EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA BIBLE ET LA TABLE DE MULTIPLICATION 

Il y a pour étudier la Bible, une méthode toute pratique, une méthode qui nous permet de constater en elle un élément divin. Que de fois, en gens pratiques, nous tranchons des questions de première importance moins par des procédés scientifiques que par le sens commun!

Il n’y a pas longtemps, j’avais une conversation avec un ami, homme de tendance sceptique, dont le nom n’est pas inconnu dans le monde de la science et de la littérature. «Comment savez-vous, me demanda-t-il, que la Bible est la parole de Dieu, comme vous le dites? Vous ne connaissez pas seulement les auteurs des divers livres ... dont elle se compose.

Comment voulez-vous que les gens intelligents d’aujourd’hui acceptent, comme faisant autorité, les enseignements de livres dont les auteurs sont inconnus? La Bible! mais ce n’est qu’une collection de traités religieux...»

Mon ami était fort mathématicien. Je lui répondis:

— Vous mettez en question l’autorité des vieux livres de Moïse parce qu’il n’est pas certain que Moïse en soit l’auteur? Puis-je vous demander si vous avez jamais rencontré un petit ouvrage d’arithmétique que, dans mon enfance, on connaissait sous le nom de table de multiplication?

— Oui, me répondit-il en souriant, je crois connaître la table de multiplication.

— Eh bien, dis-je, la table de multiplication fait-elle autorité parmi les mathématiciens?

— Assurément.

Avec autant de douceur que possible dans la voix je lui demandai:

— Connaissez-vous peut-être l’auteur de la table de multiplication?

Il confessa alors son ignorance.

— Alors, en votre qualité d’homme de science, de sceptique consciencieux, vous ne vous servez jamais, je suppose, de la table de multiplication?

— Ah! mais, répondit-il, c’est tout différent. Nous savons que la table de multiplication est, dans le domaine des mathématiques, une autorité digne de confiance, parce qu’elle fonctionne bien, avec justesse et vérité. Elle prouve sa justesse par la manière dont elle fonctionne.

— Eh bien, mon ami, répondis-je, supposez que, laissant de côté toutes ces questions de science et de critique, et renonçant à fendre des cheveux en quatre, nous demandions qu’on nous accorde de pouvoir affirmer qu’en matière de religion et de morale — ses auteurs humains soient-ils connus ou non — la Bible est une autorité absolue parce qu’elle «fonctionne bien» dans sa propre sphère, tout comme la table de multiplication «fonctionne bien» dans la sienne.

En avant 1904 05 07