Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LYDIAS DANS LES BRAS DE JÉSUS


Notre Dieu, dans ses voies insondables, souvent mystérieuses, toujours remplies d’amour, a rendu le premier jour de la Semaine de Renoncement de l’année 1903 mémorable pour les chers Brigadiers Châtelain.

Ce fut en effet ce jour-là qu’ils durent se séparer pour un temps, dont seul le Seigneur connaît la durée exacte, de leur petite Lydia Stella, âgée de sept mois. Le Commissaire Cosandey devait le soir la consacrer au Seigneur dans la chapelle méthodiste de Nîmes. C’est dans cette réunion que les parents devaient publiquement donner leur enfant au Seigneur et dire qu’ils considéraient ce trésor seulement comme un dépôt précieux, qu’ils voulaient l’élever pour Lui, afin qu’il fût en bénédiction, qu’il était à Lui pour la terre ou pour le ciel.

Le matin de ce jour, qui devait être un jour de fête et de joie, Lydia ferma les yeux à cette terre pour les ouvrir dans un monde meilleur, pour servir jour et nuit Jésus, l’ami des enfants, dans son temple. Et cela, une demi-heure après l’arrivée du Brigadier qui en tournée avait été avisé des progrès de la maladie. Ainsi, celui de qui il est dit: Il prendra les agneaux dans ses bras (Ésaïe, ch. 40, v. 11), avait accepté le don qui lui avait été fait dans le cœur des parents. Et il les a trouvés pleurant, mais non comme ceux qui n’ont point d’espérance, meurtris, mais vainqueurs; n’ouvrant la bouche que pour bénir la main qui les frappe, car avec le Psalmiste ils peuvent dire: C’EST TOI QUI AGIS.

L’ensevelissement fut précédé d’un culte au Quartier-Divisionnaire où le Commissaire a lu quelques versets qu’il commenta, exhortant chaque assistant à se consacrer, afin que lorsque le Seigneur nous prouvera son amour en nous éprouvant, il y ait dans nos cœurs la soumission et la joie qui se trouvent toujours chez ceux qui étant pleinement abandonnés ne murmurent pas, ou qui acceptent ne pouvant pas faire autrement, mais de bon cœur.


Pour ceux de nos lecteurs qui se demandent en quoi diffèrent les enterrements salutistes des autres, nous leur dirons premièrement qu’étant pleinement convaincus que, après cette vie, il y en a une infiniment meilleure, que c’est bien le Ciel qui est la cité permanente de ceux qui ayant ACCEPTÉ JÉSUS COMME LEUR SAUVEUR PERSONNEL PAR LA FOI EN SA MORT EXPIATOIRE ET L’ABANDON DU PÉCHÉ, ou comme la petite Lydia n’ayant pas connu le péché sont des anges.

Ils possèdent cette glorieuse assurance de nous revoir avec nos bien-aimés, nous sommes conséquents avec notre foi en bannissant des derniers devoirs que nous rendons à ceux qui nous devancent dans la félicité, tout ce qui pourrait aux yeux des incrédules et indifférents affaiblir cette conviction et qui leur ferait dire où supposer: En face de la mort, ils ne sont pas plus que nous.

L’ensevelissement de la petite Lydia n’aura pas laissé, nous le croyons, cette impression aux nombreuses personnes qui se trouvaient sur le parcours du convoi. Le Capitaine d’E-M-Lourde, le Capitaine Studer et le Sergent-Major Pons ouvraient la marche: venait ensuite le drap banc bordé de rouge porté par quatre Officières et le petit cercueil encadré de quatre Officières en écharpe; les quatre enfants des Brigadiers et le Commissaire suivaient avec un brassard.

Un règlement s’opposant à ce qu’on chante au cimetière (le seul à notre connaissance en France), nous chantâmes avant d’arriver:

Radieux Séjour,

Le ciel est la belle Patrie,

Bon courage, soldat, En Avant;

Le soldat qui lutte et qui prie,

Y sera bientôt à son tour.

Le chant, n’étant pas achevé quand on arriva devant le cimetière, le cortège s’arrêta pour terminer ce magnifique cantique.

En marche, en marche,

Soldat, vers la Patrie.

Autour de la fosse une centaine de personnes écoutent le Commissaire qui leur adresse un appel pressant de se convertir au Seigneur. Le Brigadier Chatelain adresse, lui aussi, quelques paroles à cet auditoire vivement impressionné, rappelant que quand il était arrivé, sa petite fille l’avait regardé quelques instants et puis avait levé les yeux vers le ciel, et que c’était aussi là qu’il aimait à voir leur petite fille et qu’avec la Brigadière trop faible pour assister à cette cérémonie ils pouvaient dire: «Ta volonté, mon Dieu, est bonne, agréable et parfaite.»

En posant la plume nous pensons à ceux qui hélas! sont nombreux, (tu es peut-être du nombre, lecteur), qui lorsque, l’épreuve vient, s’éloignent de Dieu et ne peuvent réaliser dans une soumission chrétienne les joies qui s’y trouvent.

Cherche au pied de la Croix ce salut, cette assurance dont nous parlions plus haut, cette grâce précieuse qui quand nous sommes éprouvés, nous rive au ciel au lieu de nous en éloigner et qui nous fait toujours dire:


Il est bon d’être humilié.

Tu es bon et bienfaisant.


Marius.

P-S. — Nous croyons être l’interprète des Brigadiers Châtelain en remerciant toutes les personnes qui leur ont témoigné leur sympathie et nous demandons leurs prières pour la Brigadière qui est encore faible dans sa santé.

En avant 1903 10 31



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