Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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«ECCE HOMO»


Les soldats ayant tressé une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête et le revêtirent d’une casaque couleur pourpre; après quoi, s'avançant au-devant de Lui, ils disaient: — Salut, «le Roi des Juifs»! Et ils lui donnaient des soufflets.

Derechef, Pilate se rendit à l'extérieur. — Voyons! dit-il aux Juifs, je vais vous l’amener ici, en personne, afin que, par vous-mêmes, vous nous rendiez compte que je ne découvre en lui aucun motif à condamnation.

Et Jésus parut en effet, portant la Couronne d’épines et revêtu de cette casaque pourpre. — Voilà l’Homme, dit Pilate. À sa vue les Grands-Prêtres et leurs satellites poussèrent une clameur! — Crucifiez-le! Crucifiez-le!

Prenez-le donc vous-mêmes et clouez-te à la Croix! s'écria Pilate... quant à moi, je ne vois en lui rien de condamnable. — Nous avons une loi, répliquèrent les Juifs. Et, d'après la Loi, il doit mourir, parce qu’il s’est donné pour «Fils de Dieu».

À ces mots, Pilate fut de plus en plus effrayé. . Rentrant encore une fois dans l’enceinte du Prétoire, il posa à Jésus cette question: «Quelle est ton origine?» Mais Jésus garda le silence. — Tu ne réponds rien, reprit Pilate. Ignores-tu donc que j’ai le pouvoir de te crucifier et le pouvoir de te rendre la liberté?

Vous n’auriez nul pouvoir sur Moi, répondit alors Jésus, s'il ne vous avait été commis d'En-Haut pour cela. Le plus grand crime est à celui qui me livre à vous. Là-dessus, Pilate voulut faire de nouveaux efforts pour le renvoyer, absous. Mais les Juifs poussèrent de grands cris: «Si vous acquittez cet homme, vous n’êtes point l’ami de César. Car quiconque se proclame Roi, se pose en adversaire de César.»

... Pilate, entendant de telles paroles, fit venir Jésus au dehors, prit siège sur son tribunal et dit aux Juifs: «Voilà votre Roi»! Ceux-ci se mirent à vociférer: — À mort! À mort! Crucifie-le! — Et quoi! reprit Pilate, crucifierai-je votre Roi? — Nous n’avons d’autre Roi que César répondirent les Grands-Prêtres.

Ce fut alors que Pilate le leur abandonna pour être crucifié. .... Ils s’emparèrent de Jésus et l'emmenèrent. Ainsi, portant sa croix, Il se rendit au heu qu’on nomme le Calvaire, «au Golgotha» pour employer le terme hébreu. C'est là qu’on le crucifia, et deux autres avec lui: — un de chaque côté, et Jésus au milieu.


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«Voilà l’homme!» Il ne se doutait pas, Pilate, le proconsul romain, qu’en prononçant ces paroles, il remettait entre les mains des malfaiteurs juifs leur vrai Roi, le Lion de Juda, le Messie promis par les prophètes, attendu du peuple.

Il ne se doutait pas, le vice-roi païen, lorsque, dans son ironie, il montrait à la meute assoiffée du Sang de ce Juste, Jésus-Christ, ayant à la main un roseau pour sceptre et une couronne d’épines sur la tête, qu’il leur livrait le Sauveur du monde dont les disciples feraient trembler jusqu’au trône de Rome et feraient des Césars mêmes d’humbles serviteurs de ce «visionnaire».

Le peuple juif voulait un Messie conquérant, entouré d’éclat, de pompe et de splendeur: Dieu leur donna un faible enfant naissant dans une étable; mais cet enfant, c’était l’Agneau pur et sans tache, VENANT S’IMMOLER POUR LES INIQUITÉS DES HOMMES, L’AGNEAU DE DIEU QUI ÔTE LE PÉCHÉ DU MONDE.

Le peuple juif voulait un Christ politique, puissant qui les délivrerait du joug détesté des Romains; Dieu leur donna un Christ dont le Royaume n’est point de ce monde et qui prononça le: Rendez à César ce qui est à César et et Dieu ce qui est à Dieu.

«Ecce Homo!» Pilate, tu l’as dit, par une sanglante ironie, malgré les cris de ta conscience te reprochant amèrement cet acte de suprême lâcheté! En le livrant, tu as pensé faire acte de haute politique, te sauver toi-même; en lavant tes mains à la face du peuple, tu as cru enlever la honte et le remords qui allaient pour toujours s’attacher à toi; non, fier proconsul, tu t’es trompé; en agissant ainsi, tu n’as fait que sceller ton infamie et ta perte; mais Celui que tu as livré à la mort est devenu LE SAUVEUR DE NOS ÂMES, LE DIEU QUE NOUS ADORONS!

«Ecce homo!» Cri de ralliement au travers de la nuit sombre, espérance dernière des naufragés de la vie!


Nous t’acceptons, ô Christ, tel que tu es,

prends-nous, tels que nous sommes.


NOUS NE VOULONS PAS D’AUTRE ROYAUME QUE LE TIEN:

celui qui a pour base la justice, la paix que donne une bonne conscience,

l’amour envers Dieu et envers le prochain,

la patience, la pureté du cœur et de la vie,

la recherche après tout ce qui est bon et noble, la Sainteté.


NOUS NE VOULONS PAS D’AUTRE COURONNE QUE LA TIENNE;

nous ne recherchons point les honneurs de ce monde; que César les garde pour lui-même, car nous ne saurions qu’en faire;

nous n’avons aucune part avec les plaisirs trompeurs et les joies factices de ce monde où ne faisons que passer en pèlerins, car nous avons les regards tournés vers notre Patrie — le Ciel, nos concitoyens — les anges et les saints.

L’armure du roi serait trop lourde pour nous; elle nous incommoderait; il nous suffit d’avoir en mains la fronde de David, une foi absolue en Dieu et dans Sa Parole.


NOUS NE VOULONS PAS D’AUTRE ROUTE QUE CELLE QUE TU AS TRACÉE, Ô CHRIST,

celle du Renoncement, car elle seule conduit à la délivrance du péché, tandis que la voie large mène à la perdition.

Il est vrai que nul ne peut persévérer à marcher sur le chemin étroit s’il n’est soutenu d’En Haut; nous savons que le diable, le monde, la chair et le sang se sont de tout temps ligués contre tes saints.

Mais si nous nous sentions défaillir en route, nous regarderions vers Toi, notre Libérateur; dans nos yeux tu lirais l’amour intense que nous avons pour Toi, le désir ardent de te plaire, l’espoir que nous avons placé en Toi, en Toi seul; notre foi, nos prières, nos larmes peut-être, notre absolue sincérité toujours.

Et nous savons, ô Jésus! que tu ne resteras jamais sourd à nos prières et que si nos âmes disaient: Ecce Homo! tu nous répondrais: «Mon fils, ma fille, aie bon courage, tes péchés te sont pardonnés.»

Garde-nous donc fidèles aux promesses que nous t’avons faites; aide-nous à persévérer jusqu’au bout et à nous dépenser nuit et jour pour le Salut des âmes.

Nous nous souviendrons du prétoire; nous nous rappellerons Gethsémané et son «toutefois que sa volonté soit faite et non la mienne» et, forts de ton exemple, SOUTENUS PAR TA GRÂCE TOUTE-PUISSANTE, nous resterons fidèles au travers de toutes les croix, nous braverons toutes les tempêtes, nous gravirons tous les calvaires — nous serons forts et virils, nous serons de vrais chrétiens.

Ecce Homo! Voilà l’Homme! — Christ — voici nos cœurs, nos vies, notre tout. — Sers-toi de nous.»

Ulysse Cosandey.

En avant 1904 03 26



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