LA JOIE D’ÊTRE LIBRE
La privation de la liberté est peut-être celle que l’homme ressent le plus, parce qu’il est créé pour la liberté. C’est le plus grand bien que Dieu lui ait donné et instinctivement il aspire à la liberté. Enlevez-la à quelqu’un et vous lui enlevez en même temps sa joie.
Supposez pour un instant que vous entouriez une personne de tout le confort désirable, que vous lui donniez toutes les sources de plaisirs à une seule condition, c’est qu’elle aliène sa liberté. Cela pourra peut-être durer quelque temps, mais peu à peu cette personne souffrira tellement que, lasse de son joug, elle s’écriera:
«Périsse tout cela! laissez-moi libre! même s’il faut souffrir la faim, la soif, la fatigue; de grâce, rendez-moi ma liberté!»
Nous trouvons déjà cette disposition native chez le tout jeune enfant. Il est encore un bébé au berceau que la moindre entrave apportée à sa liberté physique le fait souffrir. Plus tard, en grandissant, cet esprit d’indépendance se fait jour. Sans doute, il a besoin d’être contrôlé, dirigé, éclairé, orienté dans une bonne direction, mais cette soif d’indépendance, qu’il faudrait bien se garder d’étouffer, c’est son privilège de créature divine, c’est Dieu en lui. C’est ce qui fait sa noblesse. L’être le plus vil, le plus dégradé a parfois, au milieu même de la fange dans laquelle il se plonge, un élan vers la liberté qui le relève à ses propres yeux et aux yeux des autres.
La nuit qui précéda le jour où Hérode allait le faire comparaître, Pierre, lié de deux chaînes, dormait entre deux soldats; et des sentinelles devant la porte gardaient la prison. Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière brilla dans la prison.
L’ange réveilla Pierre, en le frappant au côté, et en disant: Lève-toi promptement! Les chaînes tombèrent de ses mains. Et l’ange lui dit: Mets ta ceinture et tes sandales. Et il fit ainsi.
L'ange lui dit encore: Enveloppe-toi de ton manteau, et suis-moi. Pierre sortit, et le suivit, ne sachant pas que ce qui se faisait par l’ange fût réel, et s’imaginant avoir une vision. Lorsqu’ils eurent passé la première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la porte de fer qui mène à la ville, et qui s’ouvrit d'elle-même devant eux; ils sortirent, et s’avancèrent dans une rue.
Aussitôt l’ange quitta Pierre. Revenu à lui-même, Pierre dit: Je vois maintenant d’une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qui m’a délivré de la main d’Hérode et de tout ce que le peuple juif attendait.
Après avoir réfléchi, il se dirigea vers la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, ou beaucoup de personnes étaient réunies et priaient. Il frappa à la porte du vestibule, et une servante, nommée Rhode, s’approcha pour écouter. Elle reconnut la voix de Pierre; et, dans sa joie, au lieu d’ouvrir, elle courut annoncer que Pierre était devant la porte. Ils lui dirent: Tu es folle. Mais elle affirma que la chose était ainsi. Et ils dirent: C’est son ange. Cependant Pierre continuait à frapper. Ils ouvrirent, et furent étonnés de le voir. Pierre, leur ayant de la main fait signe de se taire, leur raconta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison.
Que dire de la liberté de pensée, conscience, et de la liberté d’action qui en est la conséquence, car naturellement, je ne tiens à penser ce que je veux, que pour avoir le droit d’agir comme je pense.
À travers le monde, sous tous les climats, dans tous les pays, des gens de toutes langues, de toutes couleurs, de toutes civilisations ont marché joyeux à la mort, ont souffert toutes les tortures plutôt que de renomcer à leur liberté. Ils auraient pu d’un mot s’épargner tout cela. Ils ne l’ont point voulu parce que leur liberté de pensée leur était chère. Ils combattaient pour une idée. Honneur à eux! Plût à Dieu qu’il y en eût beaucoup plus.
Puissions-nous tous avoir cet esprit d’absolue fidélité à une cause, à un principe.
Soldats de la guerre sainte, puissions tous nous écrier: Vaincre ou mourir! Plutôt mourir que d’aliéner notre liberté!
Il est réjouissant de penser qu’un pareil état d’esprit n’est pas une exception. Les grandes circonstances n’existent pas toujours, mais les occasions de la vie quotidienne sont nombreuses.
C’est tel ouvrier qui préfère perdre sa place, plutôt que de simuler une opinion qui n’est pas la sienne. Il sait que cela voudra dire souffrances, privations de tous genres pour sa femme et ses précieux enfants. Il les aime tendrement, mais il n’hésite pas.
N’est-il pas triste dès lors de penser qu’il y a si peu de gens qui soupirent après une liberté bien plus sublime encore la liberté de l’âme, l’affranchissement de toute passion mauvaise, de toute habitude funeste, de tout péché grossier.
QUE D’ESCLAVES AUTOUR DE NOUS QUI SE CROIENT DES ÊTRES LIBRES!
Y a-t-il pire esclavage que celui d’un vice?
– Voyez cet homme travailleur, probe, aimant. Il ferait le bonheur des siens, s’il n’était l’esclave de cette maudite passion du jeu qui le conduira à la ruine.
– Cet autre ne joue pas, mais il ne peut s’empêcher de boire. «C’est plus fort que moi!» dit-il, comme pour s’excuser lui-même et pendant ce temps, ses enfants meurent de faim.
– Voyez plus loin, ce monsieur correct qui s’avance; tenue irréprochable, conduite parfaite. Oui, mais examinez ce regard étrange. La jalousie ronge ce cœur.
– Cet autre est l’esclave de la colère, de l’orgueil du mensonge, etc., etc...
Autant de chaînes qui emprisonnent les hommes, autant de tyrans qui les oppriment, autant de maîtres dont ils sont les esclaves. ET POURTANT ILS SE CROIENT LIBRES ET LE PROCLAMENT BIEN HAUT.
Mal venu serait celui qui aurait l’air d’en douter!
Qu’en est-il de toi, lecteur?
Tu t’es peut- être reconnu dans les lignes précédentes?
Ta conscience t’a crié bien fort: tu es ce coupable, cet esclave de ses passions et tu en as rougi!
Fais plus que cela, écoute cette voix amie bien qu’elle te condamne, obéis à son impulsion.
Mais, dis-tu, je ne puis pas, ces chaînes m’enserrent. Je ne puis les briser. Écoute! Jette un regard sur cette gravure.
Vois-tu ce prisonnier? Il était lié par ces chaînes; deux soldats romains le veillaient soigneusement; par surcroît de précaution, des sentinelles montaient la faction à la porte. Si tu avais été dans cette situation et que quelqu’un fût venu te dire: tout à l’heure tes chaînes seront brisées; tu seras libre. Tu aurais dit: Jamais!
À vues humaines, en effet, la chose eût été insensée; mais tu comptais sans Dieu. Vois cet ange. C’est l’intervention divine. C’est l’œuvre de Dieu. Quand cet ange est apparu la lumière a illuminé la prison.
Chacun de nous a dans sa vie une occasion ou plusieurs, où Dieu s’offre à nous comme le Libérateur.
Il l’a été pour des millions d’âmes esclaves de leurs passions; il l’a été pour moi. Je suis si heureuse de te le dire pour que tu puisses essayer du même remède. Jésus est tout-puissant pour détruire le mal dans un cœur honnête qui réclame sincèrement le pardon; un cœur qui a honte de son passé et est prêt à s’en séparer résolument, un cœur qui veut être libéré! Veux-tu l’être? Là est la question.
Je suis venue un jour de tout mon cœur ardemment désireuse d’être non seulement pardonnée mais PURIFIÉE DE TOUT PÉCHÉ et de vivre une vie nouvelle, une vie de victoire sur moi-même, sur mon propre cœur, sur mes tentations.
J’ai trouvé en Dieu cette même délivrance.
La lumière a inondé mon cœur comme elle a inondé la prison de Pierre et j’ai marché dans cette lumière et mon sentier fut dès lors resplendissant.
Dans ce grand Paris, où certes les tentations ne manquent pas, Dieu m’a gardée vainqueur. Il le fera pour toi, où que tu te trouves, et quelles que soient les circonstances. Il te donnera la joie et la paix parfaites qu’il m’a données.
Obéis à la vision céleste.
Viens à Jésus, maintenant, et tu seras sauvé de tout esclavage. Libéré toi-même tu pourras, comme Pierre, raconter à d’autres «comment le Seigneur t’a retiré de ta prison».
À l’appel de Dieu disant: «Qui enverrai-je?»
Tu t’écrieras tout joyeux: «Me voici. Seigneur, envoie-moi.»
En avant 1904 04 23
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