ÉTRANGE PRESCRIPTION MÉDICALE
Il y a quelques années, une dame — qui m’a raconté elle-même cette histoire — alla consulter un célèbre médecin à New-York.
C’était une personne de tempérament nerveux et les maux dont elle souffrait l’avaient fatiguée et troublée à tel point que sa santé en était ébranlée et sa raison menacée. Après que le docteur l'eut examinée et questionnée, il lui fit cette brève prescription
— Madame, CE DONT VOUS AVEZ BESOIN C’EST DE LIRE ATTENTIVEMENT VOTRE BIBLE.
— Mais, docteur! commença-t-elle.
— Rentrez chez vous et lisez la Bible une heure chaque jour, réitéra le savant médecin avec un ton de douce autorité, puis revenez me voir dans un mois. Et il la congédia sans qu’elle put faire de nouvelles protestations.
Au premier moment elle fut presque fâchée; puis elle réfléchit que la prescription n’était pas coûteuse. Il y avait longtemps d’ailleurs qu’elle ne lisait plus la Bible régulièrement et qu’elle sentait sa conscience un peu troublée.
Elle avait laissé les devoirs matériels envahir le temps consacré à la lecture de la Bible et à la prière, elle rentra donc chez elle et se mit consciencieusement à essayer de suivre le conseil du médecin.
Au bout du mois elle retourna à la consultation.
— Eh bien? lui dit le docteur en souriant, je vois que vous avez été une malade obéissante et que vous avez fidèlement suivi ma prescription. Avez-vous besoin d’un autre remède maintenant?
— Non, docteur, répondit-elle honnêtement. Je me sens une toute autre personne; mais comment avez-vous pu deviner ce dont j’avais besoin?
Avant de répondre, le médecin se tourna vers son pupitre sur lequel se trouvait une Bible annotée et usée.
— Madame, dit-il avec un profond sérieux, SI J’OUBLIAIS DE LIRE CE LIVRE, je perdrais la source de ma force et de mon habileté. Je n’entreprends jamais une opération sans l’avoir consulté, je n’ai jamais été préoccupé d’un cas grave sans trouver de l'aide dans ces pages.
Vous n’aviez pas besoin de remèdes, mais de paix et de force et je vous ai indiqué la source où je puise moi-même.
— Cependant, docteur, je vous confesse que j’ai été bien près de ne pas vous obéir.
— Peu de personnes veulent croire à l’efficacité de ma prescription, dit le docteur en souriant. Il y a cependant beaucoup de cas, je l’observe dans ma pratique, où elle ferait merveilles; seulement les malades voulaient la suivre.
Docteur Emma Drake
En avant 1910 01 22
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