LE RÉDACTEUR DU JOURNAL JAPONAIS
Un ami du peuple. — Comment il entend son émancipation. — Ce qu'il fait pour cela.
Homme jeune, à la physionomie intelligente, aux idées précises sur le but à atteindre, on sent qu’on a affaire à quelqu’un qui sait ce qu’il veut. Jugez-en plutôt vous-mêmes:
«J’avais quatorze ans, dit-il, quand je quittai ma famille pour aller à Tokyo dans le but de poursuivre mes études et de me rendre plus utile ensuite. Mais, les ressources me manquant, puisque je m’étais éloigné des miens, je pris du travail chez un imprimeur.
À seize ans, je fis la rencontre de missionnaires chrétiens que j’allai entendre, et j’acceptai le salut. J’éprouvai immédiatement le besoin de le répandre et de consacrer ma vie à l’Évangélisation de mes compatriotes. Mais comment?
Les Églises me firent des offres, mais je ne voulais pas devenir prédicateur. Je sentais très bien que mon œuvre, à moi, c’était de travailler parmi le peuple, de partager sa vie, de le connaître et de l’amener à Dieu en vivant à son contact et en lui donnant l’exemple d’une vie pure.
Apprenti charpentier à 23 ans par amour du peuple, je m’offris donc comme apprenti charpentier à un patron. Surprise de celui-ci. Un homme de 23 ans, s’offrir comme apprenti, il n’y comprenait rien!
Je lui expliquai mon but: Je veux, lui dis-je, travailler au milieu de vos ouvriers et le soir, au lieu d’aller boire, fumer et m’amuser avec eux, je leur parlerai du glorieux salut de Jésus que j’ai accepté, qui a transformé ma vie et qui peut transformer la leur et leur donner la victoire sur toute passion.
La proposition lui plut: notre jeune Japonais fut accepté et sa joie fut grande. Mais l’Armée du Salut arrivait au Japon. Il alla voir ces gens qu’il trouva un peu bruyants. Ils ne comprendront rien à mon peuple, se disait-il. Comment peuvent-ils saisir nos besoins, se rendre compte de notre état d’âme et approprier leurs manières et leurs méthodes à ce qu’il nous faut?»
Il vit bientôt qu’il s’était trompé et que ses méthodes convenaient merveilleusement aux besoins du peuple. Sa conviction fut telle qu’il sentit que c’était non seulement son devoir, mais son privilège de s’offrir comme Cadet dans l’Armée du Salut.
Il est aujourd’hui Capitaine d’État-Major et rédige notre Journal salutiste japonais.
Fidèle à sa vocation, il travailla dans les lignes que Dieu lui avait fixées lors de sa vocation.
Il a, comme ses jeunes compatriotes, le plan bien arrêté de donner une nouvelle impulsion à son pays, mais il pense avec raison que ce qui doit produire le développement du Japon, ce n’est pas tellement le contact avec les peuples occidentaux que l’Évangile de Jésus-Christ;
CAR LE SALUT EST LE REMÈDE À TOUS LES MAUX.
Les Japonais sont très accessibles au Salut, du reste. Un fait entre plusieurs en donnera la preuve en même temps qu’il mettra en évidence cette vérité devenue banale dans les paroles, mais à laquelle on songe trop peu souvent dans la pratique: à savoir, que l’âme humaine, le cœur humain, dans quelque poitrine qu’il bat, quelle que soit la couleur de la peau de l’individu ou sa civilisation, CETTE ÂME ET CE CŒUR SONT LES MÊMES PARTOUT et accessibles aux mêmes sentiments, rongés hélas par les mêmes péchés et aussi, béni soit Dieu! capables d’être sauvés et transformés par le même simple mais sublime remède: la foi en Jésus le Sauveur, le précieux sang du Calvaire.
Écoute cet exemple, ami lecteur, et si tu es dans ce cas ou dans un autre similaire, agis comme cet individu, avec la même loyauté, et tu seras comme lui libéré de ton esclavage.
* * *
Remarquables conversions d’un étudiant de Toldo, de son père, ivrogne invétéré et d’un de ses amis, esclave aussi de la bouteille.
Il y a quelques années, raconte notre confrère japonais, je pris avec moi quelques soldats pour tenir une réunion en plein air, (réunion qui dura une journée entière). Parmi nos auditeurs se trouvait un jeune étudiant qui avait été très attentif. Il vint le lendemain me trouver pour me demander quelques explications complémentaires, comprit le salut et se donna immédiatement à Dieu.
Sa vie fut radicalement transformée et, obéissant à l’appel divin, il devint soldat de l’Armée du Salut. Son père qui habite la campagne, à une distance très éloignée, était alors un terrible ivrogne.
Venu à Tokyo visiter son fils, il fut frappé du changement extraordinaire opéré dans sa vie, en demanda la cause. La réponse de son fils le surprit, mais bien qu’il ne comprît pas très bien ce que celui-ci lui avait expliqué, il éprouva pourtant le besoin de venir remercier les Officiers de l’Armée du Salut.
Mais il avait été tellement frappé que, de retour chez lui, il se décida à revenir à Tokyo s’informer plus exactement de cette grande chose qu’est le Salut de Jésus-Christ.
Il fit pour cela 250 kilomètres.
Qu’en dis-tu, ami lecteur?
Toi qui as à ta portée tous les moyens possibles d'être éclairé, pourquoi les négliges-tu?
* * *
Après avoir lu une édition populaire de l’Évangile, il se mit à genoux, pria Dieu de changer son cœur et devint en réalité un homme nouveau.
Jugez-en par ce résultat immédiat.
C’était la fin de l’année. Or, il est d’usage, à l’occasion des visites du premier de l’an, d’offrir du vin à tous ses amis. Mais, ayant compris que la boisson est un tel fléau, il se décida à le supprimer tout à fait, non seulement pour lui, mais pour ses visiteurs.
Un de ses amis, non moins terrible ivrogne, lui demanda ce qui lui était arrivé et il lui expliqua le Salut. Ne comprenant pas non plus très bien, mais estimant la chose importante, ils partirent tous deux pour Tokyo, firent de nouveau ce voyage de 250 kilomètres, et il fut lui aussi sauvé.
Beaucoup de Japonais, ajoute notre intéressant narrateur, soupirent après le salut.
Ajoutons pour terminer que la première attaque de l’Armée du Salut au Japon date de huit ans; que l’œuvre a prospéré dans des conditions remarquables, en particulier la branche sociale qui compte une Maison de Relèvement qui a reçu plus de 12.000 filles, l’Asile pour prisonniers libérés, une Oeuvre pour matelots et la Ligue de Miséricorde. Cette oeuvre est très appréciée du peuple qui sent que nous l’aimons véritablement, et des autorités qui reconnaissent la haute valeur de notre organisation au point de vue du relèvement moral et social de la nation.
En avant 1904 06 25
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