SALUT, PRINTEMPS!
Celui qui croit a la vie.
Ô doux printemps! Beau printemps que j’aime, si longtemps attendu, si vite disparu, que nous diras-tu en cette saison nouvelle?
Tes promesses et les espérances que tu sèmes à pleines mains seront-elles toutes réalisées?...
Le bourgeon qui s’ouvre, la fleur parfumée dont tu teintes si brillamment les corolles,
l'oiseau qui chante sous la feuillée et qui regarde avec délices le doux nid qu’il vient de construire avec tant d’art, la joie, de vivre,
cette sève généreuse qui s’épanche partout, toute cette fécondité, cette exubérance de vie, qui semble vouloir prendre sa revanche d’un long et froid hiver qui l’a arrêtée, restreinte dans ses manifestations, toutes ces belles choses auront-elles un lendemain fructueux qui amènera tout ce qui vit à maturité?
... Je m’arrête... Vouloir trop connaître, ne serait ce pas ouvrir un abîme sous ses propres pas?
Ne vaut-il pas mieux garder la foi simple, naïve, confiante, quitte à passer pour arriéré et peu en accord avec les idées modernes?
CROIRE, n’est-ce pas la première lettre de l’alphabet divin?
N’est-ce pas la clé merveilleuse qui ouvre les portes d’or de la félicité?
CROIRE avec humilité, croire avec amour, traversant joyeusement les diverses étapes de la destinée, confiant en Lui, en ce Dieu Sauveur, c’est s’abandonner, c’est laisser vibrer, s’éveiller en soi les élans de l’âme, rejetant tout calcul personnel, bannissant ce noir égoïsme qui salit, tache et corrompt tout ce qu’il touche de sa main souillée et glacée...
CROIRE, n’est-ce pas ouvrir toutes grandes les portes du cœur aux grandes, nobles et saintes émotions?
N’est-ce pas sympathiser avec la veuve en son désespoir, aimer l’orphelin solitaire, aider, encourager le vieillard fatigué qui s’en va en tremblotant vers sa dernière demeure?
CROIRE, c’est aimer, oui, aimer de ce grand amour dont on s’abreuve à genoux à la croix de Jésus.
CROIRE, c’est fermer l’abîme du mystère, de ce qui est incompréhensible, et en laisser la solution à Dieu.
CROIRE, c’est ne pas naufrager lorsqu’on voit l’aigle impétueux poursuivant le passereau sans défense, c’est ne pas s’irriter lorsque l’avare ferme son cœur aux misères;
CROIRE, c’est laisser passer l’orage; c’est aussi rester pur, car seul ce qui est pur est fort; c’est être un travailleur infatigable, courageux, se jetant dans la mêlée pour sauver les victimes du péché.
CROIRE véritablement, c’est rejeter tout fanatisme, se dépouiller de toute étroitesse ou esprit sectaire, c’est faire de Jésus le tout de sa vie, le centre de ses affections et de son activité.
CROIRE, c’est vivre dans une atmosphère de virilité, de vaillance, de santé morale et chanter aux heures finales le chant du triomphe, entrevoir l’invisible, le glorieux Au-delà.
CROIRE, c’est être sauvé, en avoir en soi une claire et nette expérience, c’est mettre sa vie et ses actes en harmonie avec ses doctrines.
Lecteur, comment crois-tu?
Es-tu du nombre des vrais croyants? «CELUI QUI CROIT A LA VIE», une vie abondante qui ne peut nous laisser stériles.
Pour croire il ne faut pas un effort de l’esprit, c’est un état d’âme, un abandon complet de soi à son Sauveur.
* * *
Ô beau printemps! ô doux printemps que j’aime, avec tes journées ensoleillées, avec, ta riante verdure et ton riche tapis de fleurs, tes gazouillements de bonheur, tu n’es pourtant qu’un bien pâle reflet du divin printemps éternel où l’amour fait tout vivre, rend tout harmonieux et durable!
Mon cœur ému, mon âme enthousiasmée, oubliant ce qui est derrière elle, entrevoit avec des transports d’allégresse la venue du grand renouveau, du printemps béni où tout ce qui est mauvais et méchant aura disparu et où il ne subsistera plus que ce qui palpite joyeusement dans l’amour et la sainteté de Dieu.
Brigadier Jeanmonod.
En avant 1904 04 30
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