Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

AU PAYS DES TÉNÈBRES


Lorsque l’Afrique s’est ouverte aux recherches des voyageurs, et que de hardis explorateurs ont commencé à parcourir le continent mystérieux, on a pu se rendre compte des ravages effroyables que la traite des esclaves opère dans ces régions.

Gordon, Stanley, Brazza, Wissmann et bien d’autres en ont décrit les horreurs. Ils ont traversé de vastes contrées saccagées par les hordes des ravisseurs d’esclaves et ils ont vu de près ces convois de noirs, enchaînés, décimés par les souffrances de toute nature:

À tout instant, raconte Stanley, le cliquetis du fer écorche nos oreilles, tandis que le regard saisit les pénibles mouvements d’une main qui cherche à desserrer un carcan, ou d’un pied qui s’agite pour secouer la douleur produite par une chaîne qui s’enfonce dans les chairs.

Et on n’imagine pas les rances odeurs qu'exhalent ces troupeaux d’esclaves accroupis dans l’ordure. L’air en est empesté. La plupart des prisonniers sont enchaînés depuis plusieurs mois. Leurs os qu’on voit saillir semblent vouloir percer leur peau flétrie.

Lorsque Brazza parcourut le Congo, il sentit que la première tâche qui s’imposait aux nations civilisées était l’abolition de ce fléau.

Représentant de la France, il s’attacha à faire comprendre à ces populations que la puissance au nom de laquelle il venait, pouvait et voulait leur apporter la liberté. Il fit dresser dans son camp un mât à la cime duquel flottait le drapeau français. Puis il acheta, à prix d’argent, des esclaves qui étaient amenés, ayant encore le carcan au cou et les entraves aux pieds.

Arrivés là, Brazza les faisait approcher un à un et les invitait à toucher le mat en leur montrant le pavillon qui flottait au sommet. Aussitôt un soldat délivrait le malheureux de son carcan et brisait ses entraves. Maintenant tu es libre, lui disait alors Brazza, tu peux m'accompagner si tu veux, ou si tu le préfères, retourne dans ton pays.


* * *


Quiconque s’est approché de la croix de Jésus-Christ et a jeté sur le Fils de Dieu, mort pour ses péchés, un regard de foi et d'espérance, a compris que ce que Brazza a fait pour de pauvres noirs, n’est qu’une pâle image de ce que Jésus-Christ a fait pour le monde.

Que sont ces hordes de chasseurs d’hommes, sinon DES TYPES DE CE GRAND POURVOYEUR DE L'ENFER qui conduit ses esclaves à la mort éternelle?

Esclaves du vice,

esclaves de l’argent,

esclaves de la vanité,

esclaves de l'opinion publique,

esclaves de son propre égoïsme et de son orgueil,

le monde est peuplé d’esclaves, et l’humanité est semblable à une de ces grandes caravanes qui s’avancent vers le pays d’où l’on ne revient plus, jalonnant la route de ses victimes.

Mais au milieu de ces misères, la croix de Christ est là comme le moyen de la délivrance.

Ce n’est pas un drapeau seulement, symbole d’une puissance conquérante, qui y a été hissé. C’est JÉSUS LUI-MÊME QUI S’EST DONNÉ POUR LE SALUT DU MONDE et a été cloué sur ce poteau infâme.

Il a été élevé «comme une bannière pour tous les peuples» L’amour de Dieu rayonne de cette croix et le sang qui en coule est la rançon de l’humanité (1 Pierre 1, 18):


«Nous avons été rachetés par le précieux sang de Christ».


Mais de même que pour être affranchis, les esclaves devaient venir toucher le poteau où flottait le signe de la puissance libératrice, de même il faut que, un à un, nous nous approchions aussi de la croix et que nous mettions notre confiance dans le sacrifice parfait accompli par Jésus-Christ (Jean VI, 40). La volonté de Dieu, c’est que quiconque contemple le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle.

Feuille Populaire.

En avant 1899 11 25



Table des matières