LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE QUE L’ON PUISSE VOIR
Savez-vous quelle est la plus belle chose du monde?
Question embarrassante, dites-vous. Je crois que si l’on faisait une enquête à ce sujet, les avis seraient très partagés.
– Tel, épris des choses de l’art, vous narrerait avec complaisance la beauté de tel chef-d’œuvre artistique, tableau, statue, morceau de musique.
– Cet autre, admirateur de la nature, citerait telle scène idéale qu’il a longuement contemplée: le langage muet, mais pourtant si noble et si élevé des arbres de la forêt, ce que dit à son âme le chant des oiseaux louant le Créateur, le bruit du ruisseau coulant à travers la prairie émaillée;
– Celui-ci vous chanterait la beauté calme et paisible d’une belle nuit étoilée, la majesté grandiose de l’océan en courroux, l’imposante grandeur des belles montagnes au coucher ou au lever du soleil, ou simplement la vue des lieux qui l’ont vu naître, qui ne disent peut-être rien du tout à d’autres, mais qui ont pour lui un charme indéfinissable.
Chaque pierre de la route qui n’est pour son voisin qu’un vulgaire caillou fait vibrer dans son cœur une corde spéciale; c’est là que tout enfant, il a essayé ses premiers pas, là qu’avec sa tendre mère il a passé et repassé; là, au détour du chemin, cette maison qui s’élève, il en a vu poser la première pierre et chacun de ses moindres détails lui redit quelque chose. C’est une partie de sa vie, de son cœur, de son esprit, de son âme; il a pleuré et souffert, il a grandi et lutté.
Oh! qui dira jamais ce que dit à un cœur le doux lieu de sa naissance?
Les poètes peuvent le chanter: seul, lui le comprend vraiment.
Pour le savant, la plus belle chose du monde sera la joie de la découverte! Arriver enfin après des nuits sans sommeil, des mois et des années de lutte acharnée, de travail opiniâtre et persévérant au résultat cherché!
Avoir trouvé un corps nouveau, un remède jusqu’ici inconnu pour tel mal dont souffre l’humanité! Cette minute de la réussite paie au-delà de toute expression le patient labeur, les souffrances, les veilles, les déceptions. Il est arrivé! Il a trouvé! Joie des joies! C’est pour lui le plus beau jour de sa vie.
Je pourrais multiplier les exemples dans bien d’autres domaines et vous voyez que j’ai laissé à dessein les recherches basses, mesquines, vulgaires, tout ce qui est charnel et terre à terre.
J’ai indiqué des sources de plaisirs purs, louables, honnêtes, légitimes; mais néanmoins je dis qu’il y a quelque chose de bien plus beau, de bien plus élevé, de bien plus digne de recherche:
C’est une âme qui naît à la vie vraie, en pleurant sur ses péchés.
Cela vous étonne et vous semble très étrange, mais un peu de réflexion vous amènera à comprendre la vérité de ce que j’avance.
Je suppose que vous êtes de ceux qui croyez que nous avons en nous une partie de notre être infiniment supérieure à l’autre, capable de penser, d’aimer, de sentir, siège de tout ce qu’il y a de noble, d’élevé, de pur en nous, ce qui fait justement notre supériorité sur l’animal. Ce quelque chose qui n’est pas satisfait du terre à terre, des jouissances matérielles et semble altéré d’un élément qui doit lui donner la vie, cette partie de notre être assoiffée de vérité et d’idéal, C’EST L’ÉTINCELLE DIVINE QUE LE CRÉATEUR A DÉPOSÉE EN NOUS:
C’EST NOTRE ÂME.
Or, le péché, sous n’importe quelle forme, est pour elle une atmosphère délétère, dans laquelle elle souffre, languit, s’étiole et meurt.
Il n’est pas besoin de beaucoup d’arguments pour le prouver.
On est généralement d’accord pour reconnaître qu’une conduite mauvaise a sa répercussion dans la santé de l’individu; la plupart de ceux qui peuplent nos hôpitaux et nos asiles en sont des preuves. À l’origine de leurs maladies, il y a souvent un péché quelconque.
Dans un autre domaine, l’intelligence, la mémoire, toutes les facultés de notre esprit se développent ou s’atrophient dans la mesure où notre vie morale est pure ou non. Nous rencontrons tous les jours ces épaves de la société, dont la santé et l’intelligence ont été détruites par le mal.
Que dire des qualités de notre âme, tendres fleurs qui réclament pour se développer une atmosphère pure!
La conscience, cette voix de Dieu en nous, s’épure et s’affine ou s’émousse et se détruit. Que de fois nous sommes attristés en voyant autour de nous DES GENS QUI N’ONT PLUS LA NOTION DU BIEN ET DU MAL, qui peuvent faire ce dernier sans en souffrir, et à qui vous semblez parler une langue étrangère lorsque vous prononcez le nom de péché.
Ils sont sincères:
Ils n’ont pas le sentiment de la culpabilité
parce qu’ils ont tué leur âme
en s’habituant à étouffer la voix de leur conscience!
Cette conscience qui, au début, les condamnait quand ils faisaient mal. Ce sont des âmes mortes dans leur péché.
Comprenez-vous maintenant que, s’il est possible que ces âmes arrivent à reconnaître le mal qui est en elles, à en souffrir, à le haïr d’une sainte haine et à se tourner résolument dans une direction opposée, abandonnant les passions dont elles étaient les esclaves et vivant désormais d’une vie pure chaque minute de leur existence, comprenez-vous, dis-je, que si une pareille œuvre est possible, c’est la plus belle chose que l’on puisse voir?
Oui, dites-vous. Certes, je comprends.
C’est une création nouvelle qui se produit.
D’un être qui prenait son plaisir dans le mal, faire un être pur, droit, loyal, noble et élevé dans toutes ses aspirations, c’est CRÉER UN HOMME NOUVEAU.
C’est de cette nouvelle naissance que Jésus parle lorsqu’il dit à Nicodème, ce docteur de la Loi l’interrogeant sur ce qu’il fallait faire pour posséder la Vie éternelle: Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume des cieux.
Or, cette éclosion de l’âme, cette nouvelle naissance, cette résurrection spirituelle, doit s’accomplir dans chaque individu. Il doit se produire chez tous cette RÉVOLUTION INTÉRIEURE QUI S'APPELLE LA CONVERSION qui est, non un changement de religion, mais UN CHANGEMENT DE CŒUR, DE VIE.
Changement radical qui fait d’un homme colère un homme doux, d’un orgueilleux un humble, d’un menteur un homme droit et loyal.
Mais cela ne se fait que le jour où, examinant notre cœur à la Lumière du Saint-Esprit, nous voyons d’une part Dieu pur, bon, saint, et de l’autre notre âme misérable, souillée, ternie par toute espèce de péchés et de mauvaises habitudes (si respectable que nous soyons aux yeux du monde), et de cette comparaison nous sortons humilié, brisé, honteux de nous-même, chagrin d’avoir pu ainsi briser le cœur de Dieu et nous nous écrions:
Misérable que je suis! Seigneur, pardonne, purifie, délivre! Désormais j'abandonne tout péché, je vivrai d’une vie nouvelle, je tournerai résolument le dos à toutes ces habitudes dont je suis l’esclave, mais redonne la vie à mon âme.
Je te consacre mon être entier pour que tu en fasses ton Temple et pour que tu l’emploies à Ton service.
Et alors, chers amis, je vous dis qu’a cet instant, s’opère la plus belle des choses qu’on puisse voir, LA RÉGÉNÉRATION D’UNE ÂME SOUILLÉE qui devient pure comme celle d’un petit enfant, et qui a, de plus, cette merveilleuse faculté de triompher du mal si elle cherche auprès de Dieu la force dont elle a besoin.
C’est non seulement l’expérience de millions d’âmes autour du globe, salutistes ou non, mais c’est mon expérience personnelle. La joie du salut remplit mon âme, parce que Jésus l’a purifiée de tout péché, et que je marche dans Sa Volonté chaque jour de ma vie.
Cette expérience glorieuse est à votre disposition si vous demandez de tout votre cœur à Dieu de vous la faire réaliser.
En avant 1904 01 23
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