UN
OBSTACLE AU RÉVEIL
ENTRE
PLUSIEURS...
Un exemple fera mieux comprendre ma pensée:
Lors de la campagne du Colonel Cooke à Paris, une personne vint me faire une confession. Elle s’était rendue coupable vis-à-vis de moi — des années auparavant — d’une infâme calomnie et bourrelée de remords, elle me suppliait de la pardonner.
Je dis à cette personne que je n’avais pas à la pardonner, la chose étant faite pour moi depuis des années, depuis le moment où j’avais appris le fait et que, si je ne lui en avais pas parlé c’est que j’avais remis la chose à Dieu, le suppliant de parler à sa conscience.
Bien j’avais souvent prié pour elle, chaque fois que son nom me revenait à la pensée — ou que la blessure de mon âme s’ouvrait à nouveau sous le coup d’une circonstance ou d’une autre —, car le fait d’avoir pardonné n’impliquait pas que je ne souffrais pas.
Depuis quelques jours déjà, j’avais ajouter son nom à ma liste de prière et que je voulais l’y laisser malgré cet exaucement, car l’Esprit de Dieu m’avertissait qu’elle avait encore plus besoin de mes prières qu’auparavant.
Inutile que je dise que durant les années où cette personne avait porté ce fardeau sur sa conscience — sa vie spirituelle s’était graduellement éteinte — sa foi avait sombré, le doute l’assaillait parfois cruellement et elle réalisait après beaucoup d'autres, que:
ou la prière, empêche l’homme de pécher
ou le péché empêche l’homme de prier!
* * *
Plusieurs jours après je reçus une lettre douloureuse malgré ce retour à Dieu, semblait-il, j’expliquerai plus loin mon «semblait-il» la paix n’était pas revenue dans cette âme et elle se demandait si Dieu ne s’était pas à jamais retiré d’elle.
Dans chaque réunion où je la rencontrais, sa physionomie troublée, malheureuse, était un indice suffisant pour m’avertir que la question n’était pas résolue avec Dieu. Je priai pour elle avec plus d’intensité.
Rien, toujours rien!
Je résolus de lui poser la question directement.
Elle me dit, en effet, être très malheureuse et énuméra un certain nombre de circonstances extérieures qui, selon elle, en était la cause. Mais, je sentais très bien, que celle-ci était autre. Enfin, après bien des luttes, elle finit par avouer qu’elle nourrissait en son cœur une haine profonde et invétérée contre quelqu’un qui lui avait très gravement manqué.
Il faut dire pour être juste, qu’à vues humaines, elle avait toutes les bonnes raisons pour haïr et haïr jusqu’à la mort, comme on dit dans le monde.
Mais, C'EST-LÀ LE POINT DE VUE DU MONDE ET DU DIABLE, mais le point de vue de Dieu qui nous a ordonné d’aimer nos ennemis est autre.
Cela elle le savait théoriquement, mais elle déclarait la chose impossible. Puisque Dieu m’avait permis de mettre le doigt sur la plaie, je sentais de mon devoir d’aller jusqu’au bout:
— «Qu’auriez-vous fait, lui dis-je, si j’avais refusé de vous pardonner lorsque vous me l’avez demandé?
Sans une hésitation et avec une force qui prouvait l’intensité de sa conviction qu’il était de mon devoir absolu d’enfant de Dieu de pardonner, elle répondit:
— «J’aurai perdu totalement la foi!
— «Bien, repris-je. Si je ne vous avais pas pardonné j’aurais été une misérable. Mais que penser de quelqu’un qui sent tellement que c’est le devoir du chrétien de pardonner et qui, EN MÊME TEMPS qu’il prie Dieu et réclame Sa bénédiction et Sa présence en LUI CONVERVE — le sachant et le voulant — LA HAINE DANS SON CŒUR?
Que pense Dieu de vous?
Elle se leva et se jeta au banc des pénitents.
Là, elle pria sincèrement je le crois, mais d’une façon à réjouir le diable et il me semblait l’entendre ricaner à mes oreilles et, se frottant les mains de joie, s’écrier:
«Bien, mon amie! Continue à prier comme cela jusqu’à la fin des siècles si tu veux. Je te tiens quand même!»
Et, direz-vous, mais quelle prière avait-elle donc faite?
Oh! rien de bien criminel en apparence. Elle s’était contentée de répéter, même avec instance, «Seigneur, aide-moi!»
Or, dans le cas particulier, c’était je le répète, faire le jeu du diable.
Dieu n'avait pas à l’aider.
IL L’AVAIT FAIT. IL LUI AVAIT RÉVÉLÉ L’HORREUR DE SON PÉCHÉ, de cet esprit du «meurtrier» qui habitait en elle, en raison de la haine qu’elle portait à autrui. La part de Dieu était faite.
Elle avait à prendre position nette, précise, catégorique et à céder: à abandonner cette haine, à rompre d’une façon définitive avec toute pensée, tout sentiment de cette nature, à laisser Dieu couper, arracher, jusqu’à la racine.
C’ÉTAIT SE MOQUER DE DIEU, sans qu’elle s’en doute peut-être, que de réclamer le secours divin qui avait toujours été à sa disposition et qu’elle avait rejeté de parti pris.
Maintes fois, sous la forme de lumière personnelle dans sa conscience ou dans les réunions ou ailleurs, Dieu avait voulu l’aider mais elle avait refusé.
L’attitude qui convenait maintenant était celle de l’abanbon absolu et sans réserve. Elle avait à se placer sur l’autel et à laisser le feu du Saint-Esprit consumer son péché.
DIEU ATTENDAIT D’ELLE UNE DÉCISION PRÉCISE ET CATÉGORIQUE ET NON UN BON DÉSIR — si ardent et si sincère soit-il, se manifestant sous la formule: «Aide-moi!» qui n’est pas même toujours un appel au secours mais trop souvent une formule.
* * *
Un autre exemple: Dimanche dernier à la fin d’une réunion que je présidais, une personne, que je connais à peine et que je n’avais pas revue depuis des années, s’approcha de moi et réclama, elle aussi, mon pardon.
Il y a sept ou huit ans, un dimanche après-midi à la salle Auber, elle m’avait, paraît-il, mal reçue quand je m’étais approchée d’elle pendant la «pêche».
Je n’avais aucun souvenir de la chose et il aurait pu sembler que cet acte était une bagatelle, qui ne valait pas la peine d’être mentionnée. Mais LA CONSCIENCE EST FIDÈLE ET CHEZ CEUX QUI VEULENT L’ÉCOUTER elle rappelle soudain, après des années, un détail insignifiant et complètement oublié.
Dieu avait évidemment conduit cette personne dans notre salle dimanche dernier. En y entrant, elle s’informa du nom de la personne qui présidait et en apprenant que c’était moi elle fut mécontente: le souvenir de ce que je viens de rappeler lui étant revenu. Pourtant, elle resta, elle me raconta à la fin ce que viens de vous dire, car, ajoute-t-elle «j’ai été bénie d’une façon très spéciale et très pratique au cours de cette réunion». C'est ce qui l’avait conduite à me demander pardon.
* * *
Et maintenant une conclusion s’impose.
Ami, Camarade, qui que tu sois qui lis ces lignes, n’y a-t-il pas dans ta vie quelque «bagatelle» de cette nature qui, de même qu’un grain de sable introduit dans le rouage d’une montre l’empêche de marcher, empêche ton âme d’atteindre son plein épanouissement?
– Imite cette sœur mets les en règle sans plus tarder.
– Prends l’habitude d’obéir avec promptitude et sans différer aux impulsions de l’Esprit en toi et qu’aucun grain de sable n’empêche ton âme d’atteindre les hautes cimes de la vie d'union avec Christ qui est en réserve pour toi.
* * *
Et si tu étais assez malheureux pour avoir donné asile quelque part dans ton cœur à la haine, à un degré quelconque,
– si tu nourris contre quelqu’un un sentiment d’amertune, de vengeance,
– si tu as répandu sur ton frère le venin de la calomnie,
oh! alors, par amour pour ton âme, Arrête-toi immédiatement. Mets-toi à genoux là où tu es, implore le pardon de Dieu sur ton affreux péché et abandonne-toi sans réserve à Lui afin que le feu de son Esprit le brûle en toi jusqu’à la racine et, après, va implorer le pardon de celui que tu as offensé.
Ne t’imagine pas surtout que tu pourras retrouver la faveur de Dieu si, après avoir déchargé ta conscience d’une faute de cette nature, tu conserves encore en ton cœur, vis-à-vis de quelqu’un d’autre un sentiment de haine.
C’est relativement facile de confesser à un enfant de Dieu une calomnie qu’on a répandue sur son compte parce qu’on sait que son christianisme l’obligera à vous pardonner, ce qui ne veut pas dire que tu ne doives pas faire cette confession, si tel est ton cas.
MAIS CE QUI EST PLUS DIFFICILE
C’EST D’ARRACHER LA HAINE DE SON CŒUR.
Pour certains, c’est plus qu’une amputation en chair vive. Oui, c’est difficile, c’est peut-être même extrêmement douloureux, mais ce n’est pas impossible et en tous cas c’est absolument nécessaire. C’est ton devoir!
C’est une anomalie, c’est un sacrilège, de s’appeler enfant de Dieu, de Le prier et de haïr en même temps.
Ne l’as-tu pas senti toi-même?
Si tel est ton cas, non seulement tu te perds toi-même, tu empêches autrui de parvenir au salut, tu es un obstacle au Réveil.
Un dernier mot, aux chrétiens réveillés, conséquents, à ceux qui soupirent jour et nuit après la venue du Réveil en France, rappelez-vous que cette disposition est, hélas, plus fréquente qu’on ne le croit.
Attachez-vous à vous rendre compte si elle n’existe pas chez ceux dont vous avez la responsabilité spirituelle, aux âmes que Dieu a mises sur votre cœur et qui sont faibles, languissantes, parfois incrédules et demandez-vous:
Si la cause de cet état d’anémie spirituelle, ne réside pas dans quelque haine secrète et profondément dissimulée à tous les regards mais qui n’en absorbe pas moins les forces vives de ces âmes et annule tous les efforts que vous pouvez faire pour les réveiller.
Dieu vous donnera la réponse à cette question si vous la cherchez dans une prière persévérante et assidue et un obstacle au Réveil disparaîtra.
En avant 1910 01 15
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