Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN CADEAU DU CIEL

OU COMMENT DIEU ACCORDE SES DONS


Comme le temps passe... Il me semble que c’était hier que, toute jeunette, sans expérience, j’arrivais à l’E.-Militaire. Six semaines après, je me vois dans la grande salle à manger de l’avenue Laumière: ma chère Major «La Brigadière Clibborn» penchée sur moi et me disant:

«Mon enfant, dans 8 jours tu vas être envoyée sur le champ de bataille!

Dans 8 jours? Oh! Major? vous ne m’aurez pas encore appris à faire le moindre sermon? Non c’est vrai, mais tu les apprendras et les vivras sur le champ de bataille.»


Tristement et en réfléchissant je montai dans ma chambre, j’aimais tant l’E.-M., et qu’allait-il m’apporter, ce champ de bataille?

C’était durant l’heure de silence que chaque cadette passait isolément en prière devant son Dieu; je sentis un immense besoin de répondre mon âme devant Dieu. Si je ne savais pas grand-chose je voulais au moins recevoir un baptême d’amour pour le pauvre monde perdu.

Si tu aimes les âmes tu seras forte, me dis-je alors; pendant les 7 jours qui suivirent comme je priai ardemment, suppliant Dieu de répandre cet amour dans mon cœur.

Je l’attendais chaque jour, là, au pied de mon lit, mais rien d’anormal ne se produisait et avec angoisse je voyais arriver l’heure où je devrais affronter ce terrible champ de bataille.

Le soir du 7e jour la Major m’appelle:

«H. tu iras ce soir avec trois de tes camarades sur les boulevards pour parler de l’amour du Sauveur à nos pauvres sœurs tombées?»

C’était la première fois que je faisais un travail de ce genre, et dans mon esprit d’enfant je pensais que ces pauvres jeunes filles étaient des personnes se trouvant dans la misère faute de travail. Je les voyais, dans mon esprit, mal habillées, traînant de vieilles chaussures. Mais quel ébahissement, quand, arrivées sur les grands boulevards je vis tant de jeunes filles si bien mises; mais c’était le luxe que je côtoyais et nullement la pauvreté!

Une de mes compagnes me lâcha le bras et me dit:

«Va parler à cette dame.

Oh! j lui dis-je, je n’oserai jamais, regarde sa mise?

«Va, me dit-elle.»

En tremblant, je courus après elle! !...

«Oh! lui dis-je, quelqu’un vous aime.»

Étonnée, elle s’arrête, me regarde et me dit:

«Vous vous trompez, mon enfant!»

«Non, non!... quelqu’un vous aime.»

«Mais qui?»

«Dieu, et moi aussi, je vous aime, lui répartis-je.»

Nous parlâmes quelques instants; bientôt les larmes coulèrent de ses yeux, elle me prit la main et me la serra avec force. Sous ces beaux atours, il y avait tant de douleurs dans ce pauvre cœur froissé, brisé...

Je la laissai, continuai ma route, parlant à plusieurs autres personnes; et quand, à trois heures du matin, je rentrai dans ma chambrette, mon cœur bondissait de joie et d’amour, j’avais reçu ce que mon cœur désirait, JE L’AVAIS REÇU EN ME DÉPENSANT ET EN OBÉISSANT.


Voilà comment Dieu donne ses dons et nous apprend nos sermons pour le champ de bataille. Depuis lors, ce don s’est renouvelé souvent, mais CE N’EST QUE DANS LA FIDÉLITÉ ET L’ACTION QUE DIEU ME L’A CONSERVÉ.


Le monde meurt, faute d’âmes violentes et consacrées.

Levez-vous!

Que faites-vous de vos dons?

Oh! employez-les pour Dieu et le salut des pauvres perdus.

Une heureuse écolière du Sauveur,

L. E. Huguenin.

En avant 1899 10 28



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