L’ESPOIR DU MONDE
MERVEILLEUX message tout d’amour et d’espoir, descendu du ciel auprès des hommes. Quatre mille ans s’étaient écoulés depuis le jour où, par sa désobéissance, Adam avait introduit le péché dans le monde et où, malgré sa faute, Dieu lui avait dit que de la postérité de la femme sortirait la puissance libératrice.
Cette première chute, de combien d’autres ne fut-elle pas suivie!
Ce premier acte de rébellion ne portait-il pas en soi le germe d’autres péchés, le principe d’autres crimes bien plus hideux encore. Quelle sombre nomenclature de péchés, de haines, d’impureté, de sang versé, accomplis pendant ces quatre mille années!
Quelle insulte à la majesté divine, tout cet orgueil, tout cet égoïsme, toute cette vanité de la créature en guerre ouverte contre son Créateur! Mais Dieu n’est pas comme les hommes:
«Le ciel et la terre passeront, a-t-il dit, mais mes paroles ne passeront pas».
L’amour de Dieu, quel mystère insondable! quels bienfaits inépuisables!
Le premier message que prononcèrent les anges annonçant la venue du Christ fut un message de paix.
Paix! Ah! combien notre monde en a besoin!
L'homme d’affaires s’agite du matin au soir, travaille, souffre. Il est rempli d'anxiété; la véritable paix, il ne la connaît pas.
L’homme d’État s’occupe constamment à résoudre des problèmes plus ou moins difficiles, s’agite, s’émeut, bénit — ou maudit quelquefois — le pays aux destinées duquel il est chargé de veiller. Bien souvent, hélas! ses efforts sont vains et stériles, et au lieu de paix, c’est la guerre qu’il déchaîne sur son peuple.
Le financier est constamment préoccupé par la pensée des intérêts qu’il représente: hausse, baisse, fluctuations, désastres; son âme connaît tout, excepté la paix.
L’homme du monde, esclave qu’il est de la société et de son code aussi rigide souvent que ridicule et mesquin, est constamment prosterné devant ce Baal; que de coups de griffes, que de déchirures, que d’atteintes à son amour-propre, que de déboires! Il boit à toutes les sources, excepté à celles qui pourraient, en le désaltérant, lui donner la paix et le bonheur.
Il vous est né un Sauveur...
Vingt siècles ont passé depuis que les envoyés célestes apportèrent aux hommes ce beau message de paix! Et, cependant, combien elle est loin de régner sur la terre!
Quelle sanglante ironie que ces torrents de sang versés en ce moment (en 1904) sur les plaines mandchouriennes par les troupes du tsar de la paix et celles du Mikado représentant de la civilisation moderne en Orient.
Faut-il en déduire que le message des anges était une vaine espérance, un mythe?
Loin de là! Vous n’avez qu’à étudier l’histoire des premiers siècles de l’Église.
Quels torrents de paix furent alors déversés sur le monde!
Que de milliers d’hommes et de femmes qui, jusqu’alors, vivaient dans le péché et la débauche, ou bien étaient plongés dans les ténèbres de la superstition et de l’idôlatrie avec tous ses vices, trouvèrent aux pieds du Christ la paix de leur âme.
Quelles transformations tout aussi soudaines que merveilleuses, telles celle de Paul de Tarse, ce grand persécuteur des chrétiens, touché, terrassé, transformé, sauvé sur le chemin de Damas; ou encore celle d’Augustin, ce beau discoureur païen, dont la vie était remplie de souillures, mais qui, saisi par la puissance de Dieu, fut complètement transformé et mérita plus tard l’appellation de saint.
Lisez les Épîtres, sondez les Écritures et vous verrez quel suave parfum de paix s’en dégage, quelle sublime beauté ils révèlent, quel charme, quelle paix!
Et depuis, au travers des siècles, cette glorieuse phalange d’hommes et de femmes, la plupart faibles, ignorants, tous pécheurs, bien souvent, hélas! vicieux, qui, ayant été sauvés, transformés par la grâce de Dieu, marchèrent sous la bannière du Christ, déployèrent l’étendard de la sainteté et comptèrent comme l’une des plus grandes joies de souffrir et de mourir pour la cause de leur Maître.
Mais il n’est pas nécessaire de remonter si loin; regardons auprès de nous, que de témoins Dieu ne s’est-il pas suscités pendant ces dernières années, et, pour ne parler que de l’Armée du Salut, cette phalange macédonienne du Christianisme moderne, que de milliers pourraient dire: la paix dont Dieu a rempli leur âme, la joie qui inonde leur cœur, la flamme d’espérance qui les soutient et la foi qui les rend vainqueurs.
Paix! ce mot magique, qui avait souvent frappé leurs oreilles, seulement, hélas! pour leur faire comprendre combien leur âme y était étrangère et combien vains étaient tous les efforts qu’ils faisaient pour l’obtenir jusqu’au jour où ils furent subjugués par l’amour et la puissance du Christ, annoncé par les bergers de Bethléem.
Aussitôt une profonde paix remplit leur âme et les douces larmes de la reconnaissance et de la joie remplacèrent celles de l’amertume et du désespoir.
PAIX SUR LA TERRE!
Remarquez-le bien, lecteur, ce n’est pas seulement dans le ciel mais ici-bas, que Dieu peut et veut vous la donner.
La possédez-vous, celte paix?
Si non, demandez-vous bien quelle est la cause de votre anxiété, de vos tourments, de vos luttes; est-il sage que vous continuiez sur la pente fatale du péché, puisque vous savez que celui-ci ne laisse qu’amertume dans votre cœur et qu’au bout du chemin vous attendent le désespoir et la ruine éternelle.
«Le salaire du péché, c’est la mort»; pourquoi continuer à servir le monde, à vivre dans le mal, à maudire au lieu de bénir, à corrompre au lieu de sanctifier?
Bien des fois vous avez déjà entendu le doux message; mais pour vous ce n’était qu’un écho lointain, un doux zéphyr caressant votre âme; Noël passé, il n’en restait plus rien!
Béni soit Dieu de ce qu’une autre occasion vous est donnée d'éprouver enfin que le message angélique est pour vous, pour votre âme, pour votre cœur troublé.
C’est à vous, que les anges disent:
«Paix sur la terre, bonne volonté parmi les hommes».
Voulez-vous être de bonne volonté?
Voulez-vous abandonner le mal?
Voulez-vous servir Dieu?
De la réponse que vous donnerez à ces questions dépendent la paix de votre âme et son salut éternel. Plût à Dieu, que vous célébriez ce Noël béni en livrant votre âme à Dieu, afin qu’il la sauve.
Quant à vous, cher camarade, cher frère, cher ami qui avez déjà goûté les joies du Seigneur, mettez à profit cet anniversaire de la naissance de Jésus, pour vous reconsacrer tout entier à Son glorieux service. À tous, Noël béni, Noël heureux, Noël de paix. «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, c’est le Christ, le Seigneur écoutez-le.»
Paris, le 24 décembre 1904.
Ulysse Cosandey.
En avant 1904 12 24
Table des matières |