Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UNE VISITE MERVEILLEUSE


Ma journée avait été fatigante et ce fut avec un sentiment de bien-être que je m’enfonçai dans mon fauteuil après avoir embrassé mes enfants. Avant de me quitter, leurs voix enfantines s’étaient jointes à celle de leur mère en chantant le cantique:

La nuit s’approche et nous menace tous.

Nous implorons ta présence divine,

Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.

Resté seul, cette pensée me vint:

«Si Jésus venait habiter sous mon toit, serais-je prêt à l’y recevoir et pourrait-il s’associer à ma vie de tous les jours?»

Méditant la chose, je m’endormis et je fis un rêve II me sembla que la porte de ma chambre s’ouvrait et je vis s'avancer vers moi quelqu'un que je reconnus pour le Christ. Non pas le Christ glorifié, tel qu’il se montra à Jean dans l'île de Pathmos, mais Jésus, le Christ de la Galilée.

Je me jetai à genoux devant Lui, mais II me releva. «Lève-toi», dit-il, «Je viens demeurer chez toi».


Ici, mon rêve était un peu embrouillé, mais il reprit le lendemain matin, au moment où il me sembla réunir ma femme et mes enfants et leur raconter que le Seigneur Jésus en personne était arrivé pour demeurer chez nous. La figure de ma chère femme rayonnait d'un bonheur qui la transfigurait, tandis que nos petits dansaient de joie.

À ce moment, le Seigneur entra et nous prîmes place à table. Comment décrire la paix qui remplissait nos cœurs, ou l'ardeur dont nos cœurs brûlaient au dedans de nous pendant qu’il nous parlait durant le repas.

Mais voici arriver le moment de me rendre à mon bureau.

Que faire de mon invité? Il n’était guère convenable de le laisser là, et m’absenter pour mes affaires m’eût été très préjudiciable. Mais je ne pouvais certainement pas l'inviter à m’accompagner; qui aurait jamais eu l’idée de faire entrer le Christ dans un bureau d’affaires?

Le Seigneur avait compris mon hésitation: «Je Viens avec toi, me dit-il. Désormais, je serai auprès de toi, quoique tu fasses. Je suis avec toi tous les jours jusqu’à la fin du monde.» 


Arrivé au bureau j’y trouve un agent de change qui m’attendait. C'était un homme avec qui je faisais passablement d’affaires. En le voyant là, je ne me sentis pas très à l’aise. En effet, il venait me proposer une affaire qui, quoique honorable selon le code moral de la bourse, me sauvait d'une perte considérable en me substituant une autre personne. La honte me saisit.

L’agent ne put en croire ses oreilles lorsque je refusai sa proposition, lui faisant la remarque que je ne voulais pas nuire aux intérêts d’autrui. Il me quitta, persuadé que j’étais atteint d'un accès de folie.

Humilié, je me jetai aux pieds de mon Sauveur, le suppliant de me pardonner le passé et de me donner la force et le courage pour l'avenir. «Mon enfant, me dit-il, de son ton le plus doux, tu parles comme si ma présence était pour toi une chose inconnue. Mais n’ai-je pas toujours été auprès de toi? N’ai-je pas vu et vu avec tristesse la façon dont tu traitais tes semblables dans les affaires? J’ai été triste de voir combien peu tu croyais à ma promesse «d'être toujours avec toi»


À ce moment arrive un autre client, que je n'avais jamais osé offenser et à qui j’avais toujours témoigné une cordialité qui n’existait pas en mon cœur. Son langage était profane et souvent obscène. Il venait naguère de se servir d'une expression qui me fit rougir. Je l’avais souvent entendu parler de la sorte, mais, quoique son langage me répugnât, j’y avais jadis répondu par un rire forcé.

Maintenant, en présence de Celui qui est la pureté absolue, je fus révolté à l’ouïe de ces paroles que je repris: «Vous êtes devenu très délicat tout d’un coup», me dit-il, en me quittant fort aise.

De nouveau, je me tournai vers le Christ, implorant son pardon. J’avais le sentiment que toutes mes relations antérieures avec cet homme étaient connues de Lui.


J’ouvre mon courrier: j’y vois poindre de grandes difficultés financières. Si un secours ne me vient d’ici à quelques heures, la perte, la ruine même me menacent. D’où me viendrait cet aide?

Je n'en savais rien; alors, prenant la lettre, je la posai sous les yeux du Seigneur, lui disant: Si tu n’eusses été ici, qu'aurais je fait?

Mais je puis maintenant mettre avec confiance cette affaire entre tes mains. «Ô homme de peu de foi, me dit-il, parce que tu me vois, tu crois. Bienheureux sont ceux qui croient sans voir.»

Et, tout en me reprochant le manque de foi, Il me montra comment surmonter mes difficultés et Il remplit en même temps mon cœur d’actions de grâces et de louanges. 


En rentrant à la maison, les enfants s’empressèrent d'accourir autour du Sauveur avec leurs jouets, leurs pigeons, leurs petits poussins nouvellement éclos. «Allez, enfants», m’écriai-je, «ne tracassez pas le Maître avec de telles bagatelles!» Alors il s'assit, prit sur ses genoux mon petit garçon à la tête bouclée, appela auprès de lui mes petites fillettes en me répondant «Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas. Le royaume des deux est pour ceux qui leur ressemblent.»

Une grande joie remplit mon cœur pendant qu’il posait sur la tête de mon bébé une main percée et qu’il le bénissait tendrement. Alors le Sauveur alla avec les enfants regarder tous leurs petits trésors et écouter leur langage enfantin quand ils lui racontaient combien ils l’aimaient parce que Lui les avait aimés le premier.

Je me réveillais... C’était un rêve, mais le rêve fit que je me posai une question:

Ne faut-il pas que nous nous rendions bien peu compte de la présence du Sauveur pour qu’elle ait si peu d’influence sur nos vies?

Ne contredisons-nous pas chaque jour par notre conduite ce que nous affirmons si souvent de nos lèvres, que Christ, demeure en nous?...

Et les paroles prononcées par Jésus lorsqu’II était sur cette terre, et qu’il m’avait répétées dans mon rêve, furent désormais remplies pour moi d’une signification toute nouvelle.


«Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru».

«Demeurez en moi et je demeurerai en vous!»

«Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.»

«Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant et tu es mort.»


Almoni-Ballarat.

En avant 1899 04 22



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