Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

DE CŒUR À CŒUR - 1


Par la Commissaire

J’ai été beaucoup grondée ces derniers temps au sujet de la longue interruption de mon Cœur-à-Cœur, et cependant, malgré tout, je ne me suis pas amendée. Le fait est que je me suis fatiguée de bien faire, en ce qui regarde ce devoir particulier, et n’ai plus qu’à implorer votre pardon et à recommencer une fois encore.

Ce n’en est pas moins pour moi, chaque fois, une nouvelle surprise que d’apprendre que mes pauvres notes sont si appréciées auprès et au loin. Je ne puis l’expliquer que par un seul fait: non pas par une capacité quelconque chez celle qui écrit, mais simplement parce que ses paroles découlent de son propre cœur pour pénétrer directement dans des cœurs déjà ouverts pour les recevoir. Je crois que c’est là le secret.

Qu’en pensez-vous?

Oh! après tout, le monde est un assemblage de cœurs, bien plus que de têtes:

cœurs tristes,

cœurs altérés,

cœurs déçus,

cœurs ambitieux,

cœurs brisés,

cœurs joyeux,

tous aspirant après une seule chose: la satisfaction de leurs désirs.


Si seulement nous pouvons apporter aux gens une religion du cœur, si seulement nous pouvons parler à leurs cœurs et laisser de côté leur tête, je sens toujours que nous arriverons à la racine de leurs misères et que nous en découvrirons la cause. Une fois que nous en aurons trouvé la cause, nous pourrons la combattre et alléger leurs souffrances.

Je crois pouvoir dire en toute vérité que je cherche toujours à maintenir cette pensée-là sur le premier plan dans toutes mes réunions.

Avant que je ne me lève pour parler, j’ai l’habitude de bien regarder mon auditoire et de faire le calcul de tous les cœurs qui sont très probablement devant moi; puis je me lève dans la force de Dieu seul pour faire tout ce qui est en mon pouvoir afin d’atteindre chacun des cœurs qui se trouvent dans la salle; et souvent c’est par la plus simple des anecdotes, ou par la plus simple des paroles que j’y réussis.

Souvent je me sens si reconnaissante envers le Seigneur de ce qu’il ait donné un cœur à tout homme; de ce que LE PÉCHEUR LE PLUS ENDURCI A UN POINT TENDRE QUELQUE PART, et de ce que nous pouvons atteindre ce point-là par la puissance de Dieu.

Je me dis quelquefois que si nous avions à sauver les pécheurs en convertissant leurs têtes, misère, quelle tâche ardue ce serait! Mais béni soit Dieu, ce n’est pas ce qui est demandé de nous dans l’Armée du Salut!


Quand ces notes arriveront jusqu’à mes camarades, notre précieux Général sera au milieu de nous. Les réunions de Paris seront passées; la campagne en Suisse battra son plein. Dieu va nous bénir d’une bénédiction profonde et durable. Je le sens. J’en ai faim et soif.

Je reçois toujours de si grandes bénédictions quand j'écoute le Général, des bénédictions si nouvelles, et mes camarades les partagent avec moi.

Oh! c’est ma prière que les résultats de cette campagne s’étendent au loin dans l’avenir, qu’ils vivent en nous, et que de nous ils passent à ceux parmi lesquels nous travaillons. Non pas seulement que nous en tirions profit nous-mêmes, mais que nos soldats, nos pécheurs, nos rétrogrades en profitent par notre entremise. Je sais que c’est là le but que se propose le Général en venant parmi nous; c’est là son plus grand désir. Il ne sera pas déçu.

Puis, après la visite du Général, Noël sera à la porte.

Je sens toujours, à l’approche de Noël que je dois m’étirer, me rendre aussi grande que possible pour être à la hauteur de l’occasion. Il y a énormément à faire à l’époque de Noël et j’ai déjà commencé à faire mes plans pour le Noël dans les Corps, le Noël dans les Bas-Fonds, pour le Noël de nos officiers, de mes chers officiers, et pour le Noël de notre maisonnée.

De tous ces plans je parlerai plus tard; mais je voudrais seulement vous dire à l’oreille qu’en ce qui concerne mes projets de Noël dans les Bas-Fonds, vous avez à faire votre part.

L’année passée, je fus aussi heureuse à cet égard qu’il est possible de l’être, et je ne m’attends pas à l’être moins cette année-ci. Les paquets de vêtements usagés qui me furent envoyés remplirent mon cœur de joie, comme ils l’auraient fait des vôtres si vous aviez pu être témoin du ravissement qui se peignait sur les pauvres figures pâles et maigres des mères de familles auxquelles je les distribuai.

Je suis assurée que cette année encore les paquets ne feront pas défaut. J’ai beaucoup de foi à cet égard!...

Mais me voilà à parler de mes plans! Je n’ai encore rien dit des magnifiques moments que le Commissaire et moi avons passés avec nos chers officiers dans le Midi. Oui, Dieu était avec nous. J’étais si heureuse de voir chacun! Plusieurs avaient l’air maigre et fatigué; le fardeau est lourd par moments, je le sais; et puis les maux de tête et les souffrances du cœur, qui doivent forcément venir, rendent le fardeau encore tellement plus lourd!

Ces soucis qui paraissent ne pas être «nécessaires», comme une chère officière me l'écrivait l’autre jour: «Ce sont là les tristesses qui paraissent impossibles à supporter»|Je sais si bien ce qu’elle veut dire par là.

C’est alors que la partie, la meilleure, la plus solide de notre salut est mise à l’épreuve, quand le diable arrive avec son «POURQUOI?» toujours prêt; pourquoi cette chose-là m’est-elle arrivée à moi?

POURQUOI ai-je une santé si faible quand d’autres en ont une si forte? POURQUOI?»

Oh! ce mot torturant; combien de cœurs il a marqué de son doute atroce, et dans combien de cas il les a détournés du sentier de la croix pour entrer dans un chemin plus facile, où que le diable leur dépeignait comme plus facile?

Mais nous autres, nous ne voulons pas, nous ne devons pas, nous n’osons pas écouter le diable, ou nos circonstances, ou nos tentations; nous savons que Jésus-Christ aurait pu demander:

«Pourquoi le jardin de Gethsémané? pourquoi cette sueur sanglante? pourquoi le Calvaire?» mais il ne le demanda point.

Il marcha simplement au travers de la souffrance; et nous savons à présent quelque chose du «pourquoi», de tout ce qui se passa alors.

Béni soit-il! Oh! puissions-nous Le suivre tout le long du chemin!

En avant 1899 11 25


 

Table des matières