Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

NOS MAISONS DE RELÈVEMENT

Principe sur lequel elles reposent: L’AMOUR


«Oh! n’insultez jamais une femme qui tombe!

Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe!

Qui sait combien de jours sa faim a combattu!»

V. H.


Oh! puissance de l’amour divin! qui dira les miracles accomplis par toi! Influence bienfaisante qui pénètre les cœurs, brise les plus endurcis, bande les plaies les plus vives, que n’as-tu pas déjà fait dans nos maisons pour nos chères jeunes filles?

Tu as été la clef qui nous a ouvert tous ces cœurs, le souffle vivifiant, le baume divin qui a cicatrisé chaque blessure et fait naître la confiance dans l’âme de celles qui n’avaient jamais rencontré que déceptions et souffrances.

Modifiant légèrement le vers d’un de nos poètes, nous avons «tâché de comprendre afin de mieux aimer»...

Oui, nous avons essayé d’entrer dans ces situations délicates, dans ces circonstances si défavorables qu’ont rencontrées nos pauvres sœurs:

absence d’une mère perdue au berceau et dont l’affection et les conseils auraient été si précieux à son enfant,

mauvais exemples de tous genres,

mépris et dédain de la société qui les a enfoncées plus avant dans l’abîme.

Nous essayons de suppléer à tout ce qui leur a fait défaut, d’être pour elles la mère tendre et éclairée qui guide leurs pas mal assurés sur le nouveau chemin où elles apprennent à marcher. Tout, du reste, tend à ce résultat.

Ici, c’est la famille avec sa discipline d’amour et de fermeté, le nid chaud et moelleux où elles peuvent s’épanouir, où elles se sentent chez elles, entourées, comprises où elles trouvent la main amie qui leur vient en aide dans les passes difficiles.

Pour vous en convaincre suivez-moi dans une de nos maisons (celle de Neuilly). Une entrée ombragée conduit à notre home. Dans une salle bien claire du rez-de-chaussée, nos Jeunes filles travaillent à la couture sous la direction de plusieurs officières. C’est vraiment un spectacle réconfortant de les voir, leurs visages respirent le calme. Naissant petit à petit à une vie nouvelle, l’atmosphère divine qui circule autour d’elles, a pénétré leur âme. Le travail est devenu leur vie. Tandis que l’aiguille court agilement entre leurs doigts, des chants d’amour et de reconnaissance montent vers Dieu.

Quel contraste entre l’existence calme et paisible d’aujourd’hui et celle d’autrefois, tourmentée et incertaine!

Jadis la pauvre enfant perdue n’avait pas d’abri assuré. Bien des fois, la nuit tombante l’avait trouvée errante, cherchant un petit coin où reposer sa tête fatiguée et donner libre cours aux larmes de son cœur angoissé.

Aujourd’hui dans nos chambres proprettes, son petit lit blanc l’invite chaque soir à un doux repos. Et sa dernière pensée, avant que le sommeil vienne clore ses paupières, n’est plus une pensée de remords, de haine ou de vengeance, mais un élan de reconnaissance envers le Sauveur béni qui lui a tendu la main.

Des habitudes d’ordre, de régularité, de travail, sont prises peu à peu. Le principe de relèvement par le travail est en effet la base de l’œuvre, mais LE MOTEUR PUISSANT QUI DONNE LA VIE À TOUTE CETTE ORGANISATION, C’EST L’AMOUR, c’est parce qu’elles se sentent aimées d’un AMOUR VRAI, qu’elles n’ont jamais rencontré ailleurs, que nos jeunes filles nous aiment à leur tour et que la confiance renaît dans leur cœur Dieu peut faire un joyau de pureté de l’âme la plus bas tombée.

Nous le croyons, et c’est ce qui nous rend fortes dans la lutte. N’est-ce pas du reste une immense récompense que ces transformations qui s’opèrent chaque jour dans le cœur de nos chères jeunes filles?

Devant de tels miracles, comment pourrions-nous douter de cette puissance qui transforme les cœurs, bouleverse les consciences, discipline les natures les plus rebelles, extirpe les habitudes les plus invétérées, et amène la créature la plus bas tombée à une vie de pureté qui semblait à jamais irréalisable?


Honneur et gloire à notre Dieu

dont nous ne sommes que les instruments bien imparfaits.


Je ne puis terminer sans signaler l’esprit de fraternité et de support qui règne entre les jeunes filles reçues dans les maisons. C’est merveilleux comme elles s’aident mutuellement à supporter les difficultés de chaque jour.

Si un moment de découragement atteint l’une d’entre elles et qu’elle songe à quitter la maison, ses compagnes l’entourent, s’efforcent de la détourner de son projet et se font si persuasives que la victoire leur reste. N’est-ce pas touchant?

Mais ce qui l’est davantage encore, c’est de les entendre le soir prier ensemble à l’insu de leurs officières, repassant sous le regard de Dieu les actions, les pensées de la journée. Oh! ces actions de grâces, ces supplications pour elles-mêmes et pour leurs officières! qui ne les a entendues, ne peut s’en faire une idée.

Notre joie est grande en face des merveilleuses bénédictions dont Dieu nous comble. Nous sentons notre foi s’affermir, notre courage se fortifier et c’est d’un cœur débordant de reconnaissance et toujours plus disposées à nous dépenser sans compter pour nos pauvres sœurs, que nous nous écrions: «MERCI, SEIGNEUR, MERCI»

En avant 1903 02 28


 

Table des matières