Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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À TOUS CEUX QUI AIMENT LA FRANCE


Aimez-vous la France? d’un amour pur, désintéressé, d’un amour vrai?

La rêvez-vous grande, belle, noble, généreuse?

Si oui, c’est à vous que je parle, à vous dont le cœur bat pour notre cher pays y qui êtes capable de vous réjouir de ses joies, mais aussi de souffrir de ses douleurs, à vous, qui que vous soyez, jeunes ou vieux, savants ou ignorants, chrétiens ou simplement hommes de cœur et de devoir, à vous tous compatriotes, j’aimerais crier: Unissons-nous dans un suprême effort, à l’œuvre, le besoin est urgent.

J’aimerais aller vers tous ceux qui s’occupent de la jeunesse et leur dire:


Regardez, de grâce, regardez. NE SENTEZ-VOUS PAS QUE CE COURANT D’INCRÉDULITÉ QUI CIRCULE PARMI LES JEUNES FLÉTRIT À JAMAIS NOTRE RACE, ronge le cœur et entraîne la ruine de tout.

Et je ne parle pas seulement de l’incrédulité religieuse, mais de cette espèce de scepticisme qui se raille de tout ce qui est sérieux, moral.

Je parle de CET ESPRIT IRRESPECTUEUX SI COMMUN AUX JEUNES, voire même aux enfants, qui traite tout à la légère, profane même ce qu’il y a de plus sacré.


Plus de respect pour rien: les parents, les vieillards, l'expérience de la vie, tout cela ne compte pas. L'AMUSEMENT, LE PLAISIR, CE QUI FAIT RIRE, DONNEZ-NOUS-EN; le reste est accueilli par un sourire sceptique qui vous glace.

Je sens mon cœur navré bien souvent. Vous tous, pères, mères et éducateurs de la jeunesse, le sentez-vous, en souffrez-vous? ou bien dites-vous comme ce monsieur avec qui je causais un jour sur les boulevards, qui se consolait en pensant que cette décadence était fatalement inévitable; et, à l’appui de son dire, il citait l’exemple des peuples antiques qui ont sombré dans la corruption après avoir atteint l’apogée de la civilisation.


Pouvez-vous penser sans frémir que ce serait là la France de demain?

Certes, je ne suis pas pessimiste, mais néanmoins je souffre dans mon âme de Française et je sens que ce qu’il faut à ma France bien-aimée, c’est une génération d’êtres bons et purs, grands par le cœur, assoiffés de vérité et d’idéal, des hommes de devoir et de conscience. La France sera la grande nation quand chaque Français sera cela.

Je suis fîère de ses progrès dans les sciences, les arts, la civilisation sous toutes ses formes, mais qu’est-ce que cela si la racine de toutes forces vives est à jamais détruite.

Et du reste, ceux-là pourraient-ils exister sans celles-ci?

Pourquoi ce langage?

Est-ce que je désespère?

Non, au contraire. J’ai la foi pour la France, j’ai la foi pour Paris.


Plus je souffre, plus je vois le mal grand, plus je sens le besoin de croire et surtout d’agir, et c’est pourquoi je vous crie, de toute la force de mon être: à l'œuvre! à l'œuvre! Vous êtes la minorité, mais la minorité qui a la vie et qui doit engendrer la vie.

Ressaisissez-vous. Au nom de votre France bien-aimée, arrière la peur, l’indifférence! courons à la bataille d’un même cœur, d’une même âme, dans un même esprit d’amour et nous vaincrons!

Oui nous vaincrons. Le triomphe est assuré à qui lutte pour la vérité, la justice, le beau, le bien, le divin.


DIEU EST NOTRE CHEF.

LA VICTOIRE EST À NOUS.


Si les résultats sont lents, ils sont là néanmoins. Persévérons.


J’aimerais m’adresser en particulier aux chrétiens, salutistes ou non. J’aimerais leur demander: comprenez-vous votre devoir, votre privilège?

Oh! vous qui avez senti Dieu dans votre âme, qui savez ce que c’est qu’un cœur pur, débarrassé du péché, vous qui connaissez cette vie divine déversée dans une âme, c’est à vous qu’il appartient de rendre la France grande et belle.


PÈRES ET MÈRES DE FAMILLE, ÉLEVEZ VOS ENFANTS POUR DIEU.

Jeunes gens et jeunes filles qui sentez vibrer dans votre cœur un amour ardent pour le pur et le divin, entretenez avec soin cette flamme, mettez-là au service de Dieu en la mettant au service de vos frères et sœurs.

Penseurs, qui gémissez sur ce que vous appelez le mal du siècle, vous avez mieux à faire, agissez et, à l’imitation de ce penseur, nous pourrons dire: «Les jeunes gens sont bien heureux, car ils verront de grandes choses.»

Jetons donc les bases d’une France nouvelle, régénérée, sanctifiée.

Ce qu’il nous faut, pour voir «ces grandes choses», c’est insuffler dans les veines de chaque Français un courant de vie pure et sainte, de vie divine.


Dieu dans l’individu et rien moins que cela

nous donnera la France que nous rêvons.


Je crois pour une France comme celle-là!

M. M.

En avant 1899 10 28




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