AUX JEUNES
MON ANNIVERSAIRE ET LE VÔTRE
Par le Général
Mes chers jeunes Camarades, Le 10 avril je fêterai mon soixante-quinzième anniversaire. Ce jour, il m’aura été donné de vivre trois quarts de siècle. C’est une longue période, n’est-ce pas? Mais soixante-quinze ans ne sont qu’une bagatelle comparés aux années de Mathusalem et à celles des vieux patriarches qui vécurent si près du matin de la création. Et pourtant combien courte nous apparaît une période de soixante-quinze ans quand nous la plaçons en regard des années de l’Éternité qui ne prendront jamais fin!
Une longue vie n’est pas toujours une bénédiction.
Soixante-quinze ans représentent toujours une longue vie surtout si vous vous rappelez que les trois quarts des gens qui naissent dans ce monde, en sont enlevés précipitamment avant que la moitié ou même le quart, de ce temps se soit écoulé. Mais il ne s’en suit pas cependant, comme vous le savez, que vivre un grand nombre d’années soit toujours une bénédiction.
Hélas, il en est bien souvent autrement, car beaucoup se maudissent, eux et ceux qui les entourent, par leur exemple et leur influence chaque jour de leur vie. Il serait mieux évidemment pour ceux qui agissent de cette façon qu’ils soient morts ou n’aient jamais vécu du tout.
La valeur de chaque chose ici-bas, comme peut être de chaque chose Là-haut, dépend de la somme de bien qu’elle apporte avec elle au moment où elle se produit, ou nous procurera dans l’avenir.
Aussi quel que soit le nombre de vos années, c’est une occasion qui vous est offerte de joie ou de regret, qui dépend de l’usage que vous en ferez et des résultats qui en découleront.
Vous ne pensez pas posséder jamais une grande somme d’argent et peut-être ne vous préoccupez-vous pas d’en réaliser une, si ce n’est pour acheter quelque chose d’utile, tel que des aliments pour vous nourrir, des habits pour vous vêtir, des maisons pour habiter ou d’autres choses qui vous procureront du plaisir ou du confort, ou vous aideront à pousser le chariot de la vie en avant.
Ne gaspillez pas votre vie.
Tels sont les sentiments avec lesquels j’ai envisagé les soixante-quinze années qu’il m’a été permis de vivre. Et vous ne pouvez pas vous imaginer combien je suis heureux de ne pas les avoir gaspillées dans la recherche fiévreuse et jamais satisfaite des plaisirs, ou du gain, ou de l’ambition, ou des agitations et des anxiétés de ce monde qui périt.
Il est vrai que j’ai commencé sur cette ligne alors que j’étais jeune et étourdi et que je n’avais personne pour me prendre par la main et m’enseigner le moyen le meilleur et le plus rationnel d’employer ma vie, comme c’est le cas avec mes jeunes soldats.
Mais Dieu, dans sa miséricorde me montra, alors que je n’avais encore que quinze ans, que je suivais une mauvaise piste et m’aida à me retourner et à m’offrir moi-même en vivant sacrifice au pied de mon Sauveur résolu à employer tous les jours de ma vie, beaucoup ou peu, en avançant ses intérêts pour Sa Gloire, et en bénissant et sauvant mes compagnons de route.
Gardé!
Et maintenant, savoir que j’ai été rendu capable par Sa grâce de rester sur l’autel pendant tous les jours de ma jeunesse, et que j’y ai été gardé à travers les soixante années qui se sont écoulées depuis l’heure où cette offrande a été faite, ceci est et sera, aussi longtemps que je vivrai dans ce monde, une grande satisfaction pour moi.
Et vous pouvez être tout à fait sûrs, du moins je le suis, que la vie que j’ai vécue sera pour moi une satisfaction inénarrable dans les Demeures Célestes.
Le Ciel sera content.
Et plus que cela, je ne crois pas que les anges auront honte de moi quand nous nous rencontrerons, ou du record de ma vie quand ils la liront. Et, toujours plus que cela, je ne pense pas que mon Père Céleste sera triste à la pensée de m’avoir jamais permis de naître comme ce fut le cas pour les gens méchants qui vivaient avant le déluge.
Et de plus, je crois qu’une multitude de juniors que je rencontrerai dans les Plaines Célestes, seront contents que j’aie donné mon cœur à Dieu quand j’étais un junior et que j’aie employé mes jeunes années, aussi bien que celles d'un âge plus avancé, en combattant contre le péché, la misère et l’Enfer, et en faisant flotter le Drapeau de l’Armée du Salut.
Maintenant, mes chers jeunes camarades, vous aussi avez votre anniversaire. Vous ne pouvez pas, comme le Général, en compter déjà soixante-quinze. Cependant, il se peut que vous ne viviez pas assez pour en voir un nouveau. Rappelez-vous la Consul, combien elle devança de peu de temps son anniversaire qu’elle fêta dans le ciel.
Avez-vous un anniversaire spirituel?
C'est pourquoi je dois vous avertir de faire de votre mieux avec chaque anniversaire que vous voyez et tous les jours qu’il représente.
Rappelez-vous comment Dieu m’a aidé pendant toutes ces années écoulées, non seulement à sauver votre propre âme, quoique ce soit très important, mais à utiliser vos vies, quelles soient longues ou courtes, afin qu’elles puissent produire le plus d’aide possible pour les pauvres pécheurs qui souffrent autour de vous et apporter la plus grande joie au cœur de votre Sauveur, et faire le plus de travail comme Junior de l’Armée du Salut.
Si vous n’avez pas encore commencé cette vie céleste, commencez-la aujourd’hui que vous lisez ces lignes. Comme je serai alors content d’apprendre que mon soixante-quinzième anniversaire terrestre a été votre jour de naissance spirituelle et vous a introduits dans une vie de Sainteté, une vie de Bonheur, une vie de Ciel.
Votre affectionné Général,
William Booth.
En avant 1904 04 09
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