Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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BRIQUE OU TUILE?


Savez-vous quelle différence il y a entre une tuile et une brique?

La tuile a été manipulée de façon à pouvoir résister aux intempéries de l’air, en particulier à la gelée.

La brique, par contre, la brique réfractaire, a été traitée de manière à pouvoir résister aux températures les plus élevées, aux ardeurs les plus intenses. Employée pour la confection des fournaises et des creusets, elle doit pouvoir supporter la violence d’un métal en fusion.


Bien des chrétiens refusent de se laisser manipuler par Dieu comme la tuile doit l’être. Ils disent qu’ils préfèrent la miséricorde de Dieu à la barre à mine. Mais n’est-ce pas précisément la miséricorde de Dieu qui nous taille, nous pulvérise, nous sèche et nous cuit, afin de nous permettre de résister à toutes les influences de l’air et à tous les courants froids qui, si souvent, cherchent à nous glacer, et nous garde debout après avoir tout surmonté?

C'est pourquoi, non content de vous souhaiter la nature de la tuile, je m’enhardirai jusqu'à vous dire que, pour votre sûreté éternelle, il vous faut encore celle de la brique. Car, lorsque le Seigneur entrera dans Son temple:

«Qui pourra soutenir le jour de sa venue?» demande le prophète.

Il sera comme le feu du fondeur, comme la potasse des foulons, qui restera debout?


Celui qui, ayant acquis la nature de la brique, pourra résister à l’ardeur d’une fournaise. Car il faut nous le redire constamment, «c’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, notre Dieu est un feu dévorant.»

Chaque fois que la Bible nous donne une description du trône de Dieu et de ses abords, elle nous parle du feu. C’est dans un feu semblable à du métal en fusion qu’Ezéchiel, et plus tard l’apôtre Jean entrevirent les chérubins, ces êtres mystérieux qui sont un avec le trône.

Le feu est l’élément même de Dieu. «Nul homme ne peut le voir et vivre.»

Pour soutenir Sa présence, il faut être participant de Sa nature, il faut avoir passé par l’école de la fournaise.


* * *


De la tuilerie, où nous étions l’autre jour (en 1904), transportons-nous donc quelques kilomètres plus à l’ouest, dans cette briqueterie que je viens de visiter, et où nous trouverons tant d’enseignements précieux.

En passant de l’une à l’autre, vous serez sans doute frappé comme moi de la différence d'allures des deux chantiers. À la tuilerie, tout se fait mécaniquement et comme par enchantement, une tuile y est façonnée en un tour de main. Il en faut tant pour couvrir un toit!

À la briqueterie, le travail est plus compassé et plus lent. Il y a de la réflexion, presque de la méditation chez l’ouvrier. Chaque brique passe par tant de manipulations différentes, qu’au terme de son épreuve elle est presque devenue quelqu’un.

La tuilerie nous a laissé l'impression d’une classe primaire où l’on ébauche des rudidiments; à la briqueterie, par contre, nous avons trouvé tout le sérieux d’une école supérieure.

L’apprêt de l’argile, le tamisage des poudres, la mise en moule, le séchage, la cuisson, tout se faisait avec une minutie et une conscience qui ne laissaient rien passer. — Quelle différence y a-t-il entre la fabrication de la tuile et celle de la brique? demandai-je au contremaître qui m’accompagnait.

La brique, me dit-il, exige un travail double de celui de la tuile. Voici un morceau d’argile que vous faites passer par le triturateur, le séchoir et la fournaise; au terme de l'opération vous n’avez encore qu'une tuile.

Pour avoir une brique, il faut briser à nouveau cette argile cuite, la pulvériser et recommencer toute la manipulation comme si rien n'avait été fait.

Et, tandis qu’il m’expliquait ainsi la succession de ces opérations multiples, je voyais, en effet, une escouade d’ouvriers qui lançaient à qui mieux mieux dans la gueule d’acier d’un triturateur effrayant des morceaux d’argile cuite qui avaient toute la nature de la tuile, mais qui devaient recommencer l’épreuve pour prendre celle de la brique.

Je songeais alors à tant d’affligés qui, SE CROYANT ARRIVÉS AU TERME DE LEUR RUDE ÉCOLE DE SOUFFRANCE, ne sortaient, hélas! de la fournaise que pour retourner à l’affreux triturateur.

Je compris que Dieu rêvait pour eux de hautes destinées, que, de l’état de la tuile, Il voulait les élever au rang de la brique; que, non content de les rendre capables d’affronter victorieusement les courants glacés de la vie journalière, Il voulait encore les préparer à supporter l’éclat de Sa gloire.

Le triturateur de la tuilerie broyait des morceaux d’argile informes, celui de la briqueterie brise, pile, émiette de l’argile qui est déjà quelque chose. Et, non content de l’émietter, le manœuvre la précipite dans un moulin aux meules de fer, il la tamise et l’affine jusqu’à ce qu’elle ait la consistance de la farine la plus ténue; le moindre gravier compromettrait son existence.

«Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! Qui a connu la pensée du Seigneur, qui a été son conseiller!»

Cette farine d’argile, pétrie à nouveau, moulée et séchée, rentre dans une fournaise DEUX FOIS PLUS ARDENTE que celle de la tuilerie, où elle demeure sept jours pleins.

Une simple tuile ne résisterait pas à cette ardeur, me dit le contremaître. Tenez, ajoute-t-il, je vais en introduire une à côté de la brique, quand nous éteindrons la fournaise, je vous la ferai parvenir, vous la verrez complètement fondue.

Non, le pécheur ne subsistera pas devant le feu dévorant, il ne séjournera pas devant les brasiers éternels! (Ésaïe 33,14).

La fournaise de la tuilerie m’avait déjà vivement impressionné, celle de la briqueterie m'a jeté dans l’adoration. En contemplant par un étroit soupirail la blancheur éclatante de ces briques embrasées, j’ai compris comme jamais la nature de la robe blanche des élus; je m’en allai en m’écriant: « Oui, dans Son palais tout s’écrie: GLOIRE!

A. M.

En avant 1904 01 16


 

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