AUTOUR DU CHRIST
Par le Commissaire
Golgotha. — Il est midi: un silence affreux règne dans toute la nature, les cieux pleurent et s’assombrissent, les rochers se fendent, les morts ressuscitent.
Heure après heure, minute après minute, s’écoule — l’agonie devient plus intense — la fin s’approche: le ciel et l’enfer contemplent, alarmés, haletants: l’œuvre de Rédemption est achevée.
Écoutez ce cri: «TOUT EST ACCOMPLI!» résonner dans tout l’univers Christ a sauvé le monde.
* * *
Il y a 1900 ans qu’il est venu aimer l’humanité, s’identifier avec elle, hormis le péché, souffrir pour elle.
– Les siens l’ont méconnu,
– Nazareth n’a point voulu du fils du charpentier;
– Jérusalem l’a condamné;
– deux nations se sont coalisées contre Lui pour le faire mourir.
Il y a 1900 ans, le Christ fut crucifié. Il y a 1900 ans, le Christ ressuscita!
* * *
Depuis lors, le diable, le monde et la chair se sont coalisés contre le Fils de Dieu; la calomnie et le mensonge ont cherché à le flétrir, les ténèbres et la superstition ont voulu le couvrir, mais...
Il est resté le Christ,
l’Étoile brillante du matin.
Pendant ces 1900 années, Il s’est montré puissant pour sauver tous ceux qui sont allés à Lui d’un cœur sincère. Le brigand repentant fut le premier auquel — de la Croix — Il ouvrit les portes du Paradis.
Il sauva Marie-Magdeleine, la pécheresse, et en fit une sainte aussi courageuse que dévouée;
Il pardonna aux pécheurs, guérit les malades, ressuscita les morts, aima toujours.
Il monta au ciel et s’assit comme MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES, à la droite de son Père; dès lors II a toujours exaucé la prière sincère, accueilli le cœur brisé, versé le baume de sa paix dans l’âme angoissée à la recherche de la vérité.
C’est, sur son sein béni que s’endormit saint Étienne le premier martyr; c’est Lui qui fortifia la noble armée des martyrs des temps apostoliques et du moyen âge, ceux dont le monde n’était pas digne et qui aux arènes, sur les bûchers, dans les prisons, aux galères, dans les tortures, ont scellé leur témoignage de leur sang.
Il a aussi consolé, aidé, sauvé de pauvres pécheurs comme moi; Il a sanctifié son peuple, sauvé des millions de l’enfer:
Et plus le mal est incurable
Et plus le fardeau semble lourd.
Plus II se montre secourable,
Le Sauveur qui sauve toujours!
* * *
Ce qui manque le plus au monde, ce sont des chrétiens remplis du feu sacré, le christianisme absolu, le Christ vécu. C’est cette sorte de gens qui sauvera la Belgique!
Les femmes au tombeau... ne trouvèrent, pas un cadavre; elles entendirent d’un ange, resplendissant ce merveilleux message: «CHRIST EST RESSUSCITÉ» De même depuis, le jeune converti, inexpérimenté encore, mais aimant Son Maître plus que toute autre chose au monde, passe parfois par de grandes tribulations; tout semble sombrer sous ses pas mal affermis, la vision divine même disparaît. Son âme alors s’attriste, il questionne: «Serait-ce un mythe?»
Il cherche en tâtonnant, à travers l’ombre, il cherche dans le tombeau Celui qu’il aime plus que son âme:
«Ô Christ! Pourquoi me délaisses-tu?
Où es-tu, mon Dieu?»
Tout à coup le Ciel s’ouvre, avec ses glorieuses perspectives: il aperçoit plus qu’un ange... Il comprend et saisit Christ... ressuscité. Celui qui désormais le fera triompher de tous les obstacles, l’aidera au travers des épreuves, le rendra vainqueur au moment de la tentation, le Christ, Fils du Dieu vivant, soufflant en lui une âme vivante.
Comment pourrait-on ressusciter sans avoir passé par la mort?
La mort de la Croix, la descente au séjour des morts, n’ont-elles point dû précéder la Résurrection du Christ?
Comment le Fils de l’homme eût-il pu gravir le Calvaire, endurer l’affreux supplice, s’il n’avait point vaincu, dans le jardin de Gethsémané? Le: «Toutefois que Ta volonté soit faite et non la mienne» n’avait-il point décidé des résultats du drame sanglant de Golgotha?
* * *
Pourquoi donc, nous chrétiens, sommes-nous si lents à saisir la logique du Christianisme, à en accepter le mâle et sublime héroïsme, avec toutes ses conséquences? Pourquoi?
* * *
Peut-on être chrétien et lâche tout à la fois?
En suggérer la possibilité même serait un soufflet sanglant à la figure du Christ; cependant que de lâcheté par mi ses disciples!
Le triomphe du Chrétien pourrait-il être sans livrer bataille, sans combats, sans difficultés de toutes sortes?
Mais alors, quel triomphe d’un genre spécial que celui-là! Cependant que d’hommes désirent la puissance apostolique, qui refusent d’en accepter les souffrances, les renoncements inhérents!
SANS CROIX, PAS DE COURONNE.
Si tu l’as pris comme devise, vis aussi selon sa maxime.
Ce qui a conquis la Rome païenne et orgueilleuse et l’a subjuguée, ce fut la foi vivante, le témoignage irrésistible d’hommes et de femmes semblables à nous, tentés comme nous; mais ils ont vaincu par le Sang de l’Agneau.
Dieu ne pourrait-il plus susciter de telles vocations, former d’aussi beaux caractères, enflammer nos cœurs comme II le fit alors?
Serait-il un ensemble d’atomes... un fantôme, notre Dieu?
Serait-il théorique ou théologique seulement, notre Christ?
Nous n’avons que faire de ces absurdités-là; elles sont bonnes pour des esprits difformes; quant à nous, nous Te disons avec Pierre:
«TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT!»
Celui qui a sauvé nos âmes, pardonné nos péchés, transformé nos vies; Tu es Christ ressuscité.
Le monde cherche une solution aux maux dont il souffre, mais il cherche en vain!
Les hommes courent après la fortune, les plaisirs, les honneurs, sacrifiant souvent caractère, santé, vie même sur l’autel de ces faux dieux insatiables; le monde cherche partout... excepté là où il devrait chercher et — pendant que le diable rit de ses douleurs, se réjouit de ses agonies le Christ, son seul remède est délaissé, abandonné; le Sauveur des hommes n’est accepté que par une infime minorité.
Pourquoi ce crime suprême? Cette folie?
Ne serait-ce point parce que trop souvent ses disciples ont failli à leur mission, vivant un christianisme mondain, alliant la politique à la religion, cherchant à concilier ces irréconciliables, le Royaume de Dieu et celui de Beelzébul, pratiquant tour à tour le mensonge et la vérité, l’égoïsme remplaçant trop souvent le renoncement.
Soldat du Christ, quel est ton témoignage?
Vrai ou faux, froid ou bouillant, tiède peut-être?
Alors, reviens à Lui, abandonne ton interdit, cède à tout prix, sinon II te «vomira» de Sa bouche; avec ta couronne tu perdras le ciel; oh! quelle sombre perspective!
La robe du Christ était «sans couture» du haut au bas, sa religion aussi; tous les sophismes n’y changeront rien.
Acceptez-la donc telle qu’elle est, avec Son renoncement aussi bien que ses joies; payez le prix de votre apostolat, renoncez pour toujours au monde et au péché, soyez vrai et courageux.
Soyez un chrétien!
En avant 1904 04 02
Table des matières |