Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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APPRENDS-NOUS À BIEN COMPTER NOS JOURS

(Authentique)


Partie avant l’aube par un beau matin du mois de juillet, une joyeuse société locale gravissait une des pentes rocheuses de la Suisse. Le soleil commençait à poindre au-dessus des cimes voisines, lorsque cette jeunesse arriva au point culminant. Tout dans la nature annonçait une belle journée; les gouttelettes de rosée perlaient sur l’herbette émaillée d’une flore ondoyante; le grillon se réjouissait une fois de plus, semblait-il, du vrai dicton: «Pour vivre heureux, vivons cachés», et dans la ramée les oiseaux faisaient entendre leur chant matinal:


TOUT DANS CETTE BELLE NATURE LOUAIT LE CRÉATEUR.


Au sein de notre petite bande se trouvait un jeune homme au visage plein d’entrain, et qui amusait par plusieurs naïvetés ses camarades. L’un après l'autre, ils s’assirent pour respirer et déguster une partie de leurs provisions. Ils se réjouissaient de la rentrée au foyer, afin de pouvoir conter à leurs parents les joies du voyage.

Quant à notre boute-en-train, il s’applaudissait du projet formé de s’unir à ses amis fanfaristes à la sortie de la gare.


L'homme propose et Dieu dispose.

Après s’être restaurée, la bruyante compagnie se remit en route; folâtrant, gambadant, excitée peut-être par quelques fortes libations. Les voici aux abords d’un précipice; ils se rangent en file indienne pour le côtoyer. L’un après l’autre, ils se penchent au-dessus de l’abîme, inspectant le fond et fouillant du regard l’infini. Les parois perpendiculaires, entrecoupées de roches et de troncs d’arbres, présentaient l’aspect d’un récent cataclysme; tandis que dans le fond, à plus de trois cents mètres s’ouvrait un gentil petit vallon.

Notre petite phalange, était par l’admiration, invitée à contempler cette scène, lorsque tout à coup un corps glissa sur l’herbe fraîchement humide et fit entendre ces derniers mots: Ô mon Dieu! Qu’est-il donc arrivé...?

Du joyeux trio, un des infortunés a disparu, et, tandis que poursuivant sa course, les deux autres camarades se perdent en conjectures, blêmes, tremblants, ils n’osent se parler; ils ont reconnu enfin que c’était le boute-en-train qui avait été précipité dans l’abîme. Ces mots: O mon Dieu! ils les ont compris et chacun de se dire: «Elle fleurit le matin et elle passe, On la coupe le soir et elle n'est plus

Puis, rassemblant leur peu de force, ils vont avertir leurs camarades restés en arrière; l’un après l’autre, ils descendent la pente rocheuse, cherchant la trace du malheureux, quand soudain...Ô horreur! ils ne trouvent que des débris de chair humaine. Tandis qu’au village la nouvelle se répandait, on plaçait dans son cercueil le corps de celui qui avait trépassé.

Il n’avait qu’une vingtaine d’années, lorsque la main froide delà mort vint l’arracher aux siens.

SES JOURS ÉTAIENT COMPTÉS, et, comme l’humble fleur s’ouvrant le matin, par une main impitoyable il avait été cueilli; emporté par le vent, son corps avait disparu, tandis que son âme immortelle ne commençait qu’à vivre! ! MAIS DE QUELLE VIE! !

Mon frère, ma sœur, qui que tu sois, ici-bas tu gravis la montagne de ta destinée. Tu côtoies et sondes le gouffre de tes problèmes incalculables, tu te ries et te joues de l’avenir, tu cherches tes intérêts, prends donc garde que le vertige de ces hauteurs ne te prenne et ne t’entraîne.


PRÉPARE-TOI À LA RENCONTRE DE TON DIEU.


Coulin, Cadet.

En avant 1899 04 29


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