LE BON BERGER
Bon berger, ta voix douce et tendre
M’appelle depuis si longtemps,
Mais j’ai refusé de l’entendre
Toujours loin de toi m’éloignant.
Tu parcours en vain la montagne,
Recherchant toujours ton enfant;
Mais c’est l’écho seul des campagnes
Qui répond à tes doux accents.
N’as-tu pas dans ta bergerie
Un troupeau nombreux qui t’est cher?
Pourquoi veux-tu sauver ma vie
Chercher la brebis qui se perd?
Pourquoi errer dans la montagne,
Chercher toujours ce même enfant,
Si c’est l’écho seul des campagnes
Qui répond à tes doux accents?
Dis-le moi donc, qu’ai-je pu faire
Pour mériter autant d’amour,
Qu’ayant pitié de ma misère,
Tu me cherches ainsi nuit et jour?
Sans te lasser, dans la montagne,
Tu appelles encor ton enfant.
Et c’est l’écho seul des campagnes
Qui répond à tes doux accents.
N’as tu pas bravé les orages
Pour me trouver, pauvre pécheur?
Et sur ton pâle et doux visage,
J’aperçois l’empreinte des pleurs.
Oh! jusqu’à quand dans la montagne
Te laisserai-je ainsi chercher?
Au lieu de l’écho des campagnes
N’est-ce pas moi qui répondrai?
Oui, c’est assez de solitude,
Et c’est assez de durs combats,
Je viens avec ma lassitude
Trouver refuge entre tes bras.
Tes pieds bénis dans la montagne
Pour moi n’erreront plus dans en vain.
Ou bien de l’écho des campagnes,
C’est moi qui te réponds enfin.
E. Krieger.
En avant 1903 04 18
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