Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN TOUCHANT RÉCIT


J’emprunte à un ouvrage d’Émile Souvestre le touchant récit suivant.

Il y a dans cette expérience, dans cette histoire vraie et vécue, de nobles enseignements. «J’aperçus un jour, raconte l’auteur, une vieille femme qui s’épuisait à pousser devant elle une petite charrette. Le verglas sur le chemin rendait la tâche doublement laborieuse. Elle était très fatiguée, s’arrêtait de minute en minute, à bout de forces, puis redoublait de courage. Je fus pris de pitié et le souvenir de ma mère me traversant l’esprit, je rejoignis la marchande qui venait de s’arrêter.

Eh! bonne vieille, lui dis-je en souriant, il y a là trop forte charge pour vous.

C’est la vérité, mon fils, répondit-elle en s’arrêtant et en essuyant son front où la sueur se mêlait au givre.

«Les forces s’en vont avec l’âge, tandis que le poids qu’il faut traîner est toujours le même; et cependant, voyez-vous, le Bon Dieu fait bien ce qu’il fait. Il n’abandonne pas les pauvres gens, allez.»

Je lui demandai où elle allait ainsi. Elle me montra la barrière et voulut se remettre en marche. Je posai alors la main sur l’un des brancards.

Laissez, lui dis je doucement, c’est mon chemin. Et sans attendre sa réponse, je poussai la charrette devant moi. La vieille femme me remercia simplement et se mit à marcher à mes côtés. J’appris alors qu’elle venait d’acheter aux Halles une provision qu’elle devait revendre. Depuis trente années, elle vivait de ce commerce qui lui avait fourni les moyens d’élever trois fils.

Mais quand je les ai vus forts, on me les a pris, me dit la pauvre femme. Deux sont morts au service militaire et le troisième est prisonnier.

De sorte que vous voilà toute seule et sans outre ressource que votre courage!

Et le Protecteur de ceux qui n'en ont pas d’autre, ajouta-t-elle, Le comptez-vous pour rien? Allez, on a beau être vieille et misérable, l’idée que le Roi de tout vous regarde, vous juge et vous tient compte de tout, ça vous soutient.

Quand j’ai trop de fatigue et que mes jambes n’en veulent plus, eh bien! je me mets à genoux. Je Lui dis ce qui me chagrine et quand je me relève, j’ai le cœur léger. Vous êtes encore trop jeune pour sentir ça. Mais un jour viendra où vous comprendrez pourquoi on apprend aux petits enfants à dire: «Notre Père qui es aux cieux.»

En écoutant parler la vieille femme, mon cœur battait. Je la regardais boitant, la tête branlante déjà courbée, comme pour ramasser son drap mortuaire, et je m’étonnais de la trouver plus forte que moi. C’était donc vrai que l’homme a besoin d’un autre point d’appui que les hommes, et que pour se tenir solidement sur cet échafaudage qui compose la vie, il faut une corde nouée dans le ciel!

Quand je quittai la vieille femme, elle me remercia, mais à vrai dire, c’est moi qui lui devais de la reconnaissance.»


Ici s’arrête l’auteur. Mais en lisant ces lignes, mon cœur a été touché par cette leçon de vaillance que j’avais trouvée dans ce simple récit.

Depuis des années elle traîne sa lourde charge, sans arrêt dans sa vaillance et dans son énergie. Quelle soumission à la volonté divine dans l’épreuve et dans l'affliction; ses fils, espoir et futur soutien de sa vieillesse, qu’elle avait élevés avec amour, lui sont enlevés, mais elle ne murmure pas. «LE BON DIEU FAIT BIEN CE QU’IL FAIT», dit-elle.

Elle est pleine de confiance en Celui qui est le Roi de tout. Quand le fardeau devient par trop pesant, et que les soucis l'accablent, elle tombe à genoux et demande à son Père céleste la force et la consolation.

Chers Amis et Camarades, sachons nous aussi, quand les difficultés de toutes sortes nous accablent, nous confier en Celui qui est le Roi de tout. Ses promesses sont certaines:


«Je ne vous abandonnerai point;

Je serai toujours avec vous jusqu’à la fin.»


Va, courageuse femme, tu m’as fait du bien et plus d’une fois dans mon travail d’Officier de l’Armée du Salut, je te bénirai en pensant à ta piété sereine, à ton esprit de confiance et d’admirable soumission.

Seydel.

En avant 1904 02 27


 

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