Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DE COEUR À COEUR - 3


Par la Commissaire

Le Général parti et très satisfait. Notre bien-aimé Général est venu et parti! et je dois confesser qu’il me reste toujours une douleur au cœur pendant un bon bout de temps après l’échange des dernières paroles, du dernier baiser, du dernier alléluia résonnant dans les airs.

Naturellement nous aimons avoir ceux que nous aimons près de nous, très près de nous, et cependant quand ils sont absents, ils sont encore là. Quelle chose précieuse que la mémoire! et d’un autre côté, quelle source de souffrance elle peut devenir.

Certains de nos souvenirs sont, en effet, des étoiles brillantes dans nos vies qui nous ramènent au passé et nous convient à aller en ayant, alors que d’autres, au contraire, ne sont que trop douloureuses.

Quoi qu'il en soit, le souvenir des bénédictions apportées et laissées à des milliers par notre bien cher Général, est un souvenir bien précieux. Tant de coeurs ont été bénis, tant d’âmes ont été sauvées, tant de vies ont été consacrées au seul service de Dieu! et bien que tant de larmes aient été versées, il s’en est suivi tant de rayons de soleil, que les larmes ont été la pluie bienfaisante qui arrose la terre desséchée.

Je sens que je dois dire ici que les réunions ici, en Suisse française et en Suisse allemande, nous ont donné, au Commissaire et à moi, grande satisfaction. Le Général s’est déclaré très content des auditoires partout et a trouvé qu’un progrès réel avait été fait depuis sa dernière visite.

Moi qui sais le travail impliqué par de pareils résultats, je félicite du fond du cœur les Brigadiers Roussel Schoch et Von Hartmann, ainsi que tout leur État-Major qui ont partagé avec eux cette responsabilité. Dieu les bénisse tous! Et maintenant le Général est parti.

Nous sentons que nous sommes laissés en arrière pour poursuivre la lutte. Nous avons entendu bien des conseils pendant ces derniers rassemblements d’officiers. NOS ÂMES ONT ÉTÉ MISES À NU DEVANT CE DIEU QUE NOUS SERVONS; nous avons regardé bien en face nos lacunes et nos fautes.

Si le diable l'avait pu il serait bien venu à nos côtés nous écraser sous le découragement et le doute, quant à l’avenir, mais Dieu l’avait précédé, et PAR LA FOI nous avons réclamé un avenir plus courageux, plus lumineux, plus conquérant que nous n’avons jamais osé nous le figurer jusqu’à présent. Dieu en soit loué!

Quelques extraits d’une lettre personnelle reçue d’une de mes anciennes filles de l’École Militaire, seront, je le crois, une aide et une bénédiction pour d’autres. Elle m’écrit:

«Dimanche j’avais le cœur tellement plein de joie que la nuit, pendant que dans mon esprit je repassais tout ce que le Général avait dit, tout ce qui avait été fait pendant ces deux jours de Conseils et de Réunions, j’étais si heureuse, dis-je, que je résolus de vous l’écrire, quoique le diable pût venir après me dire que ce n’était pas la peine de le faire. J’ai été abondamment bénie, et je ne crois pas que je l’aurais été autant si le samedi soir vous n’aviez pas insisté pour me faire avancer. J’étais venue à ces réunions décidée à recevoir des bénédictions, mais aussi décidée à ne pas venir en avant...

Je bénirai le ciel toujours de ce qu’il a permis que le Commissaire vînt me dire quelques mots. Au moment où il s’est penché vers moi, je n’attendais de secours de personne, je ne voulais pas crier à Dieu, j’étais profondément malheureuse, mais rien au monde n’aurait pu me faire faire le pas ce soir-là; heureusement que vous avez insisté...

Depuis ma sortie de l’E.-M. j'ai entendu beaucoup de choses; quelquefois j’aurais voulu être aveugle et sourde, et petit à petit, sans m’en rendre compte presque, j’ai baissé dans ma consécration.

Je voyais ce qui manquait à mes camarades, je savais aussi très bien ce que j’étais et où j’en étais, mais il m’était plus facile de critiquer la paille que d’essayer de remuer ma poutre.

Mais maintenant tout est nouveau; je veux aller en avant en demandant à Dieu de me montrer toujours ce que je suis à ses yeux et en aimant mes camarades.»

Oh! combien c’est vrai que si nous voulons remporter la victoire dans d’autres cœurs, il faut que nous l’ayons entière et complète dans le nôtre. Que Dieu aide ma petite camarade et tous mes autres camarades à retenir fermement les bénédictions spéciales reçues à ces dernières réunions.


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EN TOURNÉE POUR DIX JOURS EN SUISSE ALLEMANDE.


Je suis pleine de foi pour une bonne tournée de dix jours dans la province Suisse-Allemande. La chère Brigadière n’est pas aussi forte que je le voudrais; sa récente maladie a laissé des traces sur elle et pour cette raison-là je crois que je serai obligée d’insister auprès d’elle pour qu’elle ne m’accompagne pas dans chaque Corps que je visiterai.

Si doux que ce me soit de l’avoir à mes côtés, je ne puis pas ne pas être inquiète quant à sa santé, et je préfère me priver de son secours que de la laisser moins propre à tenir tête aux responsabilités qu’entraîne cette Province, par suite d’un effort trop grand qu’elle aurait accompli à mon sujet.

Il nous faut tous prier et croire pour elle, afin que le Dieu qui a tant fait pour elle et par elle dans le passé, pose à nouveau sa main guérissante sur elle et «renouvelle ses forces.»

Pour l’instant la Capitaine d’E.-M. Ehrhard va être ma secrétaire; elle m’interprétera dans les réunions et fera ma correspondance hors des réunions, et je serai bien reconnaissante pour ses services. J’aime à croire que nos journaux suisses n’auront pas à souffrir de cet arrangement, mais je suis persuadée que la Capitaine aura l’œil à cela, et je compte bien l’aider pour autant que ce me sera possible. Croyons tous pour une campagne de victoire. Oh! je suis si HEUREUSE DE CE QUE DIEU NE REGARDE PAS À L’APPARENCE; je me sens, en effet, si petite, si insignifiante après ces grandes réunions du Général!


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NOËL


Noël est de plus en plus près, et, je n'en doute pas, c’est en même temps beaucoup de joie, et pour nous autres salutistes, de grandes bénédictions qui s’approchent. J'ai beaucoup pensé et j’ai demandé à mon propre cœur quelle bénédiction spéciale j'aimerais que Noël apporte à mes chers officiers et à moi-même.

Il me semble que mon cœur me renvoie cette réponse: puisse cette époque être particulièrement une époque d’amour. D’amour les uns pour les autres.

Oh! je crois que cet amour est nécessaire dans nos rangs de plus en plus.

On critique tant, on se met tellement en pièces les uns les autres; entre officiers il y a souvent si peu de bonté que mon cœur en souffre souvent douloureusement. Vous avez lu, mes camarades, ce que cette petite Lieutenante dit dans sa lettre quant à ce qu’elle a entendu depuis qu'elle a quitté l'École Militaire.

En ce moment il en est d’autres à l’Ecole-Militaire; qu’allez-vous leur dire quand vous les rencontrerez?

Pour l'amour de Dieu, faites attention! Faites attention!

Si vous avez par nature un cœur étroit, ne pouvez-vous vous confier en Dieu pour qu’il l’élargisse? Je voudrais que vous le fassiez. — Je voudrais que tous nous recevions un nouveau baptême d’amour à l’occasion de Noël. Après tout, c’est bien là la leçon que Noël devrait nous enseigner par dessus toute autre: celle de l’amour de Dieu.

Quel grand cœur dépourvu d’égoïsme que le Sien pour donner Son unique fils, et pour le donner à un monde qui le haïssait! Quel amour!

Je sais que pour ma part je veux en avoir plus; plus dans mes rapports avec les âmes qui se perdent, avec vous, mes camarades, avec le monde dans son entier. Et pour ce qui est de vous-mêmes? Ah! combien il en est qui pourraient en avoir bien davantage; Que Dieu, ces temps-ci, le déverse dans vos cœurs et balaie d'un seul coup toute trace de critique, d’envie, de méfiance, et vous amène à aimer comme Lui vous a aimé.


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PARIS


Cher Paris! J'y pense constamment et avec vous tous je me réjouis au sujet des 23 âmes, qui selon le rapport du Major Châtelain, se sont données à Dieu dans les différents corps, pendant la semaine qui suivit la visite du Général. Alléluia! Nous allons avoir un merveilleux Noël.

Je suis si curieuse de savoir s’il est arrivé quelques paquets de vêtements pour mes Bas-Fonds. Je continue à croire; ils viendront, j’en ai l’assurance.

Vous êtes tous très occupés, je présume, par vos préparatifs de Noël dans vos Corps respectifs.

Le Major Châtelain m’a envoyé un projet de programme assez chargé pour réunions spéciales, et j’ai proposé à mon Commissaire que nous menions une campagne de salut, à l’occasion de Noël, qui durera quinze jours, et pendant laquelle le Commissaire et moi-même visiterons chaque Corps, et des réunions spéciales seront tenues par les Brigadiers et tous les Officiers d’État-Major.

Le Commissaire a accepté ma proposition, de sorte que vous en entendrez sans doute parler par votre Officier divisionnaire. Croyez toujours! Je vais bientôt être de retour et nous allons livrer de vraies batailles, et, j’ose le dire, remporter de vraies victoires.

Un dernier mot: Ayez soin de ne pas attraper froid, car je serais très désolée si vous êtes sous vos couvertures en train de tousser et de vous moucher juste au moment où je compterai sur vous au front de la bataille!

En avant 1899 12 16


 

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