Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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FLUCTUAT NEC MERGITUR!

ADMIRABLE ATTITUDE DE LA POPULATION PARISIENNE EN FACE DU DANGER

«LES FORCES MORALES ONT DÉPASSÉ TOUTES LES ESPÉRANCES.» (Le Temps.)


Aujourd’hui que le danger immédiat est conjuré, que la crue a cessé et que l’on commence à respirer, une constatation s’impose à tous: c’est l’attitude admirable de la population parisienne au cours du désastre.

Calme, héroïque d’abnégation et de dévouement, gardant sa bonne humeur au sein du danger, elle a, par cette attitude digne, par son sang froid, contribué pour une très large part à la solution difficile du douloureux problème qui s’imposait à tous. Une fois de plus elle a étonné le monde.

Les journaux étrangers sont unanimes sur ce point.

L’Allemagne écrit:

«Un profond mouvement de sacrifice et d'humanité rapproche dans la cité du malheur tous les citoyens et tous les partis. Cette force dans la douleur prouve mieux que toutes les critiques qu’il y a dans ce peuple un fond solide qu’aucun mal ne peut atteindre.»

Ailleurs, elle ajoute:

«Le peuple de Paris montre une puissance, une force de résistance admirables. Ce n’est pas la première fois que nous le voyons et nous savons comment pendant l’Année terrible ces Parisiens, réputés si frivoles, ont affirmé durant le siège une endurance héroïque qui a provoqué l’admiration de nos armées.»

Je mentirais si je disais qu’en ma qualité de Parisienne, je suis demeurée insensible à ces éloges. Il m’a plu surtout de constater que ce qui fait le fond de l'âme parisienne — ou française —cette force vive qu’elle recèle en son sein — qui est parfois si peu comprise — ait été vue sous son vrai jour. Et c’est à cause de cela que j’aimerais ajouter quelques mots à mes frères et sœurs de Paris.

Peuple de Paris que j’aime, non seulement parce que je suis une enfant du terroir, parce que ton cœur bat dans ma poitrine, que je vibre aux mêmes aspirations que toi, peuple de Paris que j’aime pour ta grandeur d’âme dans l’épreuve, pour ton joyeux courage dans l’adversité, pour cette puissance de dévouement qui s’ignore et se donne avec une telle simplicité qu’elle en devient de l’héroïsme, oh! peuple de Paris:


Pourquoi faut-il qu’à travers les siècles on t’ait privé de l’Évangile de Jésus-Christ?

Oh! pourquoi faut-il que la Source même de la Vie te soit demeurée cachée!


Tu eusses aimé avec passion le doux prophète de Galilée, tu l’eusses suivi avec l’enthousiasme juvénile qui est ta marque distinctive, oui, tu eusse aimé et servi Jésus-Christ si tu l’eus connu en réalité et sous son vrai jour.

Peuple de Paris, la forme que tu as rejetée parce qu’elle ne répondait pas aux aspirations de ton cœur, parce que tu ne sentais pas sous l’enveloppe palpiter la vie, n’est qu’une écorce sans sève.

Mais cette Sève, elle existe, cette Source qui fertilise c’est Jésus lui-même.

Lui, l’amour même, l’ami des petits et des humbles dont II faisait sa compagnie c’est Lui, Jésus, qu’il te faut.

Peuple de Paris, tu es fait pour comprendre cette glorieuse figure dont rien n’a pu encore altérer la beauté. Prends l’Évangile, lis-le et tu verras quelle découverte il sera pour toi! Laisse-moi à ce propos te rappeler le mot d’un de tes députés:

«Il s’en faut que notre peuple ait rejeté l’Évangile parce que c’est un livre trop connu. La vérité c’est qu’il ne le connaît pas.»

Peuple de Paris, Jésus t’appartient, ne te Le laisse pas ravir par quiconque au monde.

Peuple de Paris qui étonne aujourd’hui le monde par ta constance et ta bonne humeur dans l’épreuve, peuple de Paris qui déconcerte aujourd’hui ceux qui n’ont pas su voir que ce qu’ils appelaient «légèreté» était chez toi «jeunesse de cœur», mets-toi en contact avec Jésus-Christ et tu en étonneras bien d’autres par la fidélité de ta foi, par la profondeur de ton amour qui se donne sans marchander à qui a conquis son cœur!

Une Enfant de Paris.

En avant 1910 02 05


 

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