Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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GARDE-À-VOUS!


C’est aux soldats de Jésus-Christ que ces lignes s’adressent. Elles me sont inspirées par une lettre d’un jeune camarade me faisant part simultanément de joyeuses et attristantes nouvelles dans son poste.

En m’exprimant sa joie pour les âmes qui se convertissent et tiennent bon malgré les difficultés, il me relate le cas de quelques vétérans qui pourraient être plus bouillants pour Dieu, s’ils se laissaient moins absorber par les affaires et travaux matériels. «Leur vie spirituelle décline, dit-il, semble près de s’éteindre.»

Je crains bien que plusieurs cas analogues ne soient disséminés un peu partout dans nos rangs, depuis le plus petit poste isolé de la campagne jusqu’au plus grand corps de la capitale. Dieu veuille que ce «garde-à-vous» trouve spécialement écho dans leur cœur.

Et d’abord, ce n’est pas à leurs devoirs et à leurs responsabilités que je désire faire appel.

L’unique sentiment du devoir et de la ponctualité dans l’accomplissement de son mandat ne doit pas suffire au disciple de Celui dont la vie toute entière n’a été qu’une manifestation d’amour dévorant pour les âmes qui se perdent. «Tel Jésus a été, tel doit être aussi son apôtre dans ce monde», et le soldat n’est pas un simple membre du troupeau des élus grossissant la phalange des rachetés, c’est un apôtre, un combattant comme son Maître, que doit guider le même mobile: L'Amour. Quel honneur! pensez-y, mes camarades et resaisissez-vous!

Sans doute nous sommes sur la terre... et non encore au ciel (!)... nous ne pouvons entièrement nous soustraire à ces influences pernicieuses suscitées par notre commerce avec un monde animé de sentiments tout opposés aux nôtres.

Mais ne serait-ce pas le ciel dans toute l’acception du terme, si nous étions dégagés de tout obstacle qui s’oppose à la conservation et au développement de notre vie spirituelle autant qu’à notre œuvre de sauvetage?

Qui ne sait par contre que notre degré de consécration et d’amour pour notre Sauveur se mesure à la grandeur des combats et sacrifices à endurer pour son triomphe dans nos propres âmes et le salut des pécheurs.

Et puisque dans cette lice ouverte c’est la gloire de notre bien-aimé Sauveur qui est en jeu, c’est le salaire de ses lutte terrestres, de son agonie en Gethsémané et de sa crucifixion, à l’exemple de St-Paul «laissant de côté tout ce qui est derrière nous et regardant vers ce qui est en avant, courons vers le but pour remporter le prix de notre vocation céleste:


APRÈS LA LUTTE, LA COURONNE.


D’autre part, le sentiment que les âmes périssent par milliers, et que, tandis que nous sommes sur la voie royale, des foules se précipitent en enfer, ce sentiment devrait être comme un cauchemar nous poussant sans cesse à en sauver le plus grand nombre.

Il nous faut plus qu’une couronne de fidélité et de justice.

Nous l’avons dit, un soldat est un combattant et il doit ambitionner une couronne d’étoiles, d’autant d’étoiles qu’il aura arrachées d’âmes à la perdition éternelle.

Ici citons la petite anecdote suivante, recueillie à Paris de la bouche même du Général.

Un rêve C’était à Stockholm, le Général se trouve une nuit transporté en rêve dans la Jérusalem céleste. Parmi les multitudes des rachetés, il découvre un groupe de salutistes tout en larmes. — Des larmes au ciel! C’était à n’y pas croire. Oui, ces salutistes, venus précisément de Stockholm, versaient des larmes de confusion pour les âmes que leur manque de zèle et parfois leur indifférence avaient tenues à l’écart du Royaume des Cieux.

Dans leur remords, ils se décident à aller trouver St-Pierre pour lui demander la permission de revenir à Stockholm à la recherche de ces âmes perdues par leur négligence.

Mais que leur répond Saint-Pierre? «Une fois au ciel, on n’en sort plus... Au reste j’ai eu trop de peine à vous y introduire! !»

Vous saisissez l’image, camarades, n’attendons pas les regrets du ciel (!), mais puisque nous avons la vie et, à notre portée, toutes les armes merveilleuses en même temps que tous les éléments pour nous perfectionner dans la lutte et conquérir des âmes, rivalisons de zèle et d’ardeur:

«rachetons le temps car les jours sont mauvais.»

«Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du Ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à toujours et à perpétuité.»

Soyons ambitieux de cette gloire.

A. Marquié.

En avant 1899 12 09


 

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