EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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CATASTROPHE DE LAGOUBRAN

HISTORIQUE:

Dans la nuit du 5 au 6 mars 1899, la poudrière de Lagoubran explosait, anéantissant son poste de garde et le village avoisinant. Des blocs, dont un de 200 kg, étaient projetés jusqu’à deux kilomètres. Cet événement tragique fera dans un premier temps cinquante cinq victimes identifiées. Selon «Le Petit Var», cette explosion provoqua «une flamme gigantesque», «un immense nuage de fumée noire et fétide» et «un bruit de tonnerre dont le vacarme sera perçu jusqu’à Nice»

(http://varphoto.ouadjet.org/cata/002-Lagoubran/002-Lagoubran.html?fbclid=IwAR2K6BF_JMOA9gQLSe8tCGjuesVEhGoljRgyJLYoJZNZykHOYuiVbcblm2s)

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Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu

Nul ne sait ni le jour, ni l’heure à laquelle il faudra partir; se préparer, selon la parole du Prophète, est donc la chose la plus nécessaire.

Lorsqu’en 1893, alors que j’étais soldat au 4° Régiment d’infanterie de Marine à Toulon, et que j’étais désigné pour aller passer 24 heures de garde aux poudrières de Lagoubran, Milhaud et celle de la vallée du Las, le sujet de mon culte personnel était: «Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu.»

Pendant les deux heures de faction que je devais accomplir autour de cet engin destructeur, seul, dans le silence de la nuit, je ne cessais de me représenter, en marchant, le fusil sur l’épaule, quel serait l’effet terrible produit par cette masse de poudre, si, par oubli, malveillance ou mystère profond de la nature même, elle venait à prendre feu.

Je me voyais alors enlevé le premier et partir ainsi à la rencontre de l’Éternité et, dans la nuit noire, je priai le Seigneur notre Dieu, le maître de tout élément, de me garder fidèle à Son service, prêt à faire Sa volonté, et fidèle aussi à la consigne qui m'était donnée, concernant le devoir du soldat.

Je me préparais ainsi, les armes à la main, à la rencontre de l'Éternel.

Ce qui me rendait joyeux, c’est que j’avais l’assurance du vrai chrétien et une paix profonde faisait vibrer mon âme.

Le Seigneur veillait avec moi:

J’étais prêt.

Ce que je pressentais alors, hélas! est arrivé. La poudrière n° 1 de Lagoubran a sauté et, avec elle, beaucoup d’âmes ont passé du temps dans l’éternité.

Des soldats sont morts au poste d’honneur, victimes de la consigne et du devoir.

Étaient-ils préparés et sauvés?

Dieu seul le sait.

Dans le paisible et riant quartier avoisinant la poudrière, des travailleurs, se reposant des labeurs de la journée, sont engloutis dans leurs demeures et des cadavres sont retirés avec peine de sous les décombres, avec un nombre plus considérable de blessés. Riches ou pauvres, jeunes ou vieux ont subi le même sort. Étaient-ils prêts et sauvés?

Dieu seul le sait encore.

L’effet de cette masse de poudre (190 tonnes) a été terrible et l’on peut dire, sans crainte – d’être contredit, que l’invention se tourne contre son auteur.

La ville est en deuil. 50 cercueils sont alignés sur des prolonges d’artillerie; un cortège immense se dirige vers le cimetière, des gémissements se font entendre de toutes parts, mais, hélas! c’est trop tard! l’œuvre est faite.

On entendait en chœurs, il est vrai, le Requiem de Pétrarque, les musiques ont joué des mélodies funèbres, BON NOMBRE DE DISCOURS ONT ÉTÉ PRONONCÉS sur la tombe commune; mais, hélas! même en ce deuil émouvant et dans ces discours éloquents LE NOM DE DIEU N’A PAS ÉTÉ LA PREMIÈRE NOTE.

Cette parole du prophète: «prépare-toi à la rencontre de ton Dieu», n’a pas été entendue.

Manger, boire et dormir après s’être bien diverti, voilà la note qui demain, encore sera mise en pratique, et si, demain semblable catastrophe survenait, on pourrait se demander comme aujourd’hui:

Nos morts, où sont-ils donc allés?

Dieu seul le sait.

En face de tous ces dangers qui nous menacent et de cet oubli de l’Éternel, soldats du salut, debout! en avant! luttons sans trêve, exécutons la consigne de Jésus-Christ, crions à tous et bien haut:

PRÉPARE-TOI À LA RENCONTRE DE TON DIEU.

Donnons toujours le meilleur, le plus pur exemple. Que notre simplicité et notre amour soient connus de tout le monde, et notre préparation sera la source de beaucoup d’autres pour l’avancement du règne de Dieu.

Henri Boulbet, S. S.

En avant 1899 03 18