Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

AU FRONT DU COMBAT

BELLE VISITE DANS L’ARlEGE


Douze heures de voyage dont 4 heures de diligence où nous étions serrés à ne pas pouvoir bouger.

Un Monsieur qui a vu l’Armée du Salut à Paris à côté du Moulin Rouge me pose plusieurs questions concernant notre œuvre. Il se dit incrédule, mais après lui avoir cité plusieurs cas de relèvement dûs à la seule puissance de Dieu, il s’écrie:

Il faudrait bien que vous puissiez convertir mon père!

et la mère de me dire aussitôt:

Oh! mademoiselle, si vous pouviez changer mon fils!

Tous les regards se portent vers moi, et tous semblaient plus intéressés les uns que les autres sur le sujet de la conversation. J’ai vu bien des signes approbateurs qui m’ont prouvé que cet entretien n’a pas été sans produire son effet.


J’arrive au Mas d’Azil où les chers Capitaines Campy et le brave lieutenant Viredaz me souhaitent une cordiale bienvenue. C’est une grande joie pour moi de voir ces camarades, et ensemble nous croyons pour une glorieuse semaine de salut. 


Le lendemain dimanche bonne réunion de sainteté, je trouve les soldats dans un très bon état spirituel qui me remplit de confiance pour le combat. L’après-midi tout un petit contingent nous accompagne à l’avant-poste.Je suis ravie de cette salle improvisée, — une grange —, mais bien remplie, plusieurs sont obligés d’écouter de la porte. Un véritable esprit de liberté règne. Je donne une petite part de la réunion aux deux candidats. Le soir au Mas-d’Azil bon auditoire, public nouveau, belle jeunesse que nous aimerions voir sauvée. Un jeune homme est là bien convaincu. Je crois qu’il cédera bientôt.


Lundi, de bonne heure, en route pour les Bordes. Une amie, qui se rend à la foire, nous prend dans sa voiture. Nous faisons un tour avec les journaux, invitant les gens pour la réunion du soir.

C’est bien petit, les Bordes: 7 à 800 habitants, mais il y a une belle salle.

Le Capitaine me dit que la jeunesse est aux vendanges; malgré cela, plus de 100 personnes à la réunion. Attention parfaite. Les yeux de plusieurs se remplissent de larmes, la lutte pour les âmes se prolonge; les deux qui devaient céder s’en vont profondément convaincues. L’une d’elle revient le lendemain chez les Officiers; nous saisissons l’occasion et luttons plus de deux heures; la résistance est grande, mais, à la fin, la victoire est gagnée.

Sitôt relevée de ses genoux, je lui demande d’aller chercher sa camarade de la veille. Elle est devant la porte, me dit-elle. En effet, je l’invite à venir, ce qu’elle fait aussitôt. Elle était si malheureuse, qu’elle n’a pu dormir presque de toute la nuit. Aussi, tout en larmes, cherche-t-elle le pardon et la délivrance. C’était si beau de voir l'âme qui venait d’être délivrée, prier et croire avec nous et, après 3 heures de lutte, nous bénissions Dieu pour ces deux cas.

Bientôt tout le village apprend leur conversion. Une dame me dit: «Ce sont les deux dernières qu’on aurait pensé, car c’étaient les deux boute-en-train du village.»

Le soir, réunion aux Bourrets, où notre dévoué Sergent et sa fidèle compagne nous recevaient de tout cœur. Nous avons été vraiment touchés de voir tant de dérangement. Comme j’en faisais la remarque, le sergent me répondit: C’est la première fois que nous avons la visite d’un Chef chez nous.

Je me demande d’où pouvaient bien venir les auteurs, car, à peine, aperçois-je quelques maisons; mais la grande cuisine du Sergent se remplit bien vite, ainsi que les escaliers. Quelques personnes, assises dans un char, écoutent sous les fenêtres. — Bonne réunion, nos deux nouveau-nés sont là témoignant par leur figure joyeuse du salut reçu.

Les Capitaines Campy font leurs adieux, c’est leur dernière soirée dans cet avant-poste.


Mercredi, à Maury de l’imprévu; la famille qui nous prête le local a reçu la visite d’un parisien à qui cela déplaît d’avoir l’Armée du Salut, et il a fait enlever l’affiche. Nous trouvons une place abritée et nous annonçons la réunion en plein air, les voisins apportent les bancs et on vient nous dire que le cafetier nous offre son atelier de charron. Sa femme malade désire assister à la réunion et ne peut rester dehors.

Un maréchal vient nous offrir son atelier, une autre sa chambre. Ce contretemps a l’avantage que plusieurs personnes qui ne seraient pas venues dans le local habituel sont là ce soir.

C’était si beau de voir un pauvre ivrogne à genoux et cette chère malade me dire en me prenant les mains: «Priez pour moi.» Nous croyons que cette soirée portera ses fruits.

Le lendemain une bonne réclame annonce une réunion au Mas-d'Azil. Dès 8 heures, la salle se remplit, l’esprit de Dieu est à l’œuvre. Nous luttons longtemps avec un jeune homme qui doit poser les armes. Les soldats sont bien persévérants à prier pour lui. Néanmoins, il quitte la salle ainsi, mais le candidat l’accompagne et là, dans l’escalier, je vois le jeune homme assis et le candidat à genoux devant lui, le suppliant de céder. Nous croyons pour le salut de cette âme.


Saverdun

Vendredi, debout dès 4 heures du matin, et nous nous mettons en route pour Saverdun. Le camarade C., nous conduit en voiture jusqu’à Pamiers. Quelque 4 heures de voiture. Le paysage est si beau que le temps passe vite. À midi nous arrivons, le brave capitaine Sylvain vient à notre rencontre. Nous nous trouvons en pleine foire et nous en profitons pour faire une sortie avec les journaux et pour la réclame. Tout Saverdun doit le savoir car le tambour de ville vient d’annoncer la réunion. Aussi la salle se remplit-elle vite, il reste bon nombre de personnes à la porte dans la rue et dans le corridor. En somme, attention soutenue.

Nous avons un bon petit moment avec les amis les poussant à la consécration et au travail. Ma prière en quittant l’Ariège est que Dieu bénisse ces contrées et sauve cette belle jeunesse.

J. Chapquand.

En avant 1899 10 07


 

Table des matières