j’étais tourmenté par ma conscience, tellement, que j’en devins malade. Un jour, je fus invité par un ami à une réunion d’enfants de l’Armée du Salut, je m’y rendis volontiers.
À mon grand étonnement on y parla de la passion du vol. J’étais convaincu que l’Officière qui nous expliquait la Bible savait que j’étais un voleur. Ma surprise grandit encore quand j’entendis que notre cher Sauveur pouvait nous délivrer de tout mal si nous voulions Lui donner notre cœur et faire Sa volonté
Ces paroles me réjouirent au-delà de toute expression. Aussi est-ce à peine si je pus attendre la fin de la réunion pour Lui donner mon cœur, ainsi que mon tout et décider de Le servir avec un amour sans partage.
Comme si j’avais eu des ailes, je volais à la maison et dans la même chambre où j’avais commis le péché, je me jetai à genoux, afin de donner mon cœur à ce Sauveur dont je venais d’entendre parler.
À partir de ce moment je n’ai plus jamais été indélicat. Avec une joie particulière je pus chanter ce verset:
Toute chaîne est brisée!
Toute entrave a disparu.
Alléluia! je possède
Liberté et plein salut!
Pendant deux ans je suivais les réunions de l’Armée du Salut. Malheureusement je fus alors contraint à suivre le catéchisme de l’Église nationale et ainsi, toute possibilité de suivre encore les réunions de l’Armée du Salut, me fut enlevée.
Bientôt ma foi en Jésus-Christ, le sauveur des pécheurs, me fut ravie et le «philosophe de Nazareth», un homme mortel comme moi-même vint prendre sa place. Cependant il était resté dans ma mémoire quelques versets que j’avais appris autrefois et que je me plus à me chanter à moi-même. Le souvenir de ces paroles m’a aidé après une période de douze ans à revenir à ma foi d’autrefois.
Pourquoi pas plus tôt?
Le pasteur chez qui j’allais au catéchisme était professeur de théologie aux universités de X et Y et avec cela il était libre-penseur. Il niait les attributs de Jésus-Christ comme Fils de Dieu et affirmait qu’il ne possédait nullement le pouvoir de délivrer les hommes de leurs passions.
Bien qu’au commencement je combattis vivement cette doctrine dans mon cœur; par la suite je voulus quand même essayer d’orienter ma vie d’après les principes de mon pasteur.
Cet essai donna lieu à une véritable gymnastique de volonté de ma part en ce qui concernait mes fautes et mes passions. Je martyrisais mon corps en jeûnant et en me privant du sommeil, afin d’en devenir maître. Partout on admirait ma force de volonté, mais surtout en France. Malgré cette énergie, je dus bientôt constater qu’elle était insuffisante pour résister aux tentations.
Enfin je vins à Paris. Depuis de longues années, je n’avais plus assisté à aucun culte. Je considérais comme inutile et fou d’écouter la plus belle des prédications qui ne fait qu’augmenter la soif d’un idéal élevé sans nous fournir le moyen de le réaliser. Chaque fois, après avoir assisté à un culte, j’étais plus mécontent de moi-même qu’au paravant. Lorsqu’un jour, j’eus l’occasion de lire ces mots:
ARMÉE DU SALUT
166, rue Montmartre.
Les doux souvenirs de mon enfance me revinrent à la mémoire, mais surtout les heures dans lesquelles je servais mon Sauveur de tout mon cœur. Je me rendis à une réunion.
Quoique je ne pouvais comprendre beaucoup de français les paroles que Jésus pouvait délivrer de tout mal, si nous voulons Le servir de tout notre cœur, me frappèrent et me poursuivèrent jour et nuit, ces mêmes paroles me revinrent à la mémoire.
Combien j’aurais aimé répondre à l’appel, mais ma cupidité et la soif d’honneur devant les hommes m’empêchèrent de faire le pas. Je me rendais fort bien compte de ce que veut dire «être un disciple du Christ».
La pensée de mes parents, qui espéraient que je viendrais de Paris avec une connaissance plus complète de mon métier et muni de quelques diplômes de capacité pesait aussi dans la balance.
Un enfant de Dieu ne peut plus calculer avec ces circonstances.
Après trois jours je me décidai à perdre tout, à braver la moquerie et le mépris, plutôt que de traîner plus longtemps les chaînes de mes passions.
Dans une réunion qui eut lieu dans cette même salle je me jetai aux pieds de mon Sauveur pour réclamer le pardon de mes péchés et Le prier de m’accepter comme Son serviteur pour toute ma vie.
Dieu Lui-même demande maintenant à Son enfant de vouer toutes ses forces à Le glorifier dans son travail journalier. Je ne l’ai jamais regretté depuis.
À partir de ce moment-là, Dieu me conduisit merveilleusement.
Heure après heure et jour après jour je puis constater que l’Esprit de Dieu agit en moi et autour de moi dans toute circonstance. Ma joie intérieure n’a point de bornes.
J’ai soif de faire mieux la volonté mon Père Céleste, afin d’être apte à conduire d’autres âmes angoissées et esclaves de leurs passions à notre Sauveur Jésus-Christ.
Gottlieb Pfaffhauser.
En avant 1910 02 12
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