LA VIE EST-ELLE UN BIEN?
Témoignage
Oui, en dépit des souffrances profondes, des chagrins réels qui font saigner l’âme et la laissent sans être cicatrisée, la vie est bonne et il faut l’aimer.
Ceux qui se plaignent de la vie, lui ont demandé ce qu’elle ne pouvait donner; ils lui ont demandé la fortune, les honneurs, la gloire, autant de choses bonnes peut-être, mais pas indispensables et qui souvent sont fort mauvaises.
POUR AIMER LA VIE IL FAUT VOULOIR ÊTRE UTILE AUX AUTRES, l’aimer non en proportion de ce qu’on peut en recevoir, mais de ce qu’on peut donner.
À quoi bon vivre? disent les découragés et ils sont nombreux.
À quoi bon? mais pour faire du bien, sécher des larmes, ramener un sourire sur un visage fatigué, ou encore pour faire entendre un appel au bien, ramener quelqu’un dans le bon chemin, lui faire aimer le devoir.
Vivre pour lutter soi-même contre le mal, devenir meilleur, croire et aimer davantage; tout cela, n’est-ce rien?
Ce sont autant de raisons pour lesquelles nous devons non «supporter» la vie, mais la bénir.
En vérité, on s’étonne que l’on puisse demander: à quoi bon la vie?
Quand on la connaît si courte, quand elle nous laisse si peu de loisir pour réaliser l’idéal qu’on s’est proposé et qu’on s’aperçoit que plus on fait, plus il reste à faire. Elle est si petite, la part de bien incontestable que peut produire une vie d’homme bien remplie et dirigée en vue d’un effort vers le mieux.
Vous est-il jamais arrivé de rêver, emporté par une pensée généreuse, à tout ce que vous pourriez ou mieux devriez faire autour de vous pour accomplir votre devoir d’homme? Comme alors vous avez pu voir l’horizon s’élargir devant vous, les bornes disparaître et de nouveaux devoirs s’ajouter aux premiers, vous montrant un sacrifice nouveau à accomplir, un peu d’aide à donner ici, du calme à ramener ailleurs, et toujours et toujours des heureux à faire.
N’avez-vous pas senti alors votre impuissance à renfermer l’exécution d’une telle conception dans une vie d'homme, et ne vous êtes-vous pas écrié:
«Oh! que la vie est courte, que je voudrais vivre longtemps, bien longtemps pour accomplir un peu de ces innombrables devoirs que j’entrevois. !»
Vous avez senti alors la nécessité d’agir vite pour utiliser le mieux possible cette vie si précieuse et si courte.
APRÈS CELA OSEREZ-VOUS DIRE QUE LA VIE N’EST PAS BONNE?
* * *
J’entends les objections.
La vie, direz-vous, peut avoir ce bon côté mais vous ignorez, ou feignez d’ignorer la seconde face.
Non, pas du tout!
Je sais que la vie est un combat d’où l’on sort parfois lassé, meurtri, mais où l’on apprend a devenir plus grand, où l'on peut lutter pour la justice et la vérité, et d’où l’on revient meilleur.
Oh! sans doute, les souffrances existent.
Je les ai rencontrées sur mon chemin comme chacun de vous. Mais, si intenses qu’elles aient été parfois, j’ai vu à travers elles la main de mon Père Céleste, et j’ai pu dire: «Ta volonté soit faite!»
Et la coupe ne s’est pas éloignée; l’amertume s’est faite plus grande, la fournaise plus ardente. Mais si parfois l’épreuve semblait étrange, pas une seconde la confiance absolue que la main de MON PÈRE CÉLESTE DIRIGEAIT TOUTE CHOSE PAR PUR AMOUR ne s’est écartée de ma pensée.
Ce sentiment a été une consolation précieuse à mon âme, un baume à ma douleur, une occasion d’actions de grâces,
J’ai appris à lutter loyalement à opposer la droiture à la calomnie, la douceur à l’animosité, voire à la violence et à aimer toujours et quand même.
Ne sont-ce pas des leçons bénies et n’ai-je pas des raisons multiples de remercier Dieu puisque:
LES CIRCONSTANCES QUI PARAISSAIENT PÉNIBLES
SE SONT TRANSFORMÉES EN BÉNÉDICTIONS?
C’est pourquoi, aujourd’hui, jugeant à distance je vois en tout ceci, une preuve éclatante de l’amour de mon Dieu, et je conclus par où j’ai commencé:
LA VIE EST BONNE!
En avant 1904 05 14
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