Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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«PERSONNE N'EST VENU ME PARLER»

CE QU’UN MAGISTRAT ME RACONTE AU SUJET D’UN ASSASSIN


Par le Chef d’État-Major

Il y a quelques années, dans une certaine ville, après une journée remplie par des réunions de salut, je fus reçu chez un ami de l'Armée, magistrat et remplissant plusieurs fonctions locales influentes.

C’était un vieillard intelligent, aimable et autour de la table du souper nous eûmes une agréable causerie sur des sujets divers, entre autres sur la manière de s’y prendre pour parler aux impies.

Après avoir prié et quand le reste de la famille se fut retirée pour la nuit, mon hôte me conduisit dans le salon en me disant: «Je désire vous raconter une histoire».

Je donnerai de son récit, un extrait aussi fidèle que mes souvenirs me le permettront. J’en reçus une profonde impression et en retirai une grande leçon.


LE RÉCIT DU MAGISTRAT

Je suis, comme vous le savez, me dit mon ami, magistrat de ce comté, et il entre dans mes attributions d’aller, de temps en temps, inspecter la prison du comté. Je suis heureux de l’occasion qui s’offre ainsi assez souvent à moi de faire quelque chose pour les malheureux qui y sont enfermés. Une de nos récentes visites a présenté un intérêt bien spécial. Je vous le raconterai si vous le désirez.

«Nous avions à ce moment-là dans la prison un meurtrier condamné à mort. Il devait être exécuté peu de jours après l’entrevue dont je vous parle. Il avait dans un accès de jalousie, coupé la gorge à sa femme. Aucun doute ne restait sur sa culpabilité, il reconnaissait son crime et restait froid et insensible au souvenir de son acte.

Je pénétrai dans sa cellule sans attirer son attention, et après avoir congédié le gardien, je m’assis à côté de lui et commençai à lui parler de sa fin prochaine, l’invitant à me dire s’il était quelque chose que je pourrais faire pour ses parents et pour l’aider lui-même à se préparer à la mort.

«Rien dit-il, je ne désire rien.» «J’insistai de nouveau, lui disant qu’après sa mort il serait comme maintenant un homme bon ou mauvais, je lui demandai s’il savait quelque chose de la religion de Jésus-Christ.

À cela il me répondit franchement qu’il connaissait l’œuvre de Jésus-Christ, qu'il aurait pu devenir religieux, mais qu’il en avait négligé l’occasion, et qu’il ne voulait plus entendre parler de ces choses. Il voulait qu’on le laissât seul.

Ne sachant pas exactement que lui dire encore, je lui exprimai ma surprise et lui demandai de me dire en quoi il avait essayé de la religion.

Eh bien! je vais vous le dire et il s’exprima comme suit:


L'HISTOIRE DU MEURTRIER

«Je vais être pendu la semaine prochaine pour avoir assassiné ma femme. Je lui ai coupé la gorge avec un rasoir. Voici comment cela est arrivé.

Nous fûmes très heureux pendant quelques années. Puis elle fit une connaissance et se détourna de moi. J’en devins comme fou. Pendant un an je luttais, essayant de la ramener à moi et avertis son complice que cela finirait mal s'il ne cessait pas ses assiduités. Mais loin de s’améliorer, les choses empirèrent et je me dis à moi-même: «Je voudrais qu elle fût morte.»

Cette pensée, d’abord vague, s’empara de mon esprit avec force. J’essayais de l’en chasser; je savais que c’était mal. Je quittai la maison et me procurai du travail dans une autre ville; mais cela ne me fit aucun bien. De plus en plus j’étais possédé du désir de la tuer.

Je me tournai du côté de la religion. Je n’étais jamais allé à l’église de ma vie, mais j’avais foi aux salutistes. Je les entendais souvent passer en chantant dans la rue et je résolus de voir ce que la religion pourrait faire pour moi et, pendant une semaine, de suivre les réunions.

J'achetai un Nouveau Testament et la première réunion à laquelle j'assistai fut celle d'un dimanche matin, avant le déjeuner. Je restai jusqu'à ce que tout le monde fût sorti, mais PERSONNE NE VINT ME PARLER.

Je retournai trois fois dans la journée et le soir j’attendis encore alors que tout le monde était sorti, mais PERSONNE NE S’APPROCHA DE MOI.

Il y avait un ou deux de mes anciens camarades, qui autrefois buvaient avec moi, mais ils ne me remarquèrent pas. Il y avait beaucoup de monde, mais personne, PERSONNE NE M’ADRESSA LA PAROLE.

Comme j’avais dit que j’essaierais pendant une semaine, je tins parole. Soir après soir j’allai à la réunion. Une fois, c’était une réunion de membres, mais ils me laissèrent entrer, et ce soir-là je pensais que le Capitaine me parlerait, car il passa tout près de moi; mais il fut retenu par une autre personne.

Quand je sortais de la réunion, je lisais le Nouveau Testament, et de toute la semaine je ne pris aucun alcool.

Le samedi soir arriva. La réunion fut courte. J’attendis pour voir si cette fois personne ne viendrait vers moi. Si j’avais pu m’ouvrir à quelqu’un ce soir-là, je ne serais probablement pas là aujourd’hui, mais PERSONNE NE VINT.

Je sortis. «La religion n’est rien» me dis-je, et j’achetai un rasoir. Je me dirigeai du côté de notre maison, et cette même nuit je fis le coup, et aujourd’hui je suis ici!

Oh! Oui! les discours étaient bons, mais ils ne me touchèrent pas, et ainsi j’avais essayé de la religion, et je n'en voulais plus.»

Pendant les jours que le prisonnier eut encore à vivre, mon ami essaya, mais en vain, d’attirer son attention sur autre chose que les besoins de son corps:


ET IL MOURUT COMME IL AVAIT VÉCU, DUR ET INSENSIBLE.


* * *


Je ne pense pas que je puisse concevoir une scène plus triste que celle qui se présentait à mon esprit pendant que j’écoutais ce triste récit d’une occasion perdue.

Je vois cet homme ignorant et solitaire, assis dans une salle de l’Armée, avec le Testament dans sa poche et la haine dans le cœur, et cependant résolu à voir si la religion — et dans son ignorance et sa misère, il entendait par là les Salutistes — pourrait le délivrer de la catastrophe qu'il sentait menaçante, venir à lui.

Je le vois le dimanche toute la journée, mais PERSONNE NE S'APPROCHE DE LUI, je le vois encore le lundi soir, le mardi, le mercredi, mais PERSONNE NE L'ABORDE.

Il est encore là le jeudi; je m’étonne quelle sorte de réunion ce fut, ce jeudi-là. Oh! je me demande si ce n’était pas seulement une de ces réunions que l'on a parce qu’il faut les avoir. Enfin, vendredi, samedi... et alors l’espoir s’évanouit dans son âme. Dans son cœur les flammes de l’enfer marquèrent d’un trait rouge le crime qu'il allait commettre.


.............


Sans hésitation je déclare que si cette semaine-là «la pêche» n'avait pas été négligée, ce crime n’aurait très probablement pas été commis et cet homme aurait été sauvé.

Ce que nous appelons «la pêche», c'est-à-dire la lutte corps à corps avec chaque âme est aussi nécessaire, aussi rationnel dans les réunions de l'Armée du Salut, que le chant ou la lumière.


Jamais? Oh! jamais ne la négligez.


En avant 1899 11 18


 

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