Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE

JOYEUX DE MOURIR POUR LA PATRIE

(en comparaison avec notre engagement pour Christ)


... L’amiral japonais venait de donner l’ordre aux deux vaisseaux russes, le Varyag et le Koreetz, de quitter le port de Chemulpo avant midi, faute de quoi il livrerait le combat dans la rade.

..... Alors, à peine le commandant russe eut-il dit à ses soldats qu’ils allaient mourir, que tous furent transportés d’une allégresse sans pareille. Ils jetaient leurs bonnets en l’air et ils s’embrassaient en pleurant de joie. L’enthousiasme était arrivé à son plus haut degré. Joyeusement, éperdument, ils chantèrent et jouèrent l’hymne au Tsar et à la Patrie. Et c’est encore dans cette joie exubérante que l’on procéda au branle-bas de combat

Un moment après, les obus et les torpilles ennemis brisaient, déchiraient, tuaient; ce n’était plus qu’une horrible boucherie: des débris de chair, d’entrailles et de cervelles étaient suspendus à l’affût des canons et le sang inondait le pont de ces deux bateaux Cependant le canon grondait toujours.


* * *


Comprenez-moi bien, je vous prie. Je ne fais nullement ici l’apologie de la guerre.

Non, mille fois non, car j’ai trop horreur de ce qu’on a appelé «une colossale boucherie», mais devant de si beaux élans et de si prodigieux sacrifices je m’incline, le cœur profondément ému.

Regardez donc ces héroïques soldats: ils ont tout quitté pour suivre les plis de leur drapeau jusqu’en Extrême-Orient; et maintenant l’heure suprême de la mort a sonné. Ils le savent.

Solennellement, le commandant leur a dit: «Vous allez mourir!» Mais eux sont tout heureux de mourir pour le Tsar, pour la Patrie, même au milieu des souffrances les plus atroces, les plus indicibles.

Oui, cet amour, ce sacrifice me saisit, m’enthousiasme:


JE SUIS ÉMU D’UNE SAINTE JALOUSIE POUR MON SAUVEUR.


* * *


Ah! si le Christ possédait une armée de soldats aussi valeureux, aussi enthousiastes, aussi prêts à tout souffrir et à donner jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour Sa cause, pour Son honneur, nous verrions alors des miracles comme au temps des Apôtres.

L’ardeur, le dévouement, l’entrain de ces soldats du Roi des Rois frapperait l’attention des incrédules:

On recommencerait à prendre la Religion au sérieux;

On assisterait à un grand réveil de conscience;

On verrait de nombreuses conversions et des vocations sublimes, idéales, se lèveraient partout.

Mais, hélas! où sont ces Pierre, ces Paul, ces Jean, ces Jacques, ces soldats de la première «Armée du Salut», électrisés à la vue de la Croix sanglante?

Ces soldats brandissant avec force et courage l’épée du Saint-Esprit, ces soldats qu’aucune puissance ne pouvait ébranler, qui allaient partout proclamer que Jésus était Sauveur, et qui même allaient à une mort cruelle en chantant des cantiques de victoire? OUI, OÙ SONT-ILS?


Que de lâcheté au sein de nos églises!


Bien souvent, hélas, dans les rangs de l’Armée du Salut, on a PEUR du «qu’en-dira-t-on», des moqueries, PEUR de perdre sa place ou de manquer un mariage, PEUR d’être déshérité par un oncle ou une tante.

On a PEUR de porter l’uniforme à cause du ridicule; PEUR d’aller à l’École militaire ou de donner son enfant ou son argent pour la guerre PEUR! PEUR! Lâcheté! lâcheté!

Et pourtant, on chante nos beaux chants de guerre, tel que celui-ci:

Nous avons déclaré la guerre

Au démon, à tout péché...

Ou bien cet autre:

Voici le jour du grand combat...

On sait bien qu’il ne s’agit pas de grandes manœuvres, mais bien d’une guerre sérieuse, réelle. Seulement:


ON NE VEUT PAS PERDRE SA VIE...


Pourquoi ne pas dire adieu à tous ces calculs égoïstes, à toutes ces craintes, et s’engager, s’enrôler dans la sainte guerre?

P. Châtelain.

En avant 1904 04 23



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