Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UNE PARABOLE MODERNE


Vous le connaissez tous, cet aptère ventru, au corps velu, visqueux, gluant, qui dans les endroits sombres, loin de la lumière du jour et du soleil, prépare la trame assassine — dans laquelle tombe et meurt la pauvre mouche faible, imprudente ou légère; ce monstre hideux, aux yeux ronds et vitreux, aux pattes immenses et recourbées, si bien disposées pour atteindre ses victimes et les étouffer.

Voyez-le dans ce coin, impassible et recueilli, guettant sa proie, ou bien ourdissant avec un art savant et infernal la toile meurtrière, qui doit retenir et enserrer la pauvre mouche sans défense.

L’horrible bête met longtemps souvent à confectionner son piège. Oh! elle veut que tout soit bien fait, afin que sa proie ne lui échappe pas. Elle pose un fil, puis deux, puis trois, à l’infini; elle les croise, les recroise en tous sens, afin que les efforts de sa victime, efforts suprêmes de l’agonie, ne puissent jamais les rompre, à peine les faire plier!

Enfin la toile est faite, le piège est prêt et ne saurait être évité. Alors l’araignée se retire en son antre. Elle attend qu’une volage mouche, pressée par la faim, vienne chercher près de là sa pâture du jour. L’attente n’est pas de longue durée. La mouche en effet arrive bientôt, voletant ça et là, faisant entendre un bzzz, bzzzz joyeux; la pauvrette rencontre en son chemin les fils tendus devant elle, s’y heurte, s’y engage étourdiment, s’y prend... et c’en est à jamais fini d’elle... À peine l’araignée voit-elle sa victime enlacée, elle sort de son repaire, l’œil sanglant et les pattes en avant. Elle va, et des regards glauques fixent sa proie et la fascinent.

La mouche toute pantelante et effrayée, voyant alors le danger qui la menace, essaie de se soustraire aux fils qui l’enlacent; mais, vains efforts, inutiles tentatives, la toile se reserre encore et l’araignée avance toujours!! Enfin, haletante, brisée, elle tombe toute tremblante et meurtrie, sans force et sans résistance au pouvoir de son ennemie: la hideuse araignée!

Et tant que le sauvage vampire peut trouver dans le corps de sa victime un atome de vitalité à retirer d’elle, il reste attaché à ses lianes, il aspire sa vie, hume ses forces, boit son sang et ne l’abandonne que lorsque plus rien n’est en elle. Alors, la triste mouche, morte, desséchée, plus légère qu’un brin de paille, est jetée hors de la toile... un souffle de vent passe, l’emporte et tout est dit...


Cette mouche, c’est vous, pauvres âmes, ESCLAVES DU MAL.

Cette mouche, c’est cet homme qui, attiré par l’enseigne alléchante du mastroquet, s’engage, le sourire aux lèvres, dans l’antre infernal et n’en sort plus qu’après y avoir laissé son honneur, celui de sa famille, son argent et sa santé, et devient le rebut de la société. Nous en avons tous les jours des exemples à notre Hôtellerie de la rue de Chabrol.

Cette mouche, c’est cette jeune fille pure et honnête, laquelle par une affection filiale envers des parents besogneux, s’en va à l’aventure, en quête d’une place lucrative, qui lui permettra de subvenir aux besoins pressants de ses parents, mais qui bientôt trompée par les promesses de quelque jeune vaurien de boulevard, esprit maladif et blasé, qui l’abandonne à la rue, après lui avoir volé son innocence et son honneur, ne trouve plus qu’une solution à son état, descendre encore plus bas dans la fange et disparaître à jamais.

Consultez nos Officiers de Maisons de Relèvement à ce sujet, elles vous en diront encore plus que je ne saurais le faire.

Cette mouche, c’est ce jeune homme fort et bien élevé, probe et honnête, lequel fasciné par le plaisir et les perfides insinuations de quelques soi-disant amis, se laisse entraîner sur la pente fatale du vice et bientôt n’est plus qu’une pauvre épave que chacun évite de rencontrer.

Cette mouche, c’est ce pauvre rétrograde, AVIDE DE LIBERTÉ, trop confiant en lui-même, qui s’est laissé prendre dans les filets du monstre hideux, lequel lui a pris sa vie, sa foi, son amour, puis l'a rejeté, pauvre mouche desséchée et sans vie, au gré des vents, sorte de Juif-Errant, incapable de trouver un instant de repos.

Et maintenant, quelqu’un me demandera peut-être:

À qui comparez-vous l’araignée?

L’araignée, je la compare au Démon! Comme il y a plusieurs espèces d’araignées, il y a également plusieurs espèces de démons:

démon de l’alcool,

démon de l’orgueil,

démon de l’impureté,

démon du pharisaïsme moderne, etc.,

mais tous, comme l’araignée, n’ont qu’un but:


VOLER LA VIE DE LEURS VICTIMES,

LES PERDRE POUR TOUJOURS!


Ah! mouches, si vous vouliez, autrement dit, pauvres âmes faibles et sans forces, si vous vouliez, vous seriez invincibles!

Satan est fort, c’est vrai, mais Dieu est plus fort encore.

Satan, le mal sous toutes ses formes, doit disparaître: le bien seul doit régner.

Confiez-vous en Dieu, croyez-en Lui, il vous donnera le courage de résister à votre ennemi et au lieu de vous laisser terrasser par lui, c’est vous qui le terrasserez, avec la force de votre Dieu.

En avant donc, prenez courage, réveillez-vous, secouez votre joug, soyez énergiques pour le bien, sauvez-vous! Que Dieu vous aide.

Seydel.

En avant 1904 03 12


 

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