DE
1909
À 1910
SOUS LE REGARD DE L’ÉTERNEL
Nous sommes au 31 décembre, encore quelques heures et 1909 ne sera plus.
Au sein de l’animation coutumière en ces jours de fin d’année, des divers coins de Paris et de la banlieue des Salutistes pressaient le pas pour se rendre à la Salle des Boulevards. Les gens affairés qu’ils avaient croisés en route et qui se rendaient dans des lieux de plaisir divers eussent été bien étonnés s’ils avaient eu la curiosité de suivre ces Salutistes, mais sûrement ils auraient été pénétrés de l’influence bienfaisante — parce que divine — qui se répandit parmi nous dès le début de la soirée.
C’est une bonne et fortifiante habitude dont nous avons une fois de plus goûté la douceur que celle que nous avons dans notre chère Armée:
– de nous réunir pour passer les dernières heures de l’année sous le regard de l’Éternel,
– de sonder nos cœurs et nos voies, examiner l’état de notre être spirituel, juger nos vies à la lumière de Celui dont les yeux sont trop purs pour voir le mal,
– de réclamer Son pardon pour ce qui n’a pas été à Sa gloire au cours de l’année écoulée et entrer dans celle qui s’ouvre avec de nouvelles forces et un nouveau courage.
De cet examen de conscience annuel, nous sortons toujours plus forts pour la lutte, et surtout plus pénétrés de la tendresse de notre Dieu à notre égard, tendresse dont nous avons chaque jour des preuves sans nombre et un immense sentiment de reconnaissance emplit nos âmes pour tant d’amour immérité.
Une autre pensée fortifiante vient en nos cœurs en ce jour, c’est le fait que tout autour du globe, des milliers et des milliers de camarades blancs, noirs, jaunes et rouges, sont à la même heure prosternés devant Dieu dans un même sentiment d’adoration, d’amour et de reconnaissance.
Pour nous salutistes parisiens ces dernières heures de 1909 furent bien spécialement des heures de silence en ce sens que nous nous sommes surtout efforcés de faire silence en notre âme et que tout dans cette soirée: prières, chants, témoignages, allocutions du Colonel et autres, tout, dis-je, a contribué à ce résultat.
Inutile de dire que c’était par excellence le résultat désirable et ardemment désiré de tous.
La réunion s’ouvrit par le chant du beau cantique:
Toute la nuit je veux rester
Pour te chercher jusqu'à l'aurore.
Un grand esprit de solennité règne parmi nous dès le début.
Spontanément les prières montent vers Dieu. On sent que chacun s’approche de Lui sans contrainte. Un autre chant, conduit par le Brigadier et ce sont maintenant des cantiques d’actions de grâces qui s’élèvent vers l’Éternel et jaillissent spontanément du cœur des camarades qui n’ont pas été appelés à le faire. La réunion a été laissée ouverte en effet aux témoignages libres afin, dit le Colonel, «de permettre à ceux qui sont poussés par l’Esprit à rendre gloire à Dieu et à Lui témoigner leur reconnaissance pour Sa merveilleuse bonté»
À peine, cette permission a-t-elle été donnée qu’un jeune camarade sauvé le 17 juin dernier dit avec conviction et chaleur sa reconnaissance à Dieu et à l’Armée qui lui apporta le salut — matériellement et moralement.
Une amie lui succède, puis la plus jeune fille de nos Colonels, un camarade de Montparnasse, puis un second attiré à l’Armée par un prospectus et aujourd’hui Candidat!
Et la série se continue.
La place nous manque pour les relater ici même imparfaitement mais en tous cas, ils étaient tous vécus, sentis, vivants et ont béni et réconforté tous ceux qui les ont entendus. La note de la gratitude les dominait tous.
L’Adjudante Metzgeretla Major Coste nous adresse quelques paroles bien senties.
Le Brigadier chante la bonté de Dieu qui s’est manifestée envers lui et sa famille même au sein de l’épreuve et de la maladie où il a entendu Jésus dire: ne crains pas, c’est Moi.
Aussi nous invite-t-il, «oubliant ce qui est en arrière» à monter plus haut dans cette vie de foi et de consécration. La Colonelle a été encouragée par les témoignages de nos camarades soldats et une pensée s’est imposée à nouveau à son esprit c’est que Dieu peut réellement garder dans toute circonstance si difficile soit elle.
La Colonelle rend témoignage à la bonté de Dieu à son égard chaque jour. Ses difficultés sont d’un autre genre que les nôtres, mais elles existent quand même. Elle rappelle à ce propos que: LES PLUS GRANDES CHUTES VIENNENT SOUVENT D’UNE TOUTE PETITE INFIDÉLITÉ à laquelle nous n’avons pas pris garde et dont le diable profite pour nous conduire au désespoir, d’où nécessité d’être fidèle dans les petites choses et de ne jamais croire qu’un travail est insignifiant aux yeux de Dieu.
Un
beau
solo de l’Adjudant Van der Hoven:
Oui, toujours le même!
et le Colonel nous adresse les recommandations de l’apôtre Paul
aux Corinthiens:
Examinez-vous
vous-mêmes...,
éprouvez-vous vous-mêmes.
Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous?»
Recommandations bien à leur place à la fin de l’année.
C’est ce même apôtre qui pouvait dire à la fin de sa carrière: «J’ai combattu le bon combat j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi», mais il savait que le cœur humain est désespérément malin d’où ses recommandations qu’il s’adressait à lui-même également. Il est donc nécessaire de dire à Dieu: Eclaire mon âme, montre moi où j’en suis quant à mon zèle, ma consécration, mon amour de la prière etc.
S’examiner soi-même est nécessaire dans tous les domaines par conséquent aussi quand il s’agit de choses aussi importantes que celles qui regardent notre vie spirituelle.
Une illustration pratique montra avec évidence l’absolue nécessité d’examiner toute chose, pour ne pas risquer une catastrophe. Quelle terrible constatation ce cesserait si nous arrivions à la fin de notre carrière à voir que nous avons travaillé en vain que notre cœur s’est illusionné. D’où la nécessité de faire la revue de son cœur, non pas de loin en loin, mais CHAQUE JOUR.
Il n’est pas nécessaire d’attendre le 31 décembre
pour mettre les choses en règle, mais:
NOUS DEVONS LE FAIRE DÈS QUE L’ESPRIT NOUS PARLE.
Le désir de Dieu est que chacun entre dans la nouvelle année entièrement libre, mais il faut avec Dieu une grande précision. Des bénédictions sont en réserve pour ceux qui disent: «Me voici» et se mettent tout à nouveau et entièrement sur l’autel.
Moments tout spécialement solennels, Dieu est parmi nous, parlant individuellement à chaque cœur et chacun Lui parle. Le but du Colonel était justement d’amener chacun à traiter personnellement avec le Seigneur et ce but fut atteint. Les âmes s’avancent spontanément une à une.
L’influence bénissante augmente.
On sent que des alliances nouvelles se concluent avec l'Éternel, des fardeaux sont abandonnés, des résolutions sont prises et une atmosphère de liberté nous enveloppe. On réalise que toute résistance a cessé et que chacun quitte cette salle désireux d’obéir complètement à Dieu au cours de 1910.
Puissent tous ceux qui ont pris des engagements devant Dieu ce 31 décembre se rappeler à l’heure de la Tentation, que la Force et la Victoire sont en Lui et qu’Il a dit Lui-même:
«DEMEUREZ EN MOI ET JE DEMEURERAI EN VOUS.»
En avant 1910 01 15
Table des matières |