Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DÉLIVRÉ ET SAUVÉ.


Aux fêtes de famille on écoute parler le dernier des enfants. Je suis, sans contredit, le dernier des enfants et je puis être considéré tel, attendu que ma conversion date seulement de quelques jours. Gloire soit à Dieu! Je suis complètement sauvé et fier d’appartenir au corps militant de Christ, à l’Armée du Salut.

Élevé par des parents chrétiens, je fus invité de bonne heure à la connaissance de Dieu. Peu avant ma naissance, ma mère eut un songe: il lui sembla qu’elle allait donner le jour à un futur prêtre qui ferait son bonheur et sa consolation. L'événement confirma presque cette vision, puisque, mes humanités terminées, je fus envoyé au séminaire pour étudier les sciences religieuses.

Je n’étais donc pas du parti de ceux qui nient l'existence de Dieu, de Jésus-Christ, et par conséquent ne reconnaissent pas l’influence de sa Providence dans le monde.

Je n’étais point non plus l’approbateur enthousiaste de ces savants, jeunes ou vieux, qui ne comprennent rien aux vérités d’un monde surnaturel et qui ne tiennent pour vrai que ce qu’il ont découvert au bout de leur scalpel, au fond de leurs cornues, à la suite de démonstrations scientifiques ou philosophiques.

J’étais tout au plus ce modeste enfant de la Bretagne qui avait soif de la vérité et de la vérité pure.

Je connaissais bien Dieu, mais mon amour pour le divin Maître était imparfait et il me manquait une chose: LA FOI, la foi pure et sans nuage, cette foi que l’on dédaigne ou que l’on cache derrière le voile de la raison humaine.

Ma conscience était si peu timorée que je m’abandonnai largement à mes caprices, que je ne m’inquiétais aucunement de mes intérêts spirituels.


JE N’ÉTAIS DONC PAS SAUVÉ.


Je ne comprenais même pas ce que le salut voulait dire! Pour moi le salut consistait à s’acquitter machinalement de ses devoirs religieux et à garder son honneur et sa probité dans les rangs de la société. Et c’était là tous mes principes. Or, cela ne suffisait pas.

Dieu qui protège les faibles et qui vient en aide à ses serviteurs persévérants, me suscita, un jour, un second Moïse qui, la Bible en main, me fit comprendre LA GRANDE NÉCESSITÉ DE PENSER À LA GRAVITÉ DE MES FAUTES et de crier à Jésus.

Ma voix eut un écho dans son cœur. Peu à peu, la grâce du St-Esprit vint inonder mon âme et la vie divine y pénétrait. J’éprouvais un bonheur indescriptible d’être débarrassé de tous mes péchés et d’en avoir reçu le pardon au pied de la croix.

J’étais si heureux que je me serais volontiers sacrifié pour qui fut mon bienfaiteur et m’amena à Jésus, repentant et confus. À partir de ce jour, le Livre d’or de la tradition divine était devenu mon livre de prédilection et il sera mon compagnon jusqu’au tombeau. Alléluia! Ce fut ma première victoire sur Satan.

Poussé un peu plus tard par le désir d’agrandir mes connaissances et en vue de travailler pour la plus grande gloire de Dieu, je mis le manche à la cognée et me lançai plein d’ardeur dans les études exégétiques et théologiques. En abordant ces sciences sacrées que j’avais déjà effleurées, mais sous un autre point de vue, j’étais plein de courage, car Dieu était avec moi et je ne craignais rien. Son secours me fut si efficace que c’eût été vain si l’école que je suivais avait essayé de pratiquer une brèche dans mon cœur. Et pourtant, que d’efforts!! que de raisonnements subtils!! que d’arguments d’une finesse indiscutable! !

Alléluia! Béni soit Dieu qui m’a fait triompher de ces ennemis dont la seule préoccupation est de rendre la raison supérieure à la foi, et qui m’a accordé le glorieux privilège d’assister aux conférences de l’Armée du Salut à la rue Auber et à Montmartre.

Dans ces réunions, je me croyais en présence des humbles bateliers de Génésareth sur qui le Roi immortel des siècles avait laissé tomber ces paroles gigantesques qui portaient l’avenir: «Allez-vous en par tout le monde et prêchez l'Évangile à toute créature humaine. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.»

Les idées de ces pêcheurs d’hommes semblaient beaucoup me flatter, car elles réalisaient bien la mission du Sauveur. Seulement je mettais en doute un point très important:


JE NE POUVAIS CONCEVOIR UN SALUT SI PROMPT ET SI MERVEILLEUX.


Fort heureusement que les bons cadets de Montmartre me résolurent cette question capitale, et je fus tellement charmé de leur solution que je ne voulus plus longtemps rester rebelle à la voix de Dieu.

Je m’agenouillai aussitôt au banc des pénitents, humilié, repentant, les yeux baignés de larmes. J’étais délivré et sauvé. Depuis lors je vis heureux, complètement transformé et ayant dit un éternel adieu à mes vieilles habitudes.

L’Armée du Salut m’a régénéré, et ma principale occupation, désormais, sera d’aimer mes semblables et de les amener à la connaissance du bien, c’est-à-dire de Dieu, qui est Amour, Justice et Vérité. Amen!

Omnès.

En avant 1899 04 01

 

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