Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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CE QU’IL FAUT QUE L’ON SACHE

au sujet du Christianisme et de la pensée de Jésus-Christ


Je voudrais attirer l’attention de tous ceux qui savent penser et réfléchir, sur un immense malentendu qui semble régner un peu partout. Je veux parler des idées les plus erronées qui se répandent de tous côtés, au sujet du Christianisme et de la pensée de Jésus-Christ.

J’ai l’occasion de m’en convaincre chaque fois que des renseignements sur notre oeuvre me sont demandés.

L’Armée du Salut est une réunion volontaire d’individus qui croient en l’Évangile et qui, par dessus tout ce que les hommes ont ajouté à travers les siècles à la pensée de Jésus, à travers toutes les déviations qu’on lui a fait subir, S’EN TIENNENT À SES ENSEIGNEMENTS ET VEULENT VIVRE SA VIE.

Il suffirait donc de dire: nous sommes des chrétiens, purement et simplement, pour renseigner ceux qui désirent l’être, si ce mot n'avait pas donné lieu à une foule de malentendus.

La signification qu’on prête à ce mot est des plus obscures quand elle n’est pas des plus erronées. Si bien que lorsqu’on me demande: êtes-vous catholique, protestant, ou autre chose?

Je suis toujours obligée de préciser ma pensée (sachant que les étiquettes recouvrent tout ce qu’on veut),

que tel s’intitule libre-penseur qui ne pense pas par lui-même,

et tel autre chrétien qui est aux antipodes de la pensée de Christ.

Je suis donc, dis-je, obligée de répondre plus explicitement: NOUS SOMMES SIMPLEMENT DES CHRÉTIENS SANS ÉPITHÈTE!

C’est-à-dire des gens qui, disciples de Jésus-Christ, adoptent ses enseignements, se nourrissent de ses principes et veulent, par dessus toutes les superstitions, et à travers toutes les formes qui masquent sa pensée et la trahissent, revenir à cette pensée même, la réaliser dans leur vie, la traduire en actes.

Or, ce qui fait le caractère de la doctrine de Jésus, c’est qu’il fait sans cesse appel à la vie intérieure, à la conscience, flétrissant LES PHARISIENS QUI APPLIQUENT LA LETTRE DE LA LOI AU LIEU D’EN APPLIQUER L’ESPRIT; sa religion est une vie et pas autre chose.

Ouvrez les Évangiles, vous y trouverez l’exemple d’une vie pure, triomphant du mal, mais une vie et non une formule.

«Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous... Ce n’est pas celui qui dit: Seigneur, Seigneur, MAIS C'EST CELUI QUI FAIT LA VOLONTÉ DE MON PÈRE.... Soyez saints, car je suis saint.»

Voilà certes des paroles sur la signification desquelles personne ne peut se méprendre et pour qui connaît l’Évangile, en a pénétré l’esprit, ce livre est du commencement à la fin le triomphe de la vie, tout le contraire d’une religion de formes et de cérémonies.


La religion de Jésus est des plus simples:

Elle consiste à «aimer Dieu de tout son cœur, de toute sa pensée et son prochain comme soi-même

Or, et c’est là où l’on ne s’entend plus: aimer Dieu, pour beaucoup cela veut dire aller à l’église, accomplir certains devoirs religieux, participer à telle cérémonie, réciter telle prière, etc., etc.

Or, ceci n’est qu’une manifestation extérieure qui pourrait même disparaître sans que la vie de Dieu, le lien avec Dieu (or religion veut dire lien avec Dieu) soient détruits.


Aimer Dieu et le servir, c’est tout simplement délaisser ce qui lui déplaît, c’est-à-dire abandonner le mal, triompher de lui sous n’importe quelle forme il se présente ; or, cette œuvre de victoire sur le mal ou le péché, ce qui est un tout, ne peut se faire que pour quelqu’un:

qui connaît son propre cœur,

qui a sondé sa conscience,

et qui obéit à celle-ci au lieu de l’étouffer et de la comprimer.

Or, c’est là ce qui fait la valeur de la religion de Christ, car celui qui s’efforce de vivre selon la pensée de Jésus a tous les jours une conscience plus éclairée, plus délicate, plus pure.

Par conséquent, sa valeur morale individuelle augmente dans la mesure où il obéit à cette lumière intérieure, et par suite la valeur morale de la société dont il fait partie. C’est là une vérité qu’il est nécessaire de proclamer bien haut.

Les enseignements de Jésus sont non seulement un foyer intérieur, une vie morale pour l’individu, mais encore un foyer de rayonnement qui doit éclairer, réchauffer, transformer la société tout entière.

L’histoire est là pour nous le prouver.

Chaque fois qu’il y a eu une éclipse dans la vie morale de l’humanité, qu’une société chrétienne quelconque a perdu la vie, l’esprit, pour conserver la forme morte, il a fallu toujours que quelqu’un se lève pour proclamer LA NÉCESSITÉ ABSOLUE DE REVENIR À LA PURETÉ PRIMITIVE, À LA PENSÉE DE JÉSUS QU’ON AVAIT TRAHIE.

Oui, le mot n’est pas trop fort. C’est une trahison que de faire de la religion de Jésus-Christ une religion de fétichisme, d’esclaves, une religion morte et vide sous une forme plus ou moins pompeuse. Mon cœur saigne à la pensée que ce sont des incrédules qui sont obligés — et avec raison — de prendre les Évangiles en main et de dire: Voyez comme il est interprété!

Je dis, avec raison, car il suffit d'ouvrir les Évangiles et de mettre en parallèle la vie de beaucoup de ceux qui se disent chrétiens avec celle du Maître dont ils se prétendent les disciples, pour constater que l'une est le contre-pied de l'autre.

Or il est grand temps que les chrétiens, j'entends ceux qui souffrent d'un pareil état de choses, se lèvent pour protester et agir!


LA LOUANGE QUE DIEU ATTEND DE VOUS,

C'EST NON CELLE DES LÈVRES,

MAIS CELLE DU COEUR!


C'est celle qui produit la consécration d'une vie dépensée au service des autres, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont tombés, de ceux qui meurent faute de votre secours.

Qu’on ne vienne plus nous dire que la religion est une vie d’extase, de contemplation, d’égoïsme; non, la religion est une vie d’amour, de dévouement et d’activité. Une vie où la prière a sa place, certes, car la prière est la source et l’inspiration de notre vie, le moyen de communier avec Dieu, mais où l’action bonne est la conséquence de cette conversation avec l’Éternel.

«Un moment de prière n’est bon que précédé et suivi de beaucoup d’heures de travail», a dit quelqu’un. Quelle vérité! Puiser son inspiration en Dieu et utiliser cette inspiration à son service et au service de nos frères, voilà la pensée de Jésus.


Nous refusons de faire du christianisme une formule ou le mot d'ordre d’un parti.


Le christianisme est une vie, nous ne cesserons de le répéter, et comme tout ce qui vit il produit des fruits: fruits de pureté, d’amour, de justice. Par conséquent, la pensée de Jésus, bien comprise (je ne parle pas de tous les mensonges qu’on lui a substitués) est non seulement un élément de vie morale pour un individu, mais un foyer d’où doit rayonner la vie pour autrui et, par suite, un élément de progrès moral pour la société tout entière.

VIVRE SELON LA PENSÉE DE JÉSUS, ce n’est pas s’isoler du monde égoïstement pour faire son propre salut, mais se dépenser pour amener les autres à obéir à leur conscience et à devenir meilleurs, tout en se gardant pur soi-même. C’est ne pas oublier ces mots de Jésus même:


«Vous êtes le sel de la terre,

mais si le sel perd sa saveur, avec quoi le lui rendra-t-on?»


En avant 1903 11 07


 

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