SI PEU! SI PEU!
Il ne faut qu’un instant pour engourdir la sève,
Quand le gel vient saisir l’arbuste grelottant:
Pour briser une vie, en détruisant son rêve,
Il ne faut qu’un instant.
Que de manières diverses de comprendre les choses et de les apprécier! Souvent dans beaucoup de cas, l’on peut les voir sous leurs côtés sombres, même sous la poussée de la critique ou de l'entraînement à la médisance. Tandis que dans un acte sans utilité apparente, nous pouvons trouver la leçon la plus bénie pour le développement de notre âme.
Il y a tant de bonnes choses qui peuvent se faire avec si peu!
Combien de peines et de regrets, d’amères déceptions pourraient être souvent épargnés par un acte d’amour, rompant le mordant du gel dans une âme.
Il faut si peu de chose pour calmer une peine,
Pour mettre au ciel de l’âme un radieux coin bleu,
Pour aider au captif à soulever sa chaîne,
Il faut si peu, si peu!
Au travers d’une simple leçon apprise cette semaine, je réalisais pour moi-même de telles pensées. Qu’il fait bon savoir apprécier les petites choses qui ont pour mobile le dévouement, fruit d’un salut empressé et propre à effacer les peines communes.
La leçon dont je fus témoin, me fut fournie par l'attention délicate d’un de nos chefs.
À l’entrée de notre chambre de malade, je fus surpris de voir le Colonel G. qui un verre à la main, un chiffon dans l’autre, était occupé à huiler les divers parties de la porte.
— Colonel! que faites-vous là, demandai-je?
— Eh bien, me dit-il, ma compagne s’est aperçue que votre porte se rendait incommode par son bruit; m’ayant prié de l’arranger, j’ai obéi à tel ordre.
Ce que je n’avais pu faire auparavant, le chef le faisait sous la forme d’une nouvelle prédication par une goutte d'huile le tout était entré dans mon cœur.
Alors je pensai à tant d’autres portes, qui de leur éternel bruit s’évertuent à tourner sur leurs gonds rouillés, pénétrés d’agaçante critique, de blâme et d’orgueil. Rien de plus ennuyeux que de tels fonctionnements, n’est-il pas vrai?
Ami lecteur, serait-ce le cas pour toi?
Es-tu mécontent, aigri, quelque grondement sourd, ou pensée de colère sont-ils en toi; viens à ce Chef, à ce modèle, qui verse de l’huile bienfaisante sur les âmes endolories.
Souviens-toi qu’un regard vers Jésus suffît, de même:
Qu’un regard du soleil en automne,
Suffit pour faire oublier les longs jours de brouillard:
Pour verser la chaleur dans un cœur qui frissonne,
Il suffît d’un regard.
J. Coulin.
En avant 1904 02 13
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